"Une église a brûlé, c'est la mémoire d'un quartier, ce sont des hommes et des femmes qui y ont célébré la vie, la mort, l'amour, qui sont venus se nourrir auprès du Seigneur dimanche après dimanche." Ce mercredi 4 septembre, Mgr Olivier Leborgne, évêque d'Arras, était auprès des fidèles et des habitants de Saint-Omer, dévastés par l'incendie de l'église de l'Immaculée-Conception. Dans la nuit du 2 septembre, l'édifice s'est embrasé, entraînant l'effondrement de son clocher et de nombreux dégâts irréversibles. L'église présente un trou béant face au ciel et en son centre un amas de cendres noires.
Mgr Leborgne s'est rendu sur place pour un temps de prière à 8h30 devant l'église, avant de célébrer une messe en la basilique Notre-Dame des Miracles. Environ 300 personnes y étaient présentes, parmi lesquelles le maire et la sous-préfète, les paroissiens mais aussi des habitants, très attachés à l'édifice. "En déposant notre désarroi pour ces pierres brûlées, ces symboles abîmés, nous portons aussi dans notre prière toutes les pierres vivantes qui s'engagent dans ce quartier, ces hommes et ces femmes, croyants ou non, qui s'engagent pour servir la vie", a déclaré l'évêque avant d'évoquer un "drame plus grand encore", celui de "douze migrants morts au large de nos côtes hier".
L'auteur est un multirécidiviste
Profondément heurtés par la perte de leur église, qui avait été ouvert de nouveau ses portes en 2018 après une opération de restauration, les habitants de Saint-Omer ont immédiatement proposé leurs dons pour la reconstruire. Une souscription a donc été ouverte en partenariat avec la Fondation du Patrimoine afin de récolter les fonds nécessaires aux travaux. "Il est encore trop tôt pour évaluer les dommages avec précision, mais les dégâts sont considérables. Les expertises sont en cours", affirme Antoine Vercryusse. La Fondation du patrimoine a pour le moment récolté plus de 12.000 euros en deux jours.
"Il y a un mélange d'émotions : de la tristesse d'abord, mais aussi de la colère, de la stupéfaction, et beaucoup d'incompréhension par rapport à un tel geste", confie à Aleteia Antoine Vercruysse, directeur du cabinet du maire de Saint-Omer. L'origine criminelle de l'incendie a été officiellement établie, et le suspect interpellé a reconnu les faits en garde à vue ce mercredi 4 septembre. L'homme a indiqué être entré par effraction dans l’église dans le but de voler l’argent des troncs, avant de mettre le feu dans la sacristie, a rapporté le procureur de la République de Saint-Omer Mehdi Benbouzid. Ce trentenaire de nationalité française n'en est pas à son coup d'essai : déjà connu des services de police, il avait été condamné "à de nombreuses reprises pour des faits de destruction par incendie". En 2019, il avait été condamné à quatre ans et demi de prison pour avoir mis le feu dans l'église d’Equihen Plage, là aussi en pénétrant dans la sacristie par effraction, avant de comparaître à nouveau pour les mêmes faits sur cinq églises du Boulonnais.