L’encyclique Dilexit nos consacrée à la spiritualité du Sacré-Cœur publiée par le pape François ce 24 octobre est déjà largement commentée. Résumé de l’esprit de son pontificat, réponse à la déchristianisation de la société… Les spéculations vont bon train… et ne sont pas toutes infondées. L’encyclique est un document officiel adressé par le Pape aux fidèles et "qui a le plus souvent valeur d’enseignement et peut rappeler la doctrine de l’Église à propos d’un problème d’actualité", précise l’Église catholique. Ce type de texte laisse au Pape une grande latitude pour aborder des sujets extrêmement variés.
Nombre d’encycliques ont ainsi été l’occasion pour les papes de fustiger les erreurs de leur temps. Dans Inscrutabili divinae sapientiae, en 1775, Pie VI a déploré les progrès de l’athéisme et les idées du siècle des Lumières. Dans Ubi primum, en 1824, Léon XII a condamné les erreurs modernes, essentiellement l’indifférence à l’égard du catholicisme. L’une des encycliques de ce genre, la plus célèbre, reste Quanta cura, publiée par Pie IX en 1864 pour désavouer l’évolution du monde moderne. Cette publication était accompagnée d’un Syllabus, une liste de 80 erreurs contemporaines concernant la doctrine catholique. Elle soulignait, entre autres, qu’affirmer que "le pontife romain peut et doit se réconcilier et transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne", était une erreur. En 1884, dans Humanum genus, Léon XIII a condamné pour sa part la franc-maçonnerie et les sociétés secrètes. Quant à Pie X, en 1907, il a réprouvé le modernisme dans Pascendi dominici gregis. Dans Humanae vitae, en 1968, Paul VI abordait le mariage et la régulation des naissances en réaffirmant la condamnation de la contraception artificielle.
Des encycliques politiques
Parmi les encycliques politiques, on peut énumérer Respicientes ea omnia de Pie IX, en 1870, condamnant l’entrée dans Rome des troupes italiennes et la fin du pouvoir temporel des papes. Pie X, lui, est l’auteur en 1906 de Vehementer nos, condamnant la loi française de séparation des Églises et de l’État votée en 1905. En ce début de XXe siècle, on trouve aussi Ad beatissimi apostolorum principis de Benoît XV, en 1914, sur la paix et à la charité chrétienne face aux horreurs et aux misères de la Première Guerre mondiale puis la condamnation du paganisme et du racisme nazi par Pie XI, en 1937, dans Mit brennender sorge. Pie XII, dans son encyclique Summi pontificatus de 1939, propose une théorie chrétienne de la paix au début de la Seconde Guerre mondiale.
François, lui, s’est confronté dans ses précédentes encycliques à des réalités de société loin de faire l’unanimité. Avec Laudato si, en 2015, il a été l’un des premiers à s’emparer du thème de l’écologie, plus précisément de l’écologie intégrale. Quelques années plus tard, en 2020, c’est à la fraternité qu’il a choisi de consacrer son encyclique Fratelli tutti (Tous frères). Un sujet qui n’a pas manqué de faire réagir dans des sociétés marquées par une montée de l’individualisme et une hausse des inégalités.