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Le pape met en garde les Timorais contre… les crocodiles

Pope Francis waves to the crowd during a mass at the Esplanade of Tasitolu in Dili, East Timor, on September 10, 2024.

Le Pape au Timor oriental.

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Camille Dalmas - publié le 16/09/24
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Lors de ses déplacements, le pape François aime ancrer ses discours dans la culture locale, citant souvent la faune, la flore ou les spécificités du lieu pour faire passer ses messages. À la fin de la messe célébrée au Timor oriental, devant 600.000 catholiques (presque la moitié du pays), il s'est emparé de l'animal le plus emblématique de la région, le crocodile marin… pour défendre la culture et la vitalité démographique du pays.

Le crocodile. Cet énorme reptile, qu'on trouve sur tout le littoral du Timor – mais surtout sur la côte sud du pays – est un véritable tueur. Il mesure entre quatre et six mètres de long, vit dans des eaux douces, saumâtres et parfois salées, et a l'habitude de surgir avec une vélocité extrême pour prendre sa proie – régulièrement des humains au Timor oriental. « Attention, car on m'a dit que des crocodiles viennent sur certaines plages », a mis en garde le pontife dans une intervention spontanée à la toute fin de la messe célébrée sur une immense esplanade de la capitale Dili. Mais le message plein d’humour du pontife ne désignait pas les crocodiles marins du Timor, mais des crocodiles venant de bien plus loin : « Faites attention à ces crocodiles qui veulent changer votre culture, votre histoire...».

Les dangers d'une colonisation idéologique

La foule a beaucoup apprécié l'image, même si elle peut sembler obscure. Il s'agit en fait d'une référence aux dangers de ce que le pape a l'habitude d'appeler la « colonisation idéologique ». Elle désigne la tendance qu'ont les pays ou institutions occidentaux à faire pression pour une occidentalisation forcée des cultures de pays en voie de développement. Cette colonisation peut, selon le pape, toucher les politiques familiales, avec des incitations à mettre en place un contrôle des naissances, ou bien l'acceptation de normes occidentales concernant les questions de genre. Les milliers de fidèles ont vivement acclamé le pape après cette sortie. Le crocodile, profondément ancré dans la culture populaire, est un animal aussi craint qu'apprécié par les Timorais. 

Le pape n’ignorait sans doute pas que l'île de Timor, selon une légende locale connue de tous les habitants, « viendrait du corps d'un vieux crocodile qui se serait échoué et fossilisé en mer », comme le rapporte l'historien et géographe Frédéric Durand dans son livre 42.000 ans d'histoire de Timor-Est. Le crocodile se serait sacrifié pour permettre à un garçon qui lui avait sauvé la vie de fonder un pays, qui est devenu Timor, parfois surnommée la « terre crocodile ». Le jeune Arnaldo, un étudiant timorais, a salué la référence du pape, lui qui n'a pu assister à la messe mais l'a suivie avec passion depuis le restaurant où il travaille pour financer son université. « Les crocodiles dans notre culture sont liés aux ancêtres, nous avons des cérémonies traditionnelles durant lesquelles nous nourrissons les crocodiles avant d'aller pêcher », confie-t-il. Mais, assure-t-il, « le pape a parlé d'autres types de crocodiles, de ceux avec lesquels on ne peut pas négocier ».

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