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Couronnés de gloire, bien-aimés sur terre : à Malte, les saints sont une famille !

San Giorgio - MALTA
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Jean-Pierre Fava - Alain Kléan - publié le 02/09/24
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Les traditions chrétiennes de Malte et de Gozo sont aussi anciennes que celles d’Éphèse, de Jérusalem, de Corinthe et de Rome. L’apôtre Paul a évangélisé l’archipel de Malte au Ier siècle après J.-C. Aussi la dévotion non seulement à l’apôtre des Gentils mais aussi à la Sainte Vierge Marie est très répandue. D’autres saints ont également conquis le cœur des Maltais au fil des siècles.

C’est bien saint Paul qui a évangélisé Malte au Ier siècle de notre ère. Aussi les habitants de Malte lui vouent une dévotion toute particulière. Mais il n’est pas le seul ! Au gré de sa riche histoire et des influences de ses puissants voisins, Malte est aujourd’hui riche d’une tradition chrétienne vieille de plus de 2.000 ans. Beaucoup de grands saints y ont joué un rôle. Et aujourd’hui, comme hier, les Maltais se placent volontiers sous leur protection. 

Saint Paul

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Îles Saint-Paul à Malte.

"De tous les cadeaux apportés sur ces côtes au cours de l'histoire de votre peuple, le cadeau apporté par Paul a été le plus grand de tous", déclarait Benoît XVI lors de son voyage apostolique à Malte, en avril 2010. Le Pape faisait référence au célèbre passage des Actes des Apôtres (Ac 28,1-10) relatant le naufrage de Paul sur les côtes maltaises en l’an 60 et la christianisation de l’île qui s’en est suivie.

Lors de son séjour dans l’archipel, environ trois mois, l’apôtre Paul a accompli de nombreux miracles de guérison et prêché la Bonne Nouvelle. Il a notamment guéri le père du gouverneur romain Publius d'une dysenterie mortelle. Et la tradition veut que saint Paul ait nommé Publius premier évêque de Malte. A l’appui de ce texte, on peut donc affirmer que Paul a fondé l’Église chrétienne de Malte, ce qui en fait une église au moins aussi ancienne que celles d’Éphèse, de Jérusalem, de Corinthe et de Rome.

Stanley Fiorini, professeur émérite de l’université de Malte, estime que cette antique tradition qui attribue à Paul l’évangélisation de l’archipel de Malte est méconnue parce que "la taille modeste de l'île ne favorise pas sa notoriété" et que cette histoire séculaire est "éclipsée par le riche patrimoine archéologique datant du néolithique, bien plus plus visible avec ces vestiges". Par ailleurs, les Actes des Apôtres ne mentionnent aucune conversion parmi les Maltais, mais documentent de nombreux miracles de guérison. "Imaginer Paul ne pas faire le moindre effort pour prêcher l'Évangile durant trois mois semble absurde", tranche l’expert. 

Sainte Agathe de Sicile

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Statue de Saint Agathe (Malte).

Selon la tradition, Agathe, également connue sous le nom de sainte Agathe de Catane ou de Sicile, s’enfuit vers l'île voisine de Malte avant son martyre, vers l'an 251 après J.-C. La jeune vierge cherche un lieu pour prier et trouve une grotte à Rabat où elle passe son temps en communion avec son Divin Époux. Ce site est devenu une église dès le IIIe siècle l’Église Saint-Paul de Rabat, sous laquelle se trouvent les catacombes de sainte Agathe qui se sont développées au IVe siècle.

Agathe est réputée pour son martyre et les terribles tortures qu’elle a endurées, notamment la mutilation de ses seins. La dévotion envers cette sainte a perduré à Malte à travers les siècles et s’est propagée de manière significative à partir de 1.500. À cette époque, Malte était envahie par les Ottomans, et une religieuse cloîtrée de Mdina encouragea la population à apporter une statue de sainte Agathe dans les bastions de la ville. Les Ottomans furent miraculeusement repoussés et les Maltais attribuèrent leur salut à l’intercession de la sainte. 

Aujourd’hui encore, les Maltais continuent de demander la protection et l'intercession de sainte Agathe. Elle est considérée comme la patronne de l'île et demeure très vénérée, en particulier par les femmes qui cherchent à guérir du cancer du sein. D’ailleurs, chaque année, une messe est célébrée en action de grâces, et pour demander à la sainte d’intercéder pour la guérison de celles qui souffrent de cette maladie.

Sainte Hélène de Constantinople

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Vue sur l'église Saint-Laurent et le port de Cospicua à Bormla (Malte).

Saint Hélène de Constantinople est une sainte que les Maltais aiment tout particulièrement. Mariée à l’empereur romain Constance Chlore à la fin du IIIe siècle, elle est répudiée vingt ans plus tard. Lorsque son fils Constantin Ier le Grand devient empereur en 306, elle devient impératrice et, sous son influence, se convertit au christianisme.

Elle se rend en Terre sainte vers 326-328, pour des raisons politiques, mais des historiens interprètent aussi ce voyage comme un pèlerinage d’expiation pour les péchés de son fils. En effet, Constantin avait fait exécuter sa seconde épouse, Fausta, et son propre fils Crispus César, qu’il soupçonnait d’entretenir une liaison. En Terre sainte, Hélène fait construire la basilique de la Nativité à Bethléem, et la première église de l'Ascension près de Jérusalem. Selon la tradition, elle découvre également à Jérusalem les reliques de la Passion du Christ.

À Malte, la ville portuaire de Bormla, connue également sous le nom de Città Cospicua, est dédiée à sainte Hélène de Constantinople, témoignant de la dévotion de la population maltaise à la sainte. D’après certains historiens, la dédicace de l’église locale à sainte Hélène pourrait être le fait de Théodore, neveu exilé de l'empereur Héraclius, au tournant des VII et VIIIe siècles. Dans une autre ville, à Birkirkara, une basilique construite en 1727 sur un antique site chrétien, a aussi été consacrée à sainte Hélène.

Saint Georges

Basilique Saint-Georges de Gozo (Malte).

À Gozo, la petite île “sœur” de Malte située au nord, saint Georges est particulièrement vénéré, et est célébré la troisième semaine de juillet. Selon Georges Frances Vella, historien local : "La première chose que les parents apprennent à dire à leurs enfants après “maman” et “papa” est “Viva saint Georges”". Ensuite, ils apprennent à chanter un hymne dédié au saint dans leur langue maltaise locale. 

Georges Frances Vella souligne également que la première femme maltaise à publier un recueil de poésies, Mary Meilak (1905-1975), a écrit un poème dans lequel elle fait référence à saint Georges en tant que membre de la famille. "Nous sommes de foi chrétienne, de confession catholique", explique l’historien. "Mais nous sommes aussi Georgiani, ce qui signifie que nous appartenons à saint Georges. Bien que ce saint ait vécu il y a 1.700 ans et que nous n’ayons pas beaucoup d’informations sur lui, il existe un fort sentiment d'identification avec lui, nous le considérons presque comme le grand-père de la famille."

Sainte Catherine d'Alexandrie

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Le Martyre de Sainte Catherine d'Alexandrie par Mattia Preti. Cette œuvre d'art est conservée au MUŻ A, le Musée national d'art communautaire de Malte, qui fait partie de Heritage Malta, l'Agence nationale pour le patrimoine culturel.

Certains pays, en raison de leur localisation stratégique, voient leur histoire influencée par des changements de pouvoir et de souveraineté. C’est particulièrement vrai pour Malte. 

Au début du premier millénaire, placée sous domination normande, l’île connaît un regain du christianisme face à l’islam. De fait, la présence chrétienne n'a jamais été interrompue à Malte depuis 2.000 ans. L'historien maltais Gino Cauchi explique : "L’arrivée des moines byzantins à Malte a introduit le culte de saints orientaux, parmi lesquels Catherine d'Alexandrie. La ville de Żejtun à Malte, ainsi que l’église qui s’y trouve lui sont dédiées par exemple. Sur les anciennes cartes, Żejtun était connue sous le nom de Ville de Catherine."

Plus tard, les Chevaliers Hospitaliers, arrivés de Rhodes, ont également honoré la mémoire de sainte Catherine en lui consacrant une église à La Valette, à quelques mètres seulement de Notre-Dame de la Victoire.

Et bien d’autres saints…

Bien que ces saints aient particulièrement conquis le cœur des Maltais au fil des siècles, de nombreux autres saints suscitent la dévotion dans un pays aussi catholique que Malte. Le pèlerin ou le visiteur est toujours surpris à Malte de voir un frère ou une sœur aîné dans le Christ surgir au bord d’une route ou un pâté de maison. Il peut s'agir d'un simple oratoire, d’une niche ou d’une église toute entière, tous témoins d’une dévotion séculaire… et intacte.

Par exemple, les coins des rues de La Valette ou les vieux villages de l’île, sont de nombreux signes visibles de la foi des habitants qui y ont vécu, ou y vivent encore. Et de maison en maison, les visiteurs trouveront la dévotion particulière des habitants manifestée par une plaque ou une statue accrochée à la porte d'entrée. 

L’une des caractéristiques séduisantes d’une telle dévotion aux saints est la possibilité de trouver des signes d’hommage uniques. Un seul exemple suffit à cet égard : à Qormi, on peut trouver une image représentant un père tenant un enfant dans ses bras. A première vue, le visiteur penserait que la statue représente Joseph et l'enfant Jésus. Mais non. Il s'agit en fait du grand-père de Jésus, Joachim, et de Marie enfant. Touchant et édifiant.

Phénomène particulièrement visible dans les églises mais aussi dans les coins des rues de La Valette, dans les maisons ou les couvents. Maison après maison, les visiteurs peuvent découvrir la dévotion particulière du résident à un saint particulier, manifesté par une plaque ou une statue près de la porte d'entrée, ou par d’autres marqueurs de de dévotion uniques.

En partenariat avec VisitMalta

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