Le scoutisme n’est pas une "activité" au même titre que le football, la danse ou le théâtre. Il vise une éducation beaucoup plus globale du jeune, de son corps certes, mais aussi de son cœur, de son intelligence et de son âme. Cet objectif est résumé dans les cinq buts revendiqués par les mouvements scouts : le sens de Dieu, le sens du concret, le don de soi, le développement physique et la formation du caractère. Le scoutisme n'est pas non plus un simple loisir ou un passe-temps, dans la mesure où il engage le jeune, vis-à-vis du groupe auquel il appartient, et vis-à-vis de lui-même.
"Devenir un homme"
"L’expérience scoute est utile sur tous les chemins de la vie", souligne Baden-Powell dans Scouting for boys. Elle permet de déployer un grand nombre de qualités, aussi bien physiques que morales. Elle fait d’une "cruche inutile" un "gars" débrouillard et autonome. Quand Baden-Powell décrit les activités scoutes (vivre au grand air, monter une tente, allumer un feu, s’orienter…), il regrette que "peu de gars apprennent ou pratiquent ces choses" parce qu’ "ils disposent de maisons confortables et de lits pour dormir, leur nourriture est préparée et cuite pour eux et quand ils veulent connaître leur chemin, ils demandent à un agent".
Or ce qui compte, pour le fondateur du scoutisme, c’est de savoir s’occuper de soi. Il prend comme exemple le capitaine d’une équipe de cricket. "Placez-le dans le veld sud-africain à côté d’un jeune colon et regardez qui peut s’occuper de lui-même", invite-t-il, s’appuyant sur son expérience militaire en Afrique du Sud. "Les scores élevés et les tissus de flanelles propres ne lui sont pas utiles". En revanche, l’expérience scoute fournit des billes précieuses pour se débrouiller, même en milieu hostile ! "Le cricket n’est qu’un exemple – bien que ce soit un très bon sport à pratiquer, utile dans une certaine mesure pour entraîner la vue, les nerfs et le caractère des gars", souligne-t-il. "Mais ce n’est pas comparable avec le scoutisme qui apprend à un gars à devenir un homme."
Un engagement qui a la priorité
Le scoutisme diffère des autres activités extrascolaires dans la mesure où il suppose un réel engagement tout au long de l’année, camp d’été inclus. Bien sûr, faire partie d’une équipe de foot ou de rugby engage aussi, mais il peut y avoir des remplaçants. Aux scouts, non. Chaque jeune est unique et reconnu comme tel. Chaque jeune a sa place et les autres comptent sur lui. Inscrire son enfant aux scouts, c’est donc s’engager à ce qu’il participe aux sorties et aux week-ends. Si le match de basket tombe le même jour que le week-end scout, priorité au scoutisme ! Au-delà du fait que la ronde, la clairière, la patrouille ou le clan compte sur le jeune, la fidélité à l’engagement est un des socles pédagogiques du scoutisme.
Une promesse à vie
Enfin, ce qui distingue le scoutisme des autres activités, c’est que le scoutisme engage à vie, en proposant de vivre selon un idéal, en dehors des activités scoutes et au-delà des années de scoutisme. "Vous voyez que le scoutisme ne vous procure pas seulement du plaisir, mais vous demande aussi beaucoup et je sais que je peux compter sur vous pour faire tout votre possible pour tenir votre Promesse scoute", écrit Baden-Powell. La promesse scoute invite un jeune "à servir de son mieux Dieu, l’Église, sa patrie et l’Europe, à aider son prochain en toute circonstance et à observer la loi scoute". Un engagement pris généralement au cours de la première année et appelé à perdurer bien au-delà des années de scoutisme. Dans son dernier message, Baden Powell insistait : "Soyez toujours fidèles à votre promesse d'éclaireur même quand vous aurez cessé d'être un enfant – et que Dieu vous aide à y parvenir !" Un engagement qui va donc bien au-delà d’une simple activité extrascolaire !