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La procession dansante d’Echternach, un trésor spirituel et culturel

Dance de la procession

Procession dansante d'Echternach

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Valdemar de Vaux - publié le 06/11/24
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Le Luxembourg est peut-être le pays voisin de la France le moins connu dans l’Hexagone. Parmi ses richesses culturelles et spirituelles, une procession dansante pour honorer saint Willibrord, patron du Grand-Duché fêté le 7 novembre et inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco.

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L’empereur autrichien Joseph II et les révolutionnaires français au XVIIIe siècle puis le IIIe Reich au XXe ont bien tenté de la supprimer. Elle est aujourd’hui inscrite… au patrimoine culturel mondial de l’Unesco. Plus précisément au patrimoine immatériel. En effet, c’est d’une procession pas tout à fait comme les autres dont il est question, puisqu’elle a la particularité de se faire… en dansant ! Chaque année, le mardi après la Pentecôte, les rues de la ville d’Echternach bruissent ainsi de ce défilé aux allures de kermesse ambulante.

La procession dansante d’Echternach, qui attire de nombreux touristes et Luxembourgeois est pourtant religieuse. Sa destination ? La basilique de cette ville de l’extrême nord-est du Grand-Duché, à la frontière avec l’Allemagne, dans laquelle se trouve le tombeau de saint Willibrord. Peu connu en France, le fondateur du diocèse d’Utrecht (Pays-Bas) en 695 est aujourd’hui le saint patron du Luxembourg, fêté le 7 novembre. Évangélisateur des Frisons au tournant du VIIe et VIIIe siècle, l’évêque est aussi connu pour avoir cofondé l’abbaye d’Echternach où il mourut en 739. Le sanctuaire, où Pépin le Bref fut baptisé en 714, bénéficie ensuite des libéralités carolingiennes et devient fort prospère. Mais, surtout, les fidèles affluent pour se recueillir devant les reliques d’un saint dont la vie et les miracles ont été vantés par Alcuin, proche collaborateur et chroniqueur de Charlemagne.

Un "grand trémoussement"

De ce culte pour Willibrord naît la procession, dont la première trace remonte au XIe siècle. Pour rendre gloire à Dieu qui a donné à son peuple un tel modèle de vie évangélique, les fidèles sont invités à faire un magno tripudio, c’est-à-dire un “grand trémoussement”. D’autres sources plus tardives évoquent des cortèges venus des terres alentour pour payer la dîme. En 1604, une représentation picturale montre pour la première fois la procession littéralement “sautante”, même si l’origine de cette danse n’est pas établie. Peut-être Willibrord guérissait-il les épileptiques, ce que rappelleraient les “convulsions” de la procession et expliquerait qu’on le prie aujourd’hui pour les enfants atteints de ce mal.

La danse n’a jamais été codifiée, mais elle est enseignée aux enfants d’Echternach : il s’agit de deux pas en avant puis un en arrière. Les participants, autour de 10.000 généralement, sont en ligne, par cinq, liés les uns aux autres par des mouchoirs blancs et habillés sombrement en bas et en blanc en haut. Ils processionnent pendant le kilomètre du parcours au son de chants traditionnels joués par des groupes de musique locaux entre les groupes de pèlerins.

Procession dansante d'Echternach
Procession dansante d'Echternach

Pas seulement folklorique

Contrairement aux apparences, la procession dansante d’Echternach n’est pas qu’une manifestation folklorique. La veille, le lundi de la Pentecôte, la fête est introduite par une célébration avec prédication et salut du Saint-Sacrement. Le jour-J, l’archevêque d’Utrecht et successeur de Willibrord préside une messe pontificale à la basilique. L’archevêque de Luxembourg, quant à lui, exhorte les pèlerins, occasion de leur partager la devise du saint fondateur : In Dei nomine feliciter (Rendu heureux par le Nom de Dieu). Occasion, aussi, de rappeler que l’on prie le Seigneur avec tout son être, âme, esprit et corps. Pour ce qui est de la procession elle-même, elle débute par les litanies de saint Willibrord et s'achève par la vénération de ses reliques et la bénédiction d’un abbé bénédictin en souvenir de l’œuvre monastique de l’évangélisateur des Frisons.

Certes, tous les participants ne sont pas croyants, mais leur attachement est souvent plus que folklorique. En témoigne le souci de certains de venir honorer Willibrord à pied, par exemple de Waxweiler, en Allemagne, d’où tout un groupe part à l’aube avant de parcourir 40 km. Tout au long de l’année, les fidèles se succèdent d’ailleurs dans la basilique pour prier le premier évêque d’Utrecht, et en particulier autour du 7 novembre, date de sa fête liturgique. Un autre grand moment de pèlerinage à Echternach qui prend alors la forme d’une octave durant laquelle tous les doyennés du diocèse de Luxembourg organisent une messe et vénèrent le saint patron du Grand-Duché.

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