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“Après la croix, il y aura la résurrection”, le douloureux quotidien des catholiques burkinabés

Catholique Burkina Faso, prière, église

Catholique burkinabé dans une église de Ouagadougou, 2019.

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Cécile Séveirac - publié le 28/02/24
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Évêque du diocèse d'Ouahigouya, dans le nord du Burkina Faso, gangrené par les groupes armés terroristes, Mgr Justin Kientaga est revenu le 28 février sur l'insécurité profonde qui bouleverse la vie des catholiques.

Le Burkina Faso semble s'enfoncer dans l'engrenage sans fin de la violence. Endeuillé par des attaques sanglantes menées le dimanche 26 février, dont l'une dirigée contre une église a fait 15 morts, ce pays du Sahel est en proie à une insécurité grandissante liée à l'expansion du djihadisme. C'est dans ce contexte que Mgr Justin Kientaga, évêque du diocèse d'Ouahigouya (nord du pays), dénonce des conditions de vie de plus en plus difficiles des burkinabés, forçant les populations des villages victimes d'attaques terroristes à l'exil.

"Les villages [du nord principalement, ndlr] sont pris pour cible par des hommes armés. Ils rassemblent les gens dehors et sèment la terreur, soit par leur prédications soit en tuant", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse organisée par l'Aide à l'Église en détresse (AED). "Puis ils donnent des délais pour quitter les villages. Ceci entraîne des déplacements de populations qui viennent chercher refuge dans les grandes villes, où se trouvent les forces armées", relève encore l'évêque. De nombreuses paroisses du nord de l'État ne fonctionnent plus aujourd'hui, désertées par leurs curés et leurs paroissiens. Ainsi, dans le diocèse de Kaya, particulièrement touché par la violence djihadiste, huit paroisses sont fermées, affirme Mgr Kientaga. "Dans mon diocèse d'Ouahigouya, ce sont cinq paroisses qui sont vidées de leurs fidèles et quatre écoles sont fermées", déplore Mgr Kientaga.

Nous devons dire aux fidèles de garder courage : après la croix, il y aura la résurrection.

"Il y a eu des martyrs. Des prêtres ont été tués dans le diocèse de Kaya alors qu'ils célébraient la messe", poursuit l'évêque. Face à la hausse de l'instabilité et aux attaques subies par les catholiques, l'évêque ne cache pas son incompréhension. "Pourquoi ? Qui sont ceux qui nous attaquent ? Qui les soutient, que veulent-ils ?", s'interroge-t-il. "Nous n'avons pas la réponse. Mais nous devons dire aux fidèles de garder courage : après la croix, il y aura la résurrection."

Villes et villages sous blocus

Outre les déplacements de populations, plusieurs villes du nord sont placées sous blocus par des groupes djihadistes. Leur approvisionnement en denrées alimentaires est particulièrement difficile, bien que le gouvernement fasse "tout ce qui est en son pouvoir pour acheminer des vivres" estime encore l'évêque. La hausse de la violence et l'imposition de la charia dans certaines parties du pays rend de plus en plus difficile la pratique de la foi chrétienne. "Les femmes sont obligées de se voiler dans certaines régions", affirme l'évêque. Toutefois, "beaucoup sont prêts à fuir mais pas à renier leur foi". En dehors des paroisses fermées, l'Église poursuit sa mission. "Les paroisses continuent d'organiser la vie ecclésiale, et mettent en œuvre des initiatives pour répondre aux besoins spirituels. Les sacrements sont toujours donnés. Nous essayons de vivre notre foi dans la résilience."

Les catholiques représentent environ 20% de la population du Burkina Faso, majoritairement musulmane. Depuis 2014, après que le président Blaise Compaoré ait été chassé du pouvoir, le pays est gangrené par les groupes armés terroristes (GAT) qui multiplient les attentats. "Le Burkina Faso était une société unifiée où régnait le vivre ensemble et la paix", confiait en juin 2023 Mgr Laurent Dabiré, évêque de Dori à Aleteia. "Le terrorisme a donc le champ libre et personne ne peut savoir jusqu’où il ira."

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