Le cardinal Pietro Parolin, ‘numéro 2’ du Saint-Siège, a réagi à la victoire de Donald Trump, en marge d’un événement organisé à l’université Grégorienne de Rome sur l'intelligence artificielle : "Je crois qu’il doit surtout travailler à être le président de tout le pays, et donc dépasser la polarisation", a-t-il confié, alors que la campagne présidentielle américaine a manifesté de grandes tensions au sein de la société américaine. "Nous espérons qu’il pourra vraiment être un élément de détente et de pacification dans les conflits actuels qui ensanglantent le monde", a-t-il poursuivi.
La diplomatie vaticane est particulièrement inquiète de la situation au Moyen-Orient et en Ukraine, où le Saint-Siège s’est proposé en médiateur. "Il a dit qu’il mettrait fin aux guerres. Espérons, espérons. Bien sûr, même lui n’a pas de baguette magique", a-t-il ajouté devant les questions des journalistes. Sur le conflit en Ukraine, que Donald Trump a promis de régler en 24 heures, le chef de la diplomatie vaticane a confié qu’il était difficile de se prononcer tant les incertitudes sont grandes aujourd’hui. Donald Trump "n’a pas donné d’indications concrètes sur la manière dont cela se ferait. Voyons maintenant ce qu'il proposera après son entrée en fonction", a confié le cardinal italien, selon Vatican News.
Harris et Trump "contre la vie", selon le pape
Le pape François avait reçu Donald Trump au Vatican en mai 2017, six mois après la première élection du milliardaire à la Maison Blanche. La poignée de main avait été cordiale mais les désaccords entre les deux hommes étaient connus. Le pape avait fustigé durant la campagne de 2016 l’idée de Donald Trump d’ériger un mur entre les États-Unis et le Mexique et d’expulser des immigrés illégaux. "S'il dit ces choses, cet homme n’est pas chrétien", avait-t-il lâché dans un vol le ramenant d’un voyage au Mexique. Ce matin, le cardinal Parolin a confié que le Saint-Siège plaidait toujours pour une "politique sage envers les migrants et donc qui n’atteint pas ces extrêmes". D’autres dossiers séparent les deux dirigeants, comme la question écologique, un point d’attention essentiel du pape, auteur d'une encyclique à ce sujet, ou bien celle des relations avec l’islam. Le président Trump avait fait passer un décret surnommé le Muslim ban interdisant l’entrée de ressortissants de sept pays dont la population est majoritairement musulmane.
Sur le plan diplomatique, si le pape avait salué les rencontres historiques du président Trump et du leader nord-coréen Kim Jong-un en 2018 et 2019, la diplomatie vaticane avait fait savoir son mécontentement et son inquiétude après la décision de Donald Trump de transférer de Tel-Aviv à Jérusalem l'ambassade des États-Unis en Israël. Dans cette région du monde à feu et à sang après le massacre du 7 octobre 2023, le retour de Donald Trump a été salué par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu comme une "immense victoire".
Certains sujets rapprochent toutefois le pape et Donald Trump, comme leur opposition radicale à l’avortement. À ce propos, le cardinal Parolin a dit espérer que la défense de la vie dont se prévaut Donald Trump ne soit pas incarnée par une politique de "polarisation et de division" mais que le nouveau président puisse élargir le consensus. Interrogé en septembre dernier sur le dilemme des catholiques américains dans l'élection présidentielle, le pape François avait confié : "Tous deux sont contre la vie, que ce soit celui qui jette les migrants ou celui qui tue les enfants". La candidate démocrate a fait campagne notamment en faveur de l'élargissement du droit à l’avortement. Renvoyant dos à dos les candidats, le pape avait invité les Américains à voter en conscience mais sans se prononcer personnellement : "Qui est le moindre mal, cette dame ou ce monsieur ? Je ne sais pas".