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[HOMÉLIE] Quand le Seigneur entre dans ta vie en passant par la porte

annonciation de maurice denis

L'Annonciation, Maurice Denis, 1913, huile sur toile.

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Marc Dumoulin - publié le 07/04/24
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Curé de la paroisse Notre-Dame de Vincennes, le père Marc Dumoulin commente l’évangile de la solennité de l’Annonciation (Lc 1, 26-38). Cet ange qui vient pour nous annoncer Jésus dans notre vie, comme il a visité Marie pour lui annoncer qu’elle avait trouvé grâce auprès de Dieu, saurons-nous l’accueillir ?

Nazareth est aujourd’hui une ville moyenne de Galilée, comme c’était un petit bourg du temps de Marie et de Joseph. On n’en aurait jamais rien su si l’ange Gabriel n’y avait été envoyé par Dieu. Il a choisi ce lieu pauvre et improbable pour commencer le salut qu’il destine à tous les hommes. Pourquoi Dieu a-t-il choisi Marie ? Qui est Marie ? Selon l’Évangile, une jeune fille encore vierge, fiancée à Joseph, un homme de bonne famille descendant de David. Marie porte un nom répandu en son temps, comme six autres femmes du Nouveau Testament. Rien ne nous est dit à son sujet avant la venue de l’ange Gabriel.

Comblée de grâce

Un jour, l’ange entra chez Marie. Rien de sensationnel pour cette entrée : ni ouragan, ni tremblement de terre, ni feu. Gabriel franchit la porte de la maison de Marie comme quiconque. Du reste, cette entrée ne bouleversa pas Marie ; mais bien davantage la Parole que Gabriel lui adressera : "Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. Sois sans crainte Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu" (Lc 1, 28). Voilà ce qui distingue Marie des autres femmes : Marie est comblée de grâce, le Seigneur est avec elle et elle a trouvé grâce auprès de Dieu. L’expérience radicale que fit Marie donne la matrice de ce qui adviendra à ceux qui, après elle et comme elle, accueilleront le Seigneur.

Comme Marie, aurons-nous le cœur assez disponible pour recevoir l’ange du Seigneur et concevoir en nous le Sauveur, et l’Esprit Saint venant sur nous ?

Nous aussi, comme à Nazareth, nous avons souvent l’impression de vivre une vie ordinaire, dans une ville ordinaire, menant des études ordinaires, exerçant un travail ordinaire, pour employer les mots de la vénérable Madeleine Delbrêl. Pourtant, c’est bien dans ce Nazareth-là qu’aujourd’hui, le Seigneur envoie son ange auprès de chacun de nous. Un ange qui entre dans notre vie comme quiconque pénètre chez nous, sans effet extraordinaire, en passant simplement par la porte. Cet ange nous dit, à nous aussi : Le Seigneur soit avec vous, le Seigneur soit avec toi. Il ne veut rien sinon te combler de sa grâce, car chacun trouve grâce auprès de lui. Il veut naître et grandir en toi et souhaite que tu l’appelles par son Nom : Jésus, ce qui signifie Dieu sauve. Il ne souhaite rien tant que d’établir son règne en toi, en nous, un règne qui n’a pas de fin. Car ce qu’il te donne, c’est la vie éternelle. 

Saurons-nous l’accueillir ?

Une question reste posée : cette proposition inouïe que le Seigneur prépare pour chacun de nous, saurons-nous l’accueillir ? Comme Marie, aurons-nous le cœur assez disponible pour recevoir l’ange du Seigneur et concevoir en nous le Sauveur, et l’Esprit Saint venant sur nous ? Accueillerons-nous Celui dont le seul désir est d’établir en nous sa demeure ? Tous, nous demeurons plongés dans nos pensées, nos affaires, les écrits, les oraux, les vacances à préparer. Si troublés que nous soyons par des motifs légitimes : inquiétudes de santé, obsession de réussir ses examens ou sa carrière, soucis financiers, conflits familiaux, ambitions contrariées, si nous sommes ainsi préoccupés, prendrons-nous le risque de rester aveugles à la venue du Seigneur ou de son ange ? Car même si nous ne le voyons pas, le Seigneur ressuscité passe à côté de nous. Il cogne à l’entrée de notre cœur. Lui offrirons-nous la porte fermée d’une institution qui affiche complet ? Ou la porte ouverte de notre maison intérieure, si modeste soit-elle, où Jésus pourra reposer en mendiant notre oui, comme l’ange l’a demandé à Marie ? 

Ne le laissons pas passer sans le voir ni le recevoir. Lorsqu’il viendra dans notre cœur, alors sans rien craindre, déposons nos fardeaux à ses pieds, nos peines et nos blessures, nos déceptions et nos manques d’amour. Surtout, notre joie. Nous en recevrons la vie qu’il veut pour nous, la vie qu’il nous donne, la vie éternelle. 

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