Un évêque a particulièrement marqué l’histoire de Chartres : Fulbert. Outre son œuvre épistolière et musicale, on lui doit, à partir de 1020, la reconstruction de la cathédrale ravagée par les flammes. Ne demeure aujourd’hui de cet édifice roman que la crypte, dédiée à Notre-Dame de Sous-Terre et utilisée à l’origine pour la vénération des reliques. Consacrée en 1024, son millénaire est l’occasion d’une année de festivités et de prières qui court du 8 septembre 2024 au 15 août 2025.
Siège épiscopal, Notre-Dame de Chartres n’en a pas moins tissé des liens avec les papes successifs, en particulier les plus récents, même si les papes saint Clément Ier, à fin du Ier siècle et saint Léon, au début du Ve siècle, sont représentés dans les sculptures de la façade. En revanche, aucun pape ne semble être venu visiter la cité chartraine. Cela n’empêche pas le pape Jean Paul II, en 1994, pour son VIIe centenaire, de l’évoquer dans une lettre adressée à Mgr Perrier, alors évêque : « Marie inspira particulièrement les évêques et le peuple de Chartres pour édifier une cathédrale que nous continuons d’admirer comme l’expression et le témoin précieux de la foi authentique. Dans la pierre et dans le verre, s’offre au regard du croyant une éloquente illustration du message de l’Écriture sainte et de la pensée de l’Église. »
Le fruit de la foi des hommes
Pour le Polonais, la construction d’un tel édifice est bien le fruit de la foi des hommes, et elle est donc, aujourd’hui encore, l’expression visible d’une réalité invisible : « Sa cathédrale est plus qu’un héritage inestimable. Elle demeure un signal pour les hommes de ce temps. » Très sensible à la monstration de Dieu par le biais de l’art et du beau, Benoît XVI semble parler de la cathédrale de Chartres lorsqu’il explique, en consonance avec son prédécesseur : « Au XIIe et XIIIe siècles, se diffusa un autre type d’architecture dans la construction des édifices sacrés, l’architecture gothique, avec deux caractéristiques nouvelles par rapport au roman, c’est-à-dire l’élan vertical et la luminosité. Les cathédrales gothiques montraient une synthèse de foi et d’art harmonieusement exprimée à travers le langage universel et fascinant de la beauté, qui aujourd’hui encore suscite l’émerveillement. […] La sculpture gothique a fait des cathédrales une ‘Bible de pierre’, en représentant les épisodes de l’Évangile. »
Quant au pape François, il est certain qu’il a entendu parler de Notre-Dame de Chartres. Le 29 mai 2013, « la cathédrale de Chartres [est] offerte au pape » comme le titre avec humour L’Écho républicain. Quelques mois seulement après son installation comme successeur de Pierre, le Saint-Père ne reçoit pas en cadeau la cathédrale elle-même, on s’en doute. Mais Mgr Pansard, alors évêque de Chartres, lui remet lors d’un pèlerinage diocésain un beau livre de la collection « La grâce d’une cathédrale ». Désormais, Notre-Dame de Chartres est au cœur du Vatican !