Mary Astor (1906-1987), actrice américaine charismatique et d’une grande beauté, est célèbre pour avoir joué dans de nombreux films, comme Le Faucon maltais (1941), L’insoumise (1936) ou encore Le Grand Mensonge (1941). Elle remporte d’ailleurs l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour son interprétation de Sandra Kovak. Pourtant, à 50 ans, l’actrice que les réalisateurs s’arrachent sombre dans l’alcoolisme. Que cherchait-elle à apaiser en buvant ainsi ?
Après avoir vécu dans l’Illinois, dans un appartement miteux au-dessus d’un saloon, la famille de Mary Astor (née Lucile) déménage à Chicago, puis à New York, cherchant à exploiter les talents de la jeune fille. En effet, alors que les rêves de richesse de son père échouent, celui-ci commence à faire pression sur sa fille, d’abord pour qu’elle devienne pianiste de concert, puis pour qu’elle commence une carrière d’actrice.
Sous contrat avec la Paramount
C’est à New York en 1920 que la jeune fille signe un contrat avec la Paramount Pictures et son nom de scène devient Mary Astor. On lui donne une nouvelle garde-robe, elle adopte une nouvelle coiffure, et avec sa famille, elle s’envole à Hollywood. Mary parcourt les États-Unis, tandis que son père gère sa carrière et empoche ses gains. Elle décide ensuite de quitter sa famille pour gérer sa vie seule, mais cette décision l’entraîne dans une série d’ennuis.Les premiers problèmes surviennent lorsqu’elle commence une liaison avec le légendaire acteur John Barrymore, marié et de 24 ans son aîné. Lorsque cette liaison prend fin en 1926, elle en a le cœur brisé. Peu après, elle trouve l’amour avec Ken Hawks, frère du réalisateur Howard Hawks. Ils forment un joli couple, très remarqué lors des tournois de golf et des premières des films, et ils se fiancent rapidement. Pourtant, peu après leur mariage, Ken perd la vie dans un accident d’avion lors du tournage de La fin d’un aventurier (1930). Comme si le choc de la perte n'était pas suffisant, Mary se retrouve également dans une situation financière désastreuse et tombe malade.
Une vie dissolue avant la découverte de Dieu
Un an plus tard, elle se marie avec son médecin, Franklyn Thorpe, de 12 ans son aîné, avec qui elle a une fille, Marylyn. Ce mariage, cependant, est marqué par des conflits constants et se termine par un divorce houleux, qui l'entraîne au cœur d'une bataille judiciaire pour la garde de sa fille. De plus, des extraits de son journal sont modifiés et publiés dans la presse à son insu, révélant des détails sur ses relations avec des personnalités d'Hollywood, notamment une liaison extraconjugale très médiatisée avec un dramaturge. Bien que certaines de ces révélations soient inventées, elles alimentent les gros titres et ternissent sa réputation. Malgré ces épreuves, Mary continue à jouer dans des films et finit par obtenir la garde de sa fille, mettant fin à cette douloureuse affaire.
Âgé de 31 ans, Mary Astor se marie une quatrième fois avec Manuel del Campo, avec qui elle a un fils, Anthony. Mais leur mariage se détériore rapidement à cause de la dépendance à l'alcool de son époux, qui entraîne Mary dans ce même vice. La rencontre de Mary Astor avec la foi catholique commence lorsqu’elle décide de faire baptiser son fils Anthony. Sa curiosité pour la foi chrétienne la mène à rencontrer le père Augustin O'Dea, qui l’aide à comprendre que Dieu est un Père aimant. Cette idée apporte à Mary un profond réconfort, après sa vie si mouvementée et étalée dans la presse. Le prêtre lui explique aussi que la foi est un don qu’elle doit demander à Dieu.
La prière du rosaire
Mary se met à prier régulièrement, notamment le rosaire, puis sainte Thérèse de Lisieux. Dans son livre autobiographique My Story (1959), elle écrit que les paroles de la sainte carmélite "Jésus-Christ est Dieu" furent une révélation qui la fit tomber à genoux en prière. "Si le Christ était Dieu et vivait sur cette terre, alors tout pourrait arriver. Même ma vie embrouillée pouvait être dénouée." L’année 1941 fut, selon ses mots, "mon année". Cette année-là, elle se convertit officiellement au catholicisme, consolide sa réputation d’actrice grâce à son interprétation dans Le Grand Mensonge et dans Le Faucon maltais, et commence à participer à la série radio, The Hollywood Showcase, mettant en scène des acteurs célèbres d’Hollywood dans des adaptations théâtrales.
S’appuyer sur la force de la foi
Cependant, la vie de Mary ne reste pas exempte de difficultés après sa conversion. Son dernier mariage avec un homme d’affaires sans succès échoue, et en 1951, elle manque de mourir d'une overdose accidentelle d’alcool et de somnifères. Le père Augustin O'Dea la sauve de cette situation désespérée, en lui rappelant que la foi pouvait être le rocher sur lequel s’appuyer pour surmonter les épreuves de la vie.
Plus tard, après des années de lutte contre l’alcoolisme, Mary réalise qu’elle est "malade" mais que la guérison est possible. Avec l’aide d’un autre prêtre, le père Peter Ciklic, elle entame un processus de guérison profonde. Dans son autobiographie, elle révèle sa lutte contre la douleur et comment, avec la grâce de Dieu, elle transforme ses souffrances en un chemin vers la sainteté.
Après cela, elle ne se concentrait plus sur le désir de plaire aux réalisateurs, mais sur un objectif bien plus grand : plaire à Dieu. Elle s’éteint le 25 septembre 1987, à l’âge de 81 ans, des suites d'un emphysème pulmonaire, ayant enfin trouvé la paix qu’elle cherchait, dans les bras aimants de son Père céleste.