« Aussi vrai que Dieu et nos Saints Patrons m’assistent ! », se sont écriés les 34 nouveaux hallebardiers de la Garde suisse pontificale à l’occasion de la cérémonie d’assermentation, ce 6 mai 2024. Dans le faste de la cour Saint-Damase, au cœur du Vatican, ces jeunes Suisses ont intégré la plus ancienne armée encore en activité, fondée en 1506 par le pape Jules II. Composée de 135 soldats, la Garde suisse s’occupe de la protection du pontife régnant ainsi que de la surveillance de sa résidence. Reconnaissables à leur uniforme à bandes jaunes et bleus et à manches rouges, ce sont eux que l’on retrouve en faction aux entrées du Vatican, mais aussi autour du pape lors des audiences, des célébrations publiques et des voyages. Ils coopèrent souvent avec la Gendarmerie vaticane.
Annoncé par trois trompettes apparues au balcon du premier étage du Palais apostolique, le piquet des nouveaux gardes avait été devancé par les « Cent vignerons », les « soldats rouges et blancs » de la Fête des Vignerons de Vevey en Suisse, dont les uniformes sont inspirés de ceux des gardes pontificaux. Près de 3.000 personnes assistaient à la cérémonie.
Les autorités suisses et vaticanes, dont les cardinaux suisses Emil Tscherrig et Kurt Koch, étaient présents au premier rang. La confédération était représentée par la présidente suisse Viola Amherd et était accompagnée du président de la conférence épiscopale suisse, Mgr Felix Gmür, et une délégation du canton de Bâle-Campagne, emmenée par la présidente du gouvernement Monica Gschwind.
Une armée d’artisans de paix
Sous le soleil printanier de Rome, les gardes suisses sont entrés, cuirasses de leur uniforme de « Grand Gala » étincellantes, précédés par deux tambours et leur étendard, suscitant l’admiration et l’émoi dans les rangs des familles venues assister à l’événement. Leur hallebarde à la main, le panache couleur de sang de leur casque balayé par le vent du soir, les 34 nouveaux hallebardiers ont ensuite été inspectés par leur commandant, le colonel Christoph Graf. Le chef de la Garde suisse a prononcé un long discours en trois langues rappelant le sens de la formation proposée par cette armée qui s’enorgueillit de former des « artisans de paix ». Le matin même, le pape François avait reçu les nouveaux gardes et salué leur « service toujours généreux et diligent ».
Puis les hymnes du Vatican et de la Suisse ont résonné dans la cour Saint-Damase, et devant le représentant du pontife pour la cérémonie, le substitut Mgr Edgar Peña Parra, le chapelain de la Garde suisse a détaillé le serment que s’apprêtaient à prêter les 34 hallebardiers. Ces jeunes hommes doivent jurer de servir « fidèlement, loyalement et de bonne foi » le Pape, ses successeurs ou encore les cardinaux en période de vacance papale, en « sacrifiant, si nécessaire » leur vie pour leur défense. Ils promettent enfin l’obéissance le respect et la fidélité à leur commandant et à leurs supérieurs.
Comme chaque année, le serment en ce 6 mai fait écho au sacrifice des 147 gardes suisses qui moururent en défendant le pape Clément VII contre l’armée de Charles Quint lors du Sac de Rome, le 6 mai 1506. Seuls 42 gardes purent en réchapper ce jour-là en permettant au pontife, sous leur protection, d’emprunter l’étroite muraille du « Passeto » pour trouver refuge dans le château Saint-Ange.
Appelés un par un par leur nom, les jeunes gardes se sont ensuite avancés d’un pas saccadé et sûr, puis ont posé leur main gauche sur le drapeau et lancé au ciel les traditionnels trois doigts du jurement suisse. Et s’exprimant dans leur langue, ils se sont tous écriés : « Moi, hallebardier …, je jure d’observer loyalement et de bonne foi tout ce qui vient de m’être lu, aussi vrai que Dieu et nos Saints Patrons m’assistent ! »
Seize des nouveaux hallebardiers sont francophones et viennent des cantons de Fribourg, de Vaud, du Valais, de Zürich, de Saint-Gall, et de Genève. Seize autres sont de langue allemande et deux de langue italienne. Tous sont sortis sous les vivats de la foule, au son des tambours et cuivres de l’orchestre de la Garde.