Trois clés pour retrouver le chemin de son âme

C’est en observant la manière dont a été vécu le confinement qu’Anne-Laure Le Borgne, mariée, mère de famille et formatrice, a réalisé combien il était difficile, pour certains, de goûter au repos offert par une vie intérieure bien ancrée. "J’ai vu beaucoup de gens perdus, abattus par le fait de ne pas avoir de vie sociale, des personnes qui ont du mal à se retrouver face à face avec eux-mêmes", explique-t-elle. "Nous avons réalisé que nous n’étions pas forcément à l’aise dans notre vie intérieure." Un malaise que décrivait déjà Pascal : "Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre."

Convaincue que le bonheur réside dans la faculté d’habiter cet espace intérieur, Anne-Laure Le Borgne explore dans son livre La Voie de l’âme (Artège) les chemins qui mènent à la paix intérieure : se réhabituer à penser, percevoir la richesse de ses émotions et se reconnecter à son corps. Trois clés liées aux trois dimensions de l’être – l’intelligence, le cœur et le corps – à développer pour retrouver le chemin de son âme et déployer sa vie intérieure.

Mais qu’est-ce, au juste, une vie intérieure ? Est-ce l’ensemble de nos pensées qui forment notre charge mentale ? Ou tous les films ou scénarios catastrophes générés par notre imagination ? Non. Anne-Laure Le Borgne évoque plutôt l’image du calme sous la mer. "Sur la mer, c’est agité, il y a des vagues, des bateaux etc… La vie intérieure, c’est le silence, la paix des profondeurs, épargnées par les tempêtes." Tout l’enjeu consiste donc à savoir descendre dans ces profondeurs intérieures et y habiter.

L’intelligence est une première voie d’accès à l’âme. "Il est bon d’aiguiser son intelligence pour ne pas être le jouet des opinions des autres", engage Anne-Laure Le Borgne. Il en va de sa liberté intérieure, qui trouve son siège dans l’âme. Comment l’atteindre ? En se forgeant ses propres avis, mûris, réfléchis, qui ne soient pas des opinions de surface, en discernant ce qui est bien, en cultivant le silence, propice à la réflexion personnelle.

Une autre voie à explorer pour atteindre son espace intérieur est celle du cœur, des émotions. Cela suppose une certaine culture littéraire et un amour de la langue. "Des personnes qui lisent, qui apprennent des poèmes, vivent leurs émotions de manière différente car elles les font résonner intérieurement", souligne Anne-Laure Le Borgne. "C’est en mettant des mots sur une émotion que l’on peut la vivre intensément et humainement." Adultes comme enfants, nous avons besoin de ressentir les émotions des personnages comme si elles pouvaient être les nôtres.

Le corps est une autre voie d’accès à l’âme dans la mesure où il invite à retrouver "sa vraie place d’humain" dans un monde où tout va vite et où tout est facile. La formatrice invite, à travers le corps, à se reconnecter au monde et à la nature : jouer sous la pluie, marcher et réaliser combien un trajet est plus rapide en voiture qu’à pied… "Retrouver sa place d’humain préserve de la tentation de tout vouloir maîtriser", souligne-t-elle. C’est en même temps une école d’humilité, de se savoir petit face au monde et aux éléments, qui influence notre rapport aux autres et à Dieu.

Le résultat de cette descente dans les profondeurs de son âme est de gagner en calme, en paix, et de goûter à une certaine quiétude, promesse d’une vie plus humaine. Mais c’est aussi l’accès à la rencontre avec Dieu. L'âme est un sanctuaire intérieur : Dieu s’y laisse trouver… à condition d'y être présent nous aussi.