Tanguy de la Forest a sept ans lorsqu'il découvre le para tir pendant une kermesse. Atteint d’amyotrophie spinale infantile, une maladie neuromusculaire qui lui fait progressivement perdre ses jambes, il a fait du pas de tir son nouveau terrain de jeu. Il entre en équipe de France en 1997. Médaillé d'or à quatre reprises lors des championnats du monde, c'est encore une fois l'or qu'il vise pour les Jeux paralympiques de Paris. Dès le 30 août, il passera les épreuves de para tir. Et il pourra sûrement s'appuyer sur sa foi en Dieu pour le soutenir, puisque l'athlète ne fait pas mystère de sa foi.
Catholique, Tanguy de la Forest a témoigné à de nombreuses reprises de sa ferveur. Petit garçon, il fait une rencontre marquante lorsqu'il se rend à Rome lors d'une canonisation en 1990. Il a douze ans lorsqu'il est invité à une messe privée avec saint Jean Paul II. "J'ai une sorte de grâce qui m'est arrivée lorsque je l'ai vu. Il est venu me voir et m'a demandé ce que je voulais faire plus tard. Ce petit moment était extrêmement fort, et j'ai toujours une image de lui sur moi depuis", racontait-il au Jour du Seigneur en 2021.
Quand j'ai un moment de difficulté, de doute, je vais avoir cet échange en prière avec le Seigneur, et c'est ça qui me rebooste.
Habitué à son handicap, Tanguy de la Forest décrit lui-même ce dernier comme "sa normalité". "Je fais face à des obstacles, mais je ne m'en rends presque pas compte et je les contourne", confie-t-il encore au Jour du Seigneur peu de temps avant les Jeux Paralympiques. Pas question pour Tanguy de vivre son handicap comme une mise à l'épreuve par Dieu. "La sérénité que j'ai par rapport à cette maladie évolutive, je la dois à mon éducation", affirme-t-il en expliquant n'avoir jamais eu de difficultés à parler de son handicap avec sa famille. "Mes parents m'ont toujours accompagné dans ma foi. C'est un élément très fort pour moi. Quand j'ai un moment de difficulté, de doute, je vais avoir cet échange en prière avec le Seigneur, et c'est ça qui me rebooste." Avec sa famille, il se rend à Lourdes pendant son enfance. C'est ici que sa mère vient chercher le soutien nécessaire lorsque l'épreuve du handicap se fait trop lourde. "Je ne venais pas spécialement chercher une guérison, mais j'en avais besoin pour accepter le handicap de Tanguy", témoigne la mère de l'athlète.
Son épouse Gaëlle, para tireuse
C'est en compétition qu'il rencontre Gaëlle Edon, son épouse, elle-même athlète et championne de para-tir. "C'est extraordinaire de pouvoir faire des compétitions et pratiquer ce sport en couple", sourit Tanguy. Contrairement à son mari, Gaëlle est devenue handicapée par accident, après une hémorragie cérébrale qui paralysera tout son côté gauche. "J'étais dans une phase de déni complet, j'ai mis cinq ans à reconnaître ce handicap et que je ne récupérerai pas ma vie d'avant. J'ai eu une phase de rage, de haine, j'étais à la recherche de défis pour provoquer la mort", se souvient-elle. C'est en rencontrant Tanguy qu'elle apprend à accepter, et à aimer ce nouveau corps qui est le sien. Ensemble, ils iront chercher l'or aux Jeux Paralympiques, chacun dans leur catégorie.