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En Inde, les chrétiens “témoignent de l’Espérance” malgré les persécutions

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Photo d'illustration. Une messe en Inde.

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Agnès Pinard Legry - publié le 22/10/24
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Dans son dernier rapport "Persécutés et oubliés" publié ce 22 octobre, l’Aide à l’Église en détresse (AED) souligne le douloureux quotidien des chrétiens en Inde. Un pays où les persécutions ne sont pas près de s’arrêter "tant que le système des castes demeure aussi présents", prévient le père Balthazar Castelino.

Avec plus de 1,4 milliard d’habitants, l’Inde se targue souvent d’être la plus grande démocratie du monde. Mais depuis quelques années, le pays dégringole dans les classements internationaux en matière de liberté. Et notamment pour la première d'entre elles, la liberté religieuse. Dans son dernier rapport "Persécutés et oubliés" publié ce 22 octobre, l’Aide à l’Église en détresse (AED) détaille ainsi les attaques régulières perpétrées en Inde contre les chrétiens. Pour la seule année 2023, l'organisme a recensé 720 attaques ou autres incidents de persécution contre des chrétiens dans 23 États. L’Uttar Pradesh, dans le nord du pays, détient le triste record avec au moins 287 incidents survenus. Selon plusieurs associations chrétiennes, le nombre total d’incidents violents a augmenté progressivement depuis 2014.

Et encore, il ne s’agit là que d’incidents déclarés ou médiatisés. Les brimades et vexations quotidiennes ne sont pas comptabilisées. Et 2024 ne s'annonce guère sous de bons auspices. Sur 161 incidents survenus entre janvier et mi-mars, 47 se sont produits dans le Chhattisgarh. Dans cet État situé au centre du pays, les chrétiens se sont entre autres vus refuser l’accès à l’eau d’un puits de forage du village, un enterrement chrétien, on les a agressés physiquement et certains ont été chassés de leurs maisons ou ces dernières ont été vandalisées.

Des chiffres inquiétants qui s’expliquent, d’après le père Balthazar Castelino par l’histoire même de l’Inde. Originaire du sud-ouest de l’Inde, de l’État du Karnataka exactement, il voit dans le système des castes qui existe depuis au moins 3.000 ans, une explication historique à ces persécutions. Contrairement à une idée répandue, les castes n’ont pas été abolies en Inde à l’exception officiellement de "l'intouchabilité". Mais la Constitution a interdit toute discrimination fondée sur la religion, la race, la caste, le sexe ou le lieu de naissance. "Les missionnaires sont arrivées pour libérer les gens de ces castes par l’accès à l’éducation pour tous, des soins de santé proposés à tous sans distinction etc.", détaille-t-il. "Alors quand le gouvernement a vu ça, il a choisi la meilleure solution pour éviter un effondrement du système : chasser les missionnaires et mettre au maximum des bâtons dans les roues de l’Église."

Les lois anti-conversion

Les lois anti-conversion constituent un autre levier employé par le gouvernement indien pour persécuter les minorités religieuses dont les chrétiens. Adoptées par douze États, elles ont été utilisées comme prétexte pour faire pression sur les établissements chrétiens : des écoles et des orphelinats ont été fouillés et des prêtres et des sœurs ont été accusés de convertir des enfants. Entre la promulgation de lois anti-conversion de l’Uttar Pradesh en 2020 et en mai 2023, plus de 855 personnes ont été détenues dans cet État, précise l’AED dans son rapport. Pour mémoire, les chrétiens sont environ 28 millions dans le pays, soit près de 3% de la population.

Aujourd’hui âgé de 70 ans, le père Balthazar n’a néanmoins jamais douté de l’importance de l’Église dans le pays. De la naissance de sa vocation dès la petite enfance à aujourd’hui, il sait à quel point "les chrétiens témoignent de l’Espérance ". "Ils véhiculent l’Espérance et la répandent comme une trainée de poudre", assure-t-il. Dans son État de naissance, le Karnataka, qui compte une forte présence chrétienne, la loi anti-conversion a été abrogée en juin 2023. Le gouvernement précédent du Karnataka, qui était dirigé par le parti pro-hindou du BJP (le Bharatiya Janata Party, parti du Premier ministre Narendra Modi), avait voté cette loi en septembre 2022 malgré les fortes objections des partis de l’opposition et des minorités locales. Chassé du pouvoir dans l’État indien en mai 2023 par l’assemblée régionale, et remplacé par le parti du Congrès, ce dernier a abrogé la loi conformément à son engagement. "Dans l’État du Karnataka, les choses évoluent positivement", se réjouit-il. "Mais ce ne sera pas le cas dans tous les États, notamment ceux du nord du pays essentiellement hindous. En tout cas pas de mon vivant !" Mais "ce n’est pas grave", poursuit-il. "C’est pas à pas, jour après jour que les choses se font. L’Église en Inde est persécutée car elle répond à la violence par l’amour, à l’injustice par l’amour, aux persécutions par l’amour. Et à la fin c’est l’amour, celui dont le Christ nous enveloppe, qui gagne."

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