La société française bruit tout entière des élections législatives à venir. Puisque le président a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer les Français dans l’isoloir, la politique occupe le devant de la scène. L’Église elle-même n’est pas insensible à ce contexte, et sa parole, discrète, s’est faite entendre par la voix de quelques évêques et une prière proposée par la Conférence des Évêques de France. Mais les prêtres eux-mêmes pourrait-ils évoquer ces sujets, aussi délicats qu’importants, dans une homélie ?
En effet, l’on pourrait s’étonner que des pasteurs, forcément sensibles aux préoccupations des fidèles, soucieux des âmes de leurs paroissiens, croyants ou non, ne leur donnent pas des éclairages en vue du vote. Si l’Église peut donner des pistes de réflexion à partir de la lecture de l’Évangile, l’homélie n’est pas prévue pour cela.
L’homélie n’est pas un sermon
"Il faut se rappeler que ‘la proclamation liturgique de la Parole de Dieu, surtout dans le cadre de l’assemblée eucharistique, est moins un moment de méditation et de catéchèse que le dialogue de Dieu avec son peuple, dialogue où sont proclamées les merveilles du salut et continuellement proposées les exigences de l’Alliance’." (§137)
Parce qu’elle prend place au cœur de l’eucharistie, durant laquelle les fidèles s’associent au célébrant et au Christ pour s’offrir à Dieu qui vient d’exprimer son dessein bienveillant dans les Écritures et qui le réalise dans le sacrifice, l’homélie n’est pas un sermon. Ainsi le prêtre doit-il "discerner le cœur de sa communauté pour chercher où est vivant et ardent le désir de Dieu, et aussi où ce dialogue, qui était amoureux, a été étouffé ou n’a pas pu donner de fruit." L’homélie, inscrite dans son "contexte eucharistique", a donc pour but principal de nourrir la vie spirituelle des fidèles. Dans ce but, elle porte d’abord leur attention sur les textes liturgiques, "elle doit expliquer un aspect des lectures scripturaires, ou bien d'un autre texte de l'ordinaire ou du propre de la messe du jour, en tenant compte soit du mystère que l´on célèbre, soit des besoins particuliers des auditeurs" explique la Présentation générale du missel romain (§65). Ce sont donc les textes de la liturgie qui éclairent la conscience des fidèles et l’actualité, et non la vie du monde qui permettrait de mieux comprendre la Parole de Dieu.