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"Promos à -75%", "Notre sélection de bons plans", "Conseils pour dénicher les meilleures affaires"… Les enseignes s’en donnent à cœur joie à l’approche du "Black Friday" qui tombe cette année le 29 novembre. Dans une société où les injonctions à consommer abondent, où le superflu côtoie l’essentiel, la magnificence pourrait bien s’avérer être une boussole précieuse. Issue de la tradition philosophique d’Aristote et adoptée par la théologie chrétienne, cette vertu oubliée, souvent mal comprise, invite à dépenser avec sagesse et grandeur, pour un bien supérieur.
Du latin magnificentia, qui signifie littéralement "faire de grandes choses", la magnificence désigne pour Aristote une vertu liée à l’usage de la richesse. Elle ne consiste pas en une simple générosité mais en une gestion noble et réfléchie des moyens matériels au service de projets d’envergure, destinés à contribuer au bien commun. Saint Thomas d’Aquin, dans sa Somme théologique, enrichit cette définition en la liant à la finalité chrétienne : dépenser avec grandeur, non par vanité, mais par amour de Dieu et de son prochain. La magnificence exige ainsi une intention droite et une lucidité dans l’emploi des ressources. Elle est selon lui une vertu morale liée à la vertu de force (fortitudo) et comme une extension de la vertu de générosité (liberalitas). Contrairement à l’ostentation, qui cherche à éblouir pour flatter l’égo, la magnificence s’oriente vers une beauté transcendante et durable, que ce soit dans des œuvres caritatives, la construction d’églises, ou des initiatives culturelles. Elle nécessite un équilibre entre ambition et humilité, entre abondance et discernement, entre grandeur et simplicité.
Une invitation à la beauté et au don
L’histoire chrétienne regorge d’ailleurs d’exemples de magnificence. Saint Louis, roi de France, a dépensé sa richesse pour bâtir la Sainte-Chapelle, non pas par vanité, mais pour offrir un lieu d’une beauté inégalée à la gloire de Dieu. Aujourd’hui certains philanthropes, loin de rechercher la célébrité, mettent leur fortune au service de leur foi, de l’éducation, de la culture ou encore de la protection de la planète. Ces modèles viennent rappeler que la magnificence s’épanouit dans la recherche du bien commun et la quête d’une beauté qui élève. Elle invite à voir les ressources non comme une fin en soi, mais comme un moyen de faire rayonner la justice, la foi et l’espérance dans le monde.
Mais comment intégrer concrètement la magnificence dans notre quotidien ? Voici trois questions que chacun peut se poser avant toute dépense. Ce projet reflète-t-il une intention noble ? Son impact dépasse-t-il ma satisfaction personnelle ? Est-il réalisé avec sobriété et dans le respect des autres ? Dans nos sociétés contemporaines où la consommation est souvent dictée par l’impulsion ou les tendances, la magnificence est une invitation à réévaluer ses priorités. Et offre une alternative : celle de dépenser non pas pour impressionner, mais pour construire.