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Pourquoi la France a tout intérêt à renouer avec ses sources chrétiennes

L'évêque Remi de Reims unissant Clotilde et Clovis, roi des Francs.

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Jean-Michel Castaing - publié le 07/05/24
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La France ne pourra persévérer dans son génie propre, aborder les défis qui l’attendent dans le monde et assurer la paix intérieure, qu’en assumant, sans crispation ni exclusion, ses sources chrétiennes, estime Jean-Michel Castaing.

Contrairement à ce que pense un certain landerneau bien-pensant, questionner l’identité chrétienne de la France n’équivaut pas à vouloir à renouer avec un âge d’or où la foi donnait le tempo à notre pays. Les chrétiens sont des gens avisés et conscients des réalités : ils savent que la chrétienté du Moyen-Âge ne reviendra pas. Non, admettre l’identité chrétienne de notre pays, c’est simplement admettre que la France, dans son histoire, mais aussi dans son esprit et, osons le mot, dans son âme, n’est pas compréhensible sans la sève catholique qui a coulé dans ses veines depuis deux mille ans.

Une identité dynamique qui informe notre avenir

Rappeler cette évidence n’est cependant pas suffisant. Sur ce sujet, l’avenir importe plus que le passé. Celui-ci intéresse les historiens et les sociologues, voire les philosophes qui tentent honnêtement de retracer la généalogie de l’ "esprit français". Pour les croyants, en revanche, l’identité chrétienne de la France est une affaire qui concerne plus encore l’avenir. Personne dans l’existence n’est capable de se projeter dans le futur en ignorant qui il est ni d’où il vient. Pareillement, une nation ne réussira à bâtir un projet consistant et durable que si ses membres reconnaissent au préalable ce qu’ils possèdent de commun entre eux. Or, en plus de la langue, ce que les Français partagent entre eux, c’est précisément un vieux fonds chrétien de charité et d’espérance qui fait qu’en tout être humain, ils reconnaissent un frère, même chez le plus misérable, que cette misère soit matérielle, morale ou spirituelle. 

La France, que l’oubli de son baptême a rendue orgueilleuse, est en passe de s’apercevoir que sa prétention au magistère universel n’est pas tenable sans un secours extérieur, sans l’aide d’un Autre.

Aussi la France serait-elle bien inspirée de reconnaître sa dette envers l’Église qui lui a transmis les paroles immortelles de Jésus sur l’amour de tous les hommes, amis, proches, lointains, ennemis ou d’une autre confession, et sur le devoir de service des plus pauvres. La France qui, avec les États-Unis et d’autres pays, s’est crue la dépositaire d’une mission universelle propre, n’a fait que reprendre le flambeau que l’Église avait mis entre ses mains pour enseigner l’Évangile aux nations. Tous les réflexes de notre pays lui sont dictés par cette identité chrétienne, même si, entre temps, il a posé d’autres mots sur la mission qu’il avait reçue initialement de Dieu.

Accélérateur de son déclassement ?

Cette identité chrétienne regarde l’avenir de la France parce que notre pays ne parviendra pas à soutenir la mission universelle qu’il pense avec raison être la sienne sans le secours du Christ. La France, que l’oubli de son baptême a rendue orgueilleuse, est en passe de s’apercevoir que sa prétention au magistère universel n’est pas tenable sans un secours extérieur, sans l’aide d’un Autre. Autrement dit, ce n’est pas à sa vertu propre que la France est redevable de son génie, mais à son élection de "fille aînée de l’Église".

Renouer avec son identité chrétienne permettrait à notre pays de se réconcilier avec lui-même et à nos concitoyens de vivre en paix les uns avec les autres.

Notre pays s’est vu trop beau. Les crises de nature variée qu’il traverse actuellement, avec les autres pays européens, son déclassement dans de nombreux domaines, lui rappellent opportunément que l’oubli de Dieu n’est pas sans effet. À cet égard, fanfaronner en se prétendant "sans identité" constitue une gaminerie indigne d’une nation vieille de deux millénaires. Les grandes civilisations, comme l’Inde et la Chine, doivent rire sous cape devant pareille cuistrerie, elles qui assument sans ciller leur identité propre. Si la France désire retrouver une certaine crédibilité sur la scène internationale, elle a tout intérêt à regarder la réalité en face et se souvenir de l’élection qui a fait d’elle ce qu’elle est.

L’identité chrétienne, source de paix civile  

Enfin, soulignons un dernier point très important qui touche lui aussi l’avenir de notre pays. La Bible nous a appris la dimension centrale du pardon. Par la Croix, Dieu a pardonné au monde. L’avant-dernière demande du "Notre Père" concerne le pardon mutuel que nous devons nous donner les uns aux autres. Or les divisions, parfois sanglantes, sont une tradition dont la France s’est fait une spécialité. Il n’est qu’à entendre les invectives que se lancent les hommes politiques, pour s’en persuader. Renouer avec son identité chrétienne permettrait à notre pays de se réconcilier avec lui-même et à nos concitoyens de vivre en paix les uns avec les autres, même s’ils ne partagent pas les mêmes convictions.

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