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Attaque sanglante contre une église catholique du Burkina Faso, 15 morts

Une église dans le nord du Burkina Faso (illustration)

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Alain Kléan - publié le 25/02/24 - mis à jour le 27/02/24
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Au moins quinze fidèles ont été tués et deux autres blessés dans une attaque survenue dimanche dans une église catholique du diocèse de Dori, dans le nord du Burkina Faso, non loin des frontières du Mali et du Niger.

Une tragédie sans fin pour les catholiques du Burkina Faso. "C’est dans la foi et dans l’espérance que nous portons à votre connaissance l’attaque terroriste dont a été victime la communauté catholique d’Essakane-Village ce jour 25 février 2024, alors qu’elle était réunie pour la prière du dimanche", a fait savoir dans un communiqué le diocèse de Dori, dans le nord du Burkina Faso. Et d'égrener un effroyable bilan : 15 morts et deux blessés. "En cette circonstance douloureuse, reprend le communiqué, nous vous invitons à la prière pour le repos en Dieu de ceux qui sont morts dans la foi, pour la guérison des blessés et pour la consolation des cœurs éplorés. Prions aussi pour la conversion de ceux qui continuent de semer la mort et la désolation dans notre pays, est-il écrit dans le communiqué. Que nos efforts de pénitence et de prière en ce temps béni du Carême nous obtiennent la paix et la sécurité pour notre pays le Burkina Faso."

Sans détailler les circonstances précises de cette attaque, probablement djihadiste, le le diocèse de Dori indique que douze personnes sont mortes sur place, tandis que trois autres sont décédées au CSPS (Centre de santé et de promotion sociale) "par suite de leurs blessures". Essakane-Village se trouve dans la zone dite des "trois frontières", aux confins du Burkina, du Mali et du Niger, un repaire de groupes djihadistes. Depuis 2015, le Burkina Faso est confronté à des violences djihadistes attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique. Près de deux millions de personnes ont été obligées de se déplacer à l’intérieur du pays en raison de ses violences, qui ont fait entre 16.000 et 20.000 morts. Pour mémoire, le Burkina Faso est un pays majoritairement musulman (plus de 60%), les chrétiens représentant près d’un quart de la population. Ces derniers sont principalement des catholiques (20%).

Les églises régulièrement attaquées

Des attaques visent régulièrement des églises dans ce pays, où des enlèvements de religieux chrétiens se sont également multipliés. Deux scouts ont été froidement assassinés dans une église en octobre 2023. En janvier, on apprenait comment le père Jacques Yaro Zerbo avait été tué. En février 2020, 24 personnes ont été tuées et 18 autres blessées dans une attaque contre une communauté protestante, dans le village de Pansi, dans le nord du pays. Entre avril et mai 2019, deux attaques distinctes contre deux églises catholiques, à Touflé et Dablo, deux localités du nord du pays également, avaient fait quatre et six morts.

Les catholiques représentent un peu moins de 22% de la population du Burkina Faso. Dans un entretien à Aleteia, en juin 2023, Mgr Laurent Dabiré, évêque de Dori et président de la conférence épiscopale du Burkina Faso et du Niger, déplorait qu’ "au Burkina Faso et dans le Sahel en général, le terrorisme a créé une situation où la liberté religieuse ne s’exprime plus aussi bien que par le passé, il y a dix ou vingt ans. Depuis que le terrorisme s’est installé au Sahel, on ne fait que reculer en termes de liberté religieuse." Il décrivait une situation dramatique, "conséquence de l’instabilité politique qui dure depuis près de vingt ans. […] Nous ne connaissons pas les objectifs des terroristes aujourd’hui, mais on a vu que tout au long de ces années, ils ont mis à mal la cohésion sociale du pays. Le Burkina Faso était une société unifiée où régnait le vivre ensemble et la paix. Les habitants se regardent désormais avec méfiance et nous avons vu arriver les conflits communautaires, avec une dimension religieuse : les musulmans contre les autres, voire certains courants de l’islam contre d’autres. Les questions d’inégalité, de précarité, de pauvreté entrent aussi en ligne de compte. On n’en finit pas." 

Relevant ici est là des motifs d’espérance et saluant la foi des catholiques de son diocèses dans cet environnement anxiogène, Mgr Laurent Dabiré relevait néanmoins que les catholiques étaient affectés "notamment dans [leur] liberté de mouvement, parce que lorsque l’on ne peut plus visiter les fidèles, faire un pèlerinage, tenir des réunions sans craindre des attaques, célébrer l’Eucharistie, quand on ne peut plus prendre la route pour se maintenir en relation avec les autres chrétiens sereinement, la vie de l’Église est affectée." Il soulignait avoir dû fermer plusieurs paroisses ces dernières années pour des questions de sécurité.

Dans un télégramme envoyé ce lundi 26 février, le pape François a exprimé sa "profonde affliction" après cette attaque et fait mention de l'attaque survenue lundi dans une mosquée du pays. "La haine n’est pas la solution aux conflits", affirme-t-il, plaidant pour un respect des lieux sacrés. Dans son message, envoyé par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin à Mgr Laurent Dabiré, le Pape affirme s’associer au deuil des familles et prier pour le repos des personnes décédées. François enjoint en outre à lutter "contre la violence en vue de la promotion des valeurs de la paix" et invoque des bénédictions abondantes sur le Burkina Faso.

Les attaques meurtrières qui ont visé des lieux de culte chrétiens ces dernières années

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