Cela ressemble à s'y méprendre à un bar branché d'une grande ville. En réalité, il s'agit d'une petite buvette située dans la cour d'une église. C'est le père Frédéric Sangès, curé de la paroisse Saint Jean XXIII et responsable Pastorale du Tourisme et Loisirs, qui est à l'origine de ce projet. Il accueille le public de juin à septembre afin de recréer du lien social. "J'ai eu cette idée après la période Covid-19. D'abord en ouvrant un espace d'accueil où les gens pouvaient discuter entre eux", se remémore le prêtre. Cette trouvaille se situe à Nice à l'intérieur de l’église Saint Jacques Le Majeur que l’on appelle couramment l’église du Gesù.
IVG, LGBT, des sujets qui divisent…
Pour accéder au bar, il est nécessaire de traverser l'église et "ça fait partie de notre démarche", assure le père Frédéric Sangès. Selon lui, il existe une fracture entre l'Eglise et la société et il est urgent de la réparer. "Nous avons des principes et des valeurs mais nous avons du mal à l'exprimer", remarque Frédéric Sangès. Ce lieu se veut être un endroit d'échange et de dialogue… parfois tendu. "Il m'est arrivé de discuter avec des individus en rupture totale avec l'Eglise notamment sur des sujets liés à l'avortement et aux personnes LGBT", explique l'homme d'église. Le prêtre observe une population jeune, une moyenne d'âge oscillant entre 25 et 30 ans.
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Des effets mesurables
Pour mener à bien cette mission pas comme les autres, il reçoit l'aide de bénévoles qui s'occupent du service, laissant ainsi du temps au prêtre pour engager la conversation avec les clients. "Souvent les gens m'interpellent ou alors je n'hésite pas à m'installer à une table pour m'intéresser à eux", assure le curé. Après quatre années d'existence, la buvette connaît un certain succès, à tel point que le père Frédéric Sangès a été contraint d'arrêter la communication sur les réseaux sociaux. "Parfois, il y avait une file d'attente de 45 minutes pour boire un verre", raconte-t-il en souriant. Son initiative a également de réelles répercussions sur la foi de certains visiteurs. "Il y a eu quatre demandes de catéchuménat, cinq préparations au mariage et de nombreuses de confession", énumère le responsable de la paroisse Saint Jean XXIII.
Les bénéfices réalisés par la vente de boisson, environ 15.000 euros depuis le lancement de la buvette, sont investis dans l'entretien de l'église. Récemment, l'électricité a été refaite et la totalité des lumières changées. L'homme de foi a pour ambition d'ouvrir son bar plus longtemps, de mai à octobre par exemple. "Je souhaiterais que mon initiative, par son ampleur, interpelle la mairie et l'encourage à restaurer l'église" car 8 millions d'euros sont nécessaires.