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Le programme sur l’éducation à la vie affective et sexuelle qui doit être présenté le 5 décembre au Conseil Supérieur des Programmes (CSP) laisse craindre, pour certains, le pire. À l’occasion d’une question au gouvernement ce 27 novembre, le sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques, Max Brisson, a interpellé le ministre chargé de la réussite scolaire et l’enseignement professionnel, Alexandre Portier. "Assurez-vous que le contenu de chaque cycle sera adapté à l’âge des élèves, que les références à l’identité de genre seront retirées ? Assurez-vous le Sénat que toute trace de wokisme en sera expurgée ?", a-t-il lancé pour interpeller le ministre.
Défendant l’utilité du programme en estimant que l’on vit "une époque qui nous interdit d’être spectateurs face aux violences sexuelles", Alexandre Portier a insisté sur l’importance selon lui de proposer une éducation sur le sujet afin d’empêcher la prolifération d’images à caractère pornographiques dans les cours de récréation. Une loi de 2001 impose d’ailleurs l’organisation d’au moins trois séances d’éducation à la vie sexuelle et affective. Mais elle est jugée insuffisante, d’où ce nouveau programme. Le ministre a déclaré que "ce programme en l’état n’est pas acceptable" et il s’est engagé "personnellement pour que la théorie du genre ne trouve pas sa place dans nos écoles".
Pour mémoire, invitée sur Europe1 et CNews le 19 novembre, Anne Genetet a assuré que le nouveau programme serait "très progressif" et "très séquencé", et qu'il enseignerait "des choses simples". "On est vraiment sur la vie relationnelle, le consentement, le respect d'autrui, la lutte contre les violences faites aux femmes, l'égalité filles-garçons, des choses fondamentales de base qui ne sont pas toujours enseignées en famille", a-t-elle ajouté. "Il apprend des choses simples : c'est quoi une fille, c'est quoi un garçon" ainsi que "le respect les uns des autres". Chez les plus jeunes, le programme prévoit entre autres, selon la ministre, de "travailler sur les émotions, reconnaître les émotions sur un visage, savoir lire un visage, construire après le respect d'autrui".
Influencé par les lobbies ?
Si le programme réunit effectivement des objectifs consensuels, tels que la lutte contre la pornographie, l'apprentissage de l’intimité, de la pudeur et du respect mutuel ainsi que la découverte du corps et des émotions, d'autres aspects laissent néanmoins perplexe. À commencer par une éducation à la sexualité dès le CM1, soit à l’âge de 9-10 ans. En outre, le projet fait la part belle à la lutte contre les stéréotypes de genre et à "toutes les discriminations de sexe, de genre, d'orientation sexuelle". Ainsi, dès la maternelle, il est demandé de "vivre l’égalité entre les filles et les garçons et la liberté d’être soi-même". En CP, une activité recommandée consiste à "repérer les stéréotypes dans les catalogues de jouets, le choix des couleurs dans les emballages de jeux et de jouets, etc." En classe de 5e, le programme prévoit, comme "objet d’étude", de "développer librement sa personnalité", c’est-à-dire de "savoir s’affirmer sans se sentir obligé ou contraint". Pour cela, les élèves de 5e seront amenés à savoir "différencier sexe, genre, préférence et orientation sexuelles".
Et encore il s’agit là de la première version du programme élaborée par le CSP et publiée en mars. Mais depuis, le texte a suivi le processus habituel et a transité par la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO). Selon certains médias et associations, le texte aurait été amendé sous l’influence de différents syndicats d’enseignants et associations militantes pour les droits LGBT. Famille chrétienne et le JDD relèvent notamment la lenteur inhabituelle de son passage à la Direction générale de l’enseignement scolaire, qui traduirait les nombreuses tensions qui ont agité les débats. Le Syndicat de la Famille dénonce quant à lui le remaniement du texte : "Visiblement sous l’influence du militantisme woke, la DGESCO a revu le projet initial du Conseil supérieur des programme. Son contenu idéologique est inapproprié pour des enfants, en particulier pour les classes de maternelle et primaire." Remise en cause des sexes, transidentité, pratiques sexuelles diverses et variées… Pour Ludovine de La Rochère, sa présidente, le programme d’éducation à la sexualité illustre l’emprise d’adultes militants sur les plus jeunes : "Il ne s’agit pas de sonder les intentions, mais de constater que le résultat est clairement inadapté pour les enfants et les adolescents".