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Espérer, quand il n’y a plus d’espoir

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Benoist de Sinety - publié le 22/09/24
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Quand rien ne va plus, que les déceptions se suivent au fil de l’existence et qu’il n’y a plus d’espoir, il reste l’espérance. Curé-doyen de la ville de Lille, le père Benoist de Sinety parle de cette lumière qui mène l’humanité, qui donne un sens à tous les combats de la vie.

« Il reste un espoir vous pensez ? » : à trois heures du matin, au téléphone, il appelle, haletant, disant qu’il est en prison, qu’il ne comprend pas pourquoi, un défaut de visa, de billet d’avion. On lui parle une langue qu’il ne saisit pas. Il sent bien que le rêve qui le guidait est en train de se briser en mille fragments. « Il reste un espoir, vraiment ? » : elle s’interroge à haute voix devant l’incroyable affaissement institutionnel de notre Église, embourbée dans des affaires qui menacent de submerger la barque si elle pense ne pouvoir ne tenir sur les flots que par l’ancienneté de sa coque déjà si souvent éprouvée.

Combien de déceptions

Et puis chacun de nous, nous y sommes confrontés à cette question : dans les deuils et les naissances, dans les projets qui échouent et dans nos réussites, face à nos limites et avec nos rêves... « L’espoir fait vivre » dit-on souvent. Il n’y a pas de vie possible s’il n’y a pas d’espoir. Mais en même temps combien de déceptions au fur et à mesure que s’écoule l’existence. Les chrétiens parlent d’espérance. Nous en parlons beaucoup, peut-être un peu trop. Sûrement maladroitement. Comme si l’espérance était une sorte de « super » espoir. Alors que tout est d’abord une question de temps : « L’espoir se rapporte à un temps donné : j’ai espoir que demain il fera beau... L’espérance c’est compter sur l’existence d’une lumière au bout du tunnel quand bien même on ne la verra pas, quand bien même elle sera vue par d’autres que soi. C’est rêver du jour où la douleur de l’autre, quel que soit cet autre, nous sera aussi accessible que la nôtre » disait l’autre matin au micro de France Culture Dominique Eddé, romancière libanaise (« Les échos d‘ailleurs », 20/9/24).

On espère en cette lumière que certains savent nommer mais que tous perçoivent.

Qu’est-ce qui fait qu’on continue de vouloir vivre quand rien ne va plus ? Quand le temps des espoirs semble vain ? L’espérance. Indicible espérance, nichée au cœur de chacun, qu’il ait ou non la foi. On espère pour ses enfants, pour les aimés, pour son pays, que sais-je ? On espère en cette lumière que certains savent nommer mais que tous perçoivent. Cette lumière qui brille de l’amour de Dieu et qui, nous attirant, irradie progressivement, doucement, lentement, nos cœurs pour les rendre capable de comprendre d’entrer dans une grammaire qui nous semblerait hermétique si elle nous était imposée. La grammaire de Dieu qui vient initier nos intelligences et nos âmes à la découverte vertigineuse, intimidante et folle que l’autre est notre frère. Entraînement à une communion qui prendra sens dans l’au-delà vers lequel cette lumière mène l’humanité.

Cette lumière existe

L’avocat Henri Leclerc, immense d’humanité, grand défenseur des droits des plus petits et de tous, mort le 31 août dernier, nous lègue son espérance lorsqu’il disait : « Continuez à vous battre encore et mieux que moi ! » L’homme qui peut dire cela est celui qui sait que cette lumière brille, même s’il ne la nomme pas à la manière du croyant. Il sait aussi que la vie est un combat, un immense combat, harassant et parfois heureux. Mais que ce combat prend sens car il y a la lumière, au loin parfois, proche parfois, qui brille sans cesse. 

Transcendant les espoirs, l’espérance en fait émerger sans cesse, petits pavés sur la route qu’elle dessine, petites étapes qui nous donnent de prendre souffle, de trouver la force de repartir et de se relever. Savoir que cette lumière existe et pouvoir y croire et le proclamer dans les jours de ténèbres et dans les brouillards des peurs, comme on le ferait au soleil de midi, avec enthousiasme : n’est-ce pas ce que nous pouvons nous souhaiter en ce temps qui nous est donné ? C’est l’humanité, c’est le dernier message d’Henri Leclerc : continuez à vous battre encore et mieux que moi. Ces mots aident à tenir debout quand bien même debout, on vacille. Ils valent de l’or pour la jeune génération.

Les citations des grands saints sur l'espérance :

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