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La célébration du soixantième anniversaire de la restauration du diaconat permanent dans l’Église fait peut parler. Les diacres sont 3.250 en France, et autour de 50.000 dans le monde entier, dont 90% exercent leur ministère sur les continents américain et européen. Le dernier concile a remis au grand jour cette mission qui s’enracine dans l’histoire antique de l’Église, dès les Actes des Apôtres. Des trois termes, évêque, prêtre et diacre, ce dernier est le seul qui trouve une source scripturaire aussi certaine puisqu’il est cité explicitement par Paul dans la première lettre à Timothée (3, 6-10).
Au service de la mission
Il n’est pas anodin que Vatican II soit le premier concile à se définir comme pastoral, et donc à réfléchir la place de l’Église dans le monde, et qu’il ressuscite du même coup le ministère du service puisque c’est bien cela que le mot diakonos signifie. De quel service s’agit-il ? L’appel des premiers diacres dans le livre des Actes évoque la nécessité de suppléer aux apôtres : ce que nous ne pouvons plus faire, ou ce que nous ne savons pas faire, demandons à d’autres de l’exécuter ! Il s’agirait en quelque sorte d’une délégation d’une partie de la mission apostolique à des personnes appelées selon des critères de piété et de moralité de bon sens. Et ce n’est pas la moindre des choses : accepter de rester immergé dans l’humanité telle qu’elle est, surtout ne pas s’en extraire, au milieu de ses faims, de ses attentes, de ses désirs.
Pendant des siècles, l’organisation sociale en Occident, et dans le monde influencé par lui, fut profondément façonnée par le christianisme : les paroisses en formaient les circonscriptions administratives, l’éducation, les soins, l’ordre étaient, pour une bonne part, délégués à des religieux, des théologiens, etc. Tout cela a été bouleversé depuis un peu plus de deux siècles. On peut le regretter ou s’en réjouir, le constat est assez évident. Dans cette "babelisation" de notre monde, le diaconat est l’image d’une Église qui cherche à "aller vers", renonçant à une posture de gestion pour une dynamique de mission. "Aller vers" non pas en imposant sa langue à celles des hommes mais en cherchant à évangéliser les dialectes, à infuser humblement par une parole qui communie au geste du Maître qui se fait serviteur aux pieds de ses disciples.
Le diacre manifeste un changement radical de l’Église dans son rapport au monde. Il en est, malgré lui, le prophète : dans un monde de plus en plus ignorant de l’Évangile, il lui donne un visage fraternel.
Le diacre ne peut pas être un sous-prêtre ou un super-laïc, pas plus qu’il n’est une assistante sociale ou un enfant de chœur en chef. Il est celui qui se sent appelé à "être avec", au cœur du monde, une humanité dont il ne veut en aucun cas se détacher mais où il cherche à porter la Lumière. Il n’est pas le suppléant du curé auprès des paroissiens, pas plus qu’il n’est le délégué syndical de ces derniers auprès de leur pasteur. Il manifeste un changement radical de l’Église dans son rapport au monde. Il en est, malgré lui, le prophète : dans un monde de plus en plus ignorant de l’Évangile, il lui donne un visage fraternel et rappelle, sans orgueil et sans crainte, sa mission à chacun. Aux prêtres comme aux laïcs, que le baptême est le lieu d’une commune consécration, que la hiérarchie catholique n’est légitime et cohérente que si elle se vit comme service et don de sa vie pour ses frères, et que l’Église n’a pas pour vocation à diriger le monde, mais y accomplir l’amour fou dont Dieu aime.
Le concile a lancé un appel. Les conférences épiscopales tentent de lui donner des cadres. Ce n’est pas si simple d’accepter que le diaconat ne soit pas qu’un "service" parmi d’autres mais de reconnaître qu’il porte en germes l’annonce d’une transfiguration de l’Église qu’il n’appartient pas de définir à l’avance mais dont nous devons discerner les signes. Pour cela il nous faut écouter les diacres parler de leurs vies, de leurs joies et de leurs inquiétudes. Et inviter des hommes à ne pas avoir peur de voir ainsi consacrer leur vie familiale, professionnelle, sociale, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.