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Le texte de la deuxième lecture de ce dimanche extrait du chapitre Ve de l’épître aux Éphésiens ne laisse pas de nous interpeller. On esquisse un sourire en coin en résumant le texte au fameux "femmes, soyez soumises à vos maris". Formulation incompréhensible pour nos contemporains… : fin de non-recevoir, merci, au revoir… Pourtant une telle phrase n’apparaît pas textuellement ! Il faut avoir le courage de se confronter à ce texte. Il faut l’appréhender à la fois avec sérieux, pour éviter de faire dire au texte ce qu’il ne dit pas, et, en même temps, avec une approche positive. Car ce texte est la Parole de Dieu. Il nous révèle donc quelque chose de l’amour de Dieu pour l’homme, et nous appelle à mettre en œuvre notre réponse à cet amour premier de Dieu. Dans ce texte, il est question d’amour de Dieu et de réponse humaine à l’amour de Dieu. Et cela concerne chacun d’entre nous, mariés ou non.
Ce mystère est grand
L’auteur du texte termine son propos par un cri : "Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église" (Ep 5, 32). Convenons donc que ce texte de l’épître aux Éphésiens a comme fondement et finalité de révéler quelque chose du Christ et de son amour pour l’Église. Paul utilise l’image du mariage pour révéler la manière dont le Christ aime l’Église et chacun de nous. Pour le dire autrement, le premier mouvement de ce texte n’est pas de dire quelque chose du mariage humain, mais de prendre une comparaison humaine — celle du mariage — pour révéler quelque chose de l’amour de Dieu. Et cela dira, en retour, comment vivre nos relations humaines. Alors, regardons de plus près cette comparaison du mariage et voyons ce qu’elle nous dit du Christ.
Ceux et celles qui, parmi vous, sont mariés, vous nous aider à le comprendre. Prenons l’exemple d’un couple marié ; appelons-les Béatrice et Henri. Depuis qu’ils sont mariés, ils ont au doigt un anneau d’un métal inoxydable. Il y a trente ans, le jour de leur mariage, ils se sont passé cette alliance au doigt avec cette parole : "Béatrice, Henri, reçois cette alliance, signe de notre amour et de notre fidélité." De quoi ces anneaux sont-ils le signe ? Ils sont le signe inoxydable, c'est-à-dire sans fin, que le mariage est fondé sur l’amour et la fidélité. Depuis trente ans, Béatrice et Henri portent sur eux l’amour et la fidélité de leur époux. Or cet anneau inoxydable, signe d’amour et de fidélité, rend visible pour leurs enfants et pour chacun de nous quelque chose de l’amour du Christ. L’amour et la fidélité du Christ pour l’Église sont aussi inoxydables que les anneaux que Béatrice et Henri portent au doigt. Et cela oblige Béatrice et Henri à continuer, année après année, à vivre "à fond" leur mariage, afin qu’ils soient toujours le signe vivant de l’amour du Christ. Vivre "à fond" son mariage, c’est ne jamais oublier qu’il est construit sur la Croix du Christ et qu’il a pour finalité l’union avec le Christ dans le Royaume.
Révéler quelque chose de l’amour du Christ
C’est ici le cœur du propos de Paul. Certes, les termes qu’il emploie résonnent bizarrement à nos oreilles contemporaines. Il faudrait faire une fine exégèse pour tout expliquer. Mais le mouvement du texte est celui-là : l’amour du Christ pour l’Église est de l’ordre de l’amour conjugal, un amour inoxydable, total, entier, fidèle ; ainsi, un mari et une femme, par leur manière de vivre dans l’amour et la fidélité, nous disent quelque chose de l’amour du Christ, et cela les oblige à être des signes vivants, de vrais témoins, de l’amour divin.
Ce texte nous parle du Christ et, en retour, de la vocation de l’homme.
En fin de compte, ce texte nous parle du Christ et, en retour, de la vocation de l’homme ; il parle du Christ qui aime et, en retour, de la manière dont la vocation de l’homme révèle sur cette terre quelque chose de l’amour du Christ. Dès lors, ce texte nous oblige à vivre "à fond" notre vocation chrétienne : celle de baptisé — qui nous concerne tous —, celle d’époux et d’épouse pour certains d’entre nous, celle de religieux pour d’autres, celle de parents ou de grands-parents pour d’autres encore. Prenons un autre exemple, si vous le voulez bien, pour comprendre à quel point ce texte nous oblige à vivre "à fond" notre vocation. Imaginons deux religieux prémontrés. Nous sommes aujourd’hui le 25 août 2024. Il y a douze ans, jour pour jour, ils s’engageaient définitivement par la profession solennelle à la suite du Christ dans notre communauté.
Vivre "à fond" sa vocation
Au moment le plus décisif du rite, ils sont montés à l’autel pour y lire et y signer leur charte de profession. Voilà un signe liturgique fort : ce jour-là, ils sont montés à l’autel, symbole du Christ présent ; en y signant leur charte de profession, ils ont décidé de fonder leur vie sur le Christ seul, rocher inusable et indestructible de leur vie. Et ce don total et entier de leur vie au Christ s’incarne dans un lieu, une communauté, une Église. Lorsqu’un frère prêtre de la communauté, chaque jour, monte à l’autel pour l’embrasser, il s’appuie dessus… il continue, jour après jour, de s’appuyer sur le Christ, rocher inusable et indestructible de sa vie. Le religieux prémontré a un jour découvert l’amour du Christ pour lui, un amour entier, total, fidèle, inoxydable, inusable, indestructible. Et il choisit, par le don de sa vie au Christ et à une communauté donnée, de manifester cet amour du Christ. Alors à son tour, il s’engage pour aimer le Christ et l’Église, le Christ et ses frères. Aimer totalement, fidèlement. Le religieux prémontré, chaque matin, choisit de vivre "à fond" sa vocation canoniale vit à sa manière ce que Béatrice et Henri vivent à leur manière.
Quel enseignement tirer de tout cela ? Je conclurai en trois points, très brefs : premièrement, pour vivre comme chrétien ici et maintenant, contemplons et désirons toujours la croix du Christ, qui nous révèle l’amour de Dieu ; deuxièmement, toute vocation chrétienne nous révèle un aspect de l’amour du Christ ; troisièmement, chacune de nos vocations se doit d’être vécue "à fond" pour témoigner, rendre visible et concret l’amour du Christ pour le monde, la présence et l’amour de Dieu. Ravivons la grâce de notre baptême, choisissons à nouveau notre époux, cherchons la communion fraternelle… et ainsi, faisons rayonner l’amour du Christ.
Lectures du 21e dimanche du temps ordinaire