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[HOMÉLIE] Ne renonçons pas à crier vers Dieu

les deux aveugles à Jéricho

Les deux aveugles à Jéricho, par James Tissot (1836-1902).

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Charles Mallard - publié le 26/10/24
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Vicaire général du diocèse de Fréjus-Toulon, le père Charles Mallard commente les lectures du 30e dimanche du temps ordinaire. Il y a beaucoup de raisons de renoncer à crier vers Dieu, mais la vie spirituelle commence toujours par un appel au secours. Comme l’aveugle Bartimée, ne renonçons pas à crier vers le Seigneur.

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"Il était une fois un aveugle qui mendiait sur le bord du chemin. " L’histoire racontée par l’évangile de ce dimanche est belle, elle est d’autant plus belle qu’elle a été vécue. Mais elle est aussi belle parce qu’elle est comme une parabole, ce n’est pas seulement l’histoire de Bartimée, c’est l’histoire de chacun de nous à laquelle nous invite la messe. L’histoire commence par un cri : "Fils de David, Jésus, prends pitié de moi !" (Mc 10, 48.) Ce cri, nous le connaissons, parce que nous le disons, nous aussi ; nous le disons à la messe en priant Kyrie eleison, "Seigneur prends pitié". Ce n’est pas un cri académique, ce n’est pas un cri anodin. C’est un cri de désespoir.

"Pitié", c’est le cri de celui qui n’en peut plus, de celui qui est submergé par la souffrance, celle qui lui est imposée, mais aussi parfois celle qu’il s’impose par le péché. Paradoxalement, l’action de grâce commence par une imploration, c’est le mouvement auquel invite le prophète Jérémie : "Soyez dans la joie et criez : 'Seigneur, sauve ton peuple'" (cf. Jr 31, 7). La vie spirituelle commence par un appel au secours. 

Il faut, comme Bartimée, arriver à un tel point que rien ne peut nous faire taire, qu’au contraire, toutes les contrariétés nous incitent à crier de plus bel vers le Seigneur.

Mais cela ne va pas de soi. Lorsque Bartimée crie, il y a beaucoup de gens pour le rabrouer et le faire taire. Et il y a beaucoup de passions en nous pour étouffer notre appel à Dieu. Il y a beaucoup de raisons pour renoncer à crier vers Dieu. Cela peut être notre orgueil, qui refuse de reconnaître que nous avons besoin du Seigneur, ou bien le désespoir qui croit inutile d’essayer de s’en sortir, ou encore le respect du Seigneur qui incite à ne pas l’ennuyer avec nos affaires… Mais il faut persévérer. Il faut, comme Bartimée, arriver à un tel point que rien ne peut nous faire taire, qu’au contraire, toutes les contrariétés nous incitent à crier de plus bel vers le Seigneur. Il faut que les difficultés augmentent notre appel au lieu de l’affaiblir.

Alors Jésus s’arrête, et c’est lui qui appelle. C’est le temps où la Parole de Dieu retentit et nous appelle. Voilà pourquoi la messe continue par la liturgie de la Parole, pour que nous puissions entendre l’appel du Seigneur… et surtout pour y répondre, même si, comme pour Bartimée, cela doit nous dépouiller. Pour répondre généreusement au Christ, il faut accepter de jeter son manteau, renoncer à ce qui nous protège. Aller vers le Seigneur oblige à laisser des choses qui paraissaient essentielle, pour avancer. Il y a tant de manteaux, intellectuels ou non, que nous devons jeter en entendant la Parole, pour courir vers Jésus.

La rencontre et la mission

C’est alors le temps de la rencontre. Le temps où l’on expose nos attentes, où, dans la contemplation, nous pouvons présenter au Seigneur nos intentions, et pas seulement les nôtres. Toutes nos prières universelles sont un écho de la prière de l’aveugle sur le chemin de Jéricho : " Rabbouni, que je retrouve la vue " (Mc 10, 51) avec d’autres mots, elles déclinent " Seigneur fais qu’ils voient ton amour ", " Seigneur fais que le monde voie ta présence ". Alors Jésus nous révèle la vérité sur nous même : " Ta foi t’a sauvé " (Mc 10, 52). Devant Jésus resplendit la vérité de notre foi. De même que devant l’eucharistie, au cœur de la communion, la question de la foi devient inéluctable. Le corps du Christ nous révèle à nous-mêmes : en recevant le Seigneur, nous nous donnons, nous nous dévoilons… 

Elle est belle l’histoire de Bartimée, parce que c’est notre histoire, parce que c’est l’histoire de ce moment que nous vivons. C’est l’histoire d’une foi qui accepte de ne pas s’endormir mais de crier vers Dieu.

Alors, si nous sommes vrais, si notre foi resplendit, nous sommes prêts à suivre Jésus sur la route de notre vie. Et pas seulement dans la bénédiction ou l’action de grâce, mais dans toute notre vie. Car l’histoire ouvre une autre histoire, c’est le temps de la mission. Ne parlons pas de " messe " sans penser à la mission.

Une foi qui accepte de ne pas s’endormir

Oui, elle est belle l’histoire de Bartimée, parce que c’est notre histoire, parce que c’est l’histoire de ce moment que nous vivons. C’est l’histoire d’une foi qui accepte de ne pas s’endormir mais de crier vers Dieu, d’une foi qui ne se blottit pas dans le manteau du confort, mais qui cherche à voir toujours plus, non seulement le monde mais Dieu lui-même, pour le suivre sur le chemin.

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs, qu’elle guide notre prière. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous fasse entendre l’appel du Seigneur. Mère du Bel Amour, qu’elle nous accompagne sur le chemin à la suite du Christ, pour que nous puissions demeurer en lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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