Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi le vôtre.
*don déductible de l'impôt sur le revenu
Il est des rendez-vous qui ne devraient pas avoir lieu. Celui du rapport annuel sur la pauvreté en France du Secours catholique en fait partie. Publié ce 14 novembre il dresse un accablant panorama de l’état de la pauvreté dans le pays. Certaines tendances se confirment comme la féminisation de la pauvreté (près de 57% de femmes), des familles monoparentales particulièrement vulnérables (près de 30%) ou encore une hausse des personnes inaptes au travail pour raison de santé (+ 5 points en dix ans). Mais cette année, c’est surtout les demandes de prestation qui sont au cœur du sujet. "La solidarité qu’est la protection sociale s’étiole et s’éloigne : l’accès aux prestations sociales est de plus en plus difficile", déplore auprès d’Aleteia Daniel Verger, responsable de l’accès au travail et aux prestations sociales au Secours Catholique-Caritas France. "C’est un vrai parcours du combattant d’y accéder et de les conserver !"
En France, la protection sociale permet aux individus de faire face à un large spectre d’événements de la vie, appelés risques sociaux. Parmi les ménages rencontrés par le Secours Catholique en 2023, 60% évoquent ces accidents de la vie(séparation, déménagement, maladie, perte d’emploi …) pour décrire les circonstances de leur venue. Mais les prestations sociales destinées à couvrir le risque pauvreté-exclusion sociale (RSA, prime d’activité et autres minima sociaux) représentent moins de 4% des dépenses de protection sociale, loin derrière les prestations sociales couvrant les risques liés à la vieillesse (44%) et à la santé (37%). "Et elles baissent d’année en année", reprend Daniel Verger.
Hausse du taux de non-recours
"Les personnes que nous accompagnons confient régulièrement la difficulté d’avoir quelqu’un à qui parler, un humain qui accompagne dans les démarches", détaille-t-il. "La dématérialisation des démarches contribuent à une hausse de la pauvreté." Un bon indicateur, illustre le responsable, est le taux de non-recours. Celui du RSA est ainsi de 36%, en hausse de 10 points par rapport à 2010. "Qu'il soit le produit d’un renoncement, d’une peur d’être stigmatisé, d’un manque de connaissance ou de difficultés d’accès aux démarches, le non-recours aux prestations sociales n’est autre que la résultante de l’éloignement de la solidarité, produite par l’administration elle-même", détaille le rapport.
"Quand on se retrouve devant son formulaire à remplir et qu’on a eu de nombreux accidents de la vie… C’est très compliqué à expliquer, tout n’est pas lisse et n’entre pas dans des cases déjà définies", poursuit Daniel Verger. "66% des personnes que nous recevons ont eu un accident de la vie récent et ont du mal à le faire valoir clairement dans les demandes dématérialisées." "Notre inquiétude aujourd’hui est de voir qu’une partie de la population en situation de pauvreté ayant droit à la protection sociale mais n’entreprenant pas les démarches s’enfonce dans la pauvreté en silence." Et Daniel Verger de poursuivre : "Ces personnes sortent du radar de nos associations et s’habituent chaque année un peu plus à la misère jusqu’à une phase de non-retour."