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Clermont-Ferrand : la très tardive dédicace de la cathédrale des charbonniers

Cathédrale Notre-Dame de l'Assomption, Clermont-Ferrand

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Fabrice de Chanceuil - publié le 04/12/24
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Tout comme sa grande sœur parisienne, la cathédrale médiévale de Clermont a attendu très longtemps avant d’être consacrée dans les règles. En 1864 pour Notre-Dame de Paris, en 1924 pour Notre-Dame de Clermont, qui a célébré le 1er décembre 2024 le 100e anniversaire de sa dédicace.

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Au moment où la cathédrale Notre-Dame de Paris s'apprête à rouvrir solennellement ses portes après cinq années de travaux à bien des égards exemplaires, une autre cathédrale française vient de connaître également un événement exceptionnel. Ce 1er décembre 2024, Mgr François Kalist, archevêque du lieu, a célébré une messe pour fêter le centième anniversaire de la consécration, dite aussi dédicace, de la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption de Clermont-Ferrand survenue le 28 novembre 1924. On peut s'étonner de cette consécration tardive quand on sait que la pose de la première pierre de l'édifice avait eu lieu en 1248.

La cathédrale des charbonniers

Ce sont les travaux d'un prêtre érudit du diocèse qui, à la veille de la Première Guerre mondiale, ont établi que la cathédrale, dont la construction venait enfin de s'achever, n'avait jamais fait l'objet d'une consécration en règle. L’abbé lance alors un vibrant appel à l'évêque qui, ayant dû attendre la fin du conflit et le réchauffement des relations entre l’Église et l’État, procède enfin à la cérémonie le 28 novembre 1924.

C'est donc en 1248 que l'évêque Hugues de La Tour décide de lancer le chantier d'une nouvelle cathédrale gothique afin de remplacer une cathédrale romane qui, elle-même, avait succédé à deux sanctuaires chrétiens. L'évêque souhaite que le nouvel édifice s'inspire de la Sainte-Chapelle qui l'a émerveillé lors d'un passage à Paris. Le chantier est confié à l'architecte Jean Deschamps à qui l'on doit déjà les cathédrales de Narbonne et de Limoges et en s'inspirant des cathédrales de Beauvais et Amiens. Sa particularité ? Elle est le premier exemple d'utilisation en architecture de la pierre volcanique de Volvic. De couleur noire, elle a été qualifiée par les frères Goncourt de "cathédrale des charbonniers".

Les derniers vitraux

Les travaux du chœur effectués par le premier architecte ont suffisamment avancé pour que le roi saint Louis vienne à Clermont marier son fils, le futur Philippe le Hardi, avec Isabelle d'Aragon en 1262. La suite des travaux prit plus de temps et les trois nefs sont achevées en 1355 par l'architecte Pierre Juglar de Cébazat. En 1490, un tremblement de terre ébranle l'édifice et laisse une lézarde au-dessus du portail Sud encore visible aujourd'hui. C'est au siècle suivant que sont posés les derniers vitraux considérés aujourd'hui comme le plus bel ensemble médiéval après ceux de la Sainte-Chapelle, de Chartres et de Bourges.

Il faut finalement attendre le XIXe siècle pour que la cathédrale de Clermont soit enfin terminée. Classée monument historique en 1862 à l'issue du passage de l'empereur Napoléon III dans la préfecture du Puy-de-Dôme, elle peut enfin bénéficier des crédits nécessaires à son achèvement. Comme pour la cathédrale de Paris, les travaux sont confiés à Eugène Viollet-le-Duc qui établit les plans qui seront exécutés par son élève Anatole de Baudot. En 1884, la façade occidentale avec ses flèches ainsi que la dernière travée de la nef sont achevées dans le respect complet des méthodes de construction du Moyen Âge. Seules restait l'emmarchement de l'entrée principale qui sera réalisé au début du XXe siècle, malheureusement au prix de la destruction de la maison natale de Blaise Pascal.

Une cérémonie de quatre heures

Finalement, la construction de la cathédrale de Clermont ressemble, dans sa durée, à celle de son homologue parisienne. Pour autant, la consécration de la cathédrale Notre-Dame de Paris avait eu lieu dès le 31 mai 1864. Soixante ans plus tard survint donc celle de la cathédrale de Clermont dédiée à Notre-Dame de l'Assomption. La cérémonie, présidée par Mgr Marnas, dura plus de quatre heures avec multiples aspersions, encensements et onction d'huile sainte. L'évêque monte même sur une échelle pour bénir, selon le rituel, les douze étoiles peintes sur chacun des piliers. La cérémonie s'achève par la célébration de la messe sur le maître-autel réalisé par Viollet-le-Duc. Auparavant, l'évêque y a tracé cinq croix, au milieu et aux quatre angles de la table, rappelant le nombre des plaies du Christ. Respectant la tradition, l'autel renferme les reliques de plusieurs saints, en particulier saint Austremoine, patron de l'Auvergne, ainsi que saint Vital et saint Agricol, premiers dédicataires de la cathédrale.

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Maître-autel de la cathédrale de Clermont-Ferrand

Ainsi consacrée, la cathédrale de Clermont, bâtiment de pierre, se voit désormais comme tout chrétien, pierre vivante et temple de Dieu, consacré par le baptême.

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