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Nous sommes désormais à cinq mois de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, et l’organisation est soumise à des pressions de plus en plus fortes de la part de ceux qui se plaignent du futur évènement, et notamment des donneurs de leçons de tout bois à motifs bariolés et contradictoires : billets trop chers, projet pas assez écologique, budget trop élevé, peurs diverses et variées de possibles attentats, etc. Il y a ensuite tous ceux qui vont avoir à subir des désagréments dans leur organisation personnelle et professionnelle. On attend encore par exemple tous les plans définitifs de circulation, mais prendre sa voiture ou son véhicule utilitaire tiendra sans doute du cauchemar, avec en point d’orgue le boulevard périphérique fermé sur sa majeure partie.
On rétorquera que la période du 26 juillet au 11 août est traditionnellement celles des vacances, mais l’olympiade paralympique se déroulera elle du 28 août au 8 septembre et viendra percuter la rentrée scolaire des Franciliens. Face à cela, on entend beaucoup dirent que ces derniers fuiront la capitale pendant l’été. Encore faut-il en avoir le loisir…Et puis beaucoup d’autres veulent au contraire profiter de l’événement le soir ou les week-ends en marge de leur travail. On sent également les appels au télétravail se multiplier que ce soit via les institutions publics… ou les salariés eux-mêmes.
Deux mondes s’affrontant
Une des polémiques les plus reprises par les médias et celles des bouquinistes des quais de Seine à qui l’on avait demandé pour des raisons de sécurité d’enlever leurs célèbres boîtes vertes afin de faciliter le passage des piétons notamment lors de la fameuse cérémonie d’ouverture prévue sous la forme d’un défilé nautique sur la Seine. Moyennant prise en charge du démontage et remontage de leurs boîtes, et même restauration si nécessaires, l’État et la ville de Paris pensaient avoir fait les choses comme il faut.
Bien au contraire, nombre de personnes influentes ont pris fait et cause pour la défense des bouquinistes, en une belle illustration caricaturale de deux mondes s’affrontant : d’un côté les amoureux du sport, les organisateurs des JO, la préfecture de police et le public venant à Paris spécialement pour l’événement, et de l’autre les défenseurs de la culture, du Paris intellectuel, de la tradition immuable. Il était question de déplacer un peu plus de 400 boîtes du 15 au 30 juillet sachant qu’un des points d’achoppement était l’indemnisation du manque à gagner. Pour faire un parallèle, on imagine juste un instant les commerçants de Paris touchés depuis des années par les travaux de circulation de la mairie de Paris obtenir compensation de leur manque à gagner…
Des intellectuels et des écrivains prestigieux ont fait peser tout leur poids dans les réunions de conciliation de plus en plus houleuses, et finalement « Jupiter », alias le président Macron, a décidé de ne plus bouger les bouquinistes, avec pour conséquence la réduction du nombre de spectateurs autorisés sur la partie haute des berges de Seine notamment pour la cérémonie d’ouverture.
Tout remonte au sommet de l’État
Qu’en conclure ? Primo que certaines causes valent plus que d’autres et que l’intensité médiatique est la meilleure solution pour faire plier l’autorité publique, et on pourrait écrire des tomes sur ce sujet. Secundo, que notre pays ressemble à s’y méprendre à une monarchie, où tout remonte au sommet de l’État, avec pouvoir de faire et défaire à tout moment. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la couleuvre a été spécialement dure à avaler pour tous les « serviteurs » publics à qui on avait demandé de tenir bon et de mettre en place des aménagements. Le principe des injonctions contradictoires a certainement culminé à un point haut… Tertio, le sport est très facilement caricaturé dans notre pays, et le caractère historique exceptionnel de ce qui va se passer le 26 juillet à Paris n’émeut pas autant de monde que l’on croit, et certainement pas un bataillon significatif de nos intellectuels.
Finalement quel est notre bien commun ? Que sommes-nous prêts à accepter de renoncements pour un bien collectif supérieur ?
Quarto et ce qui est de loin le plus important, ce petit sujet de 400 et quelques boîtes de livres montre la grande maladie de notre pays : l’impression d’iniquité dans le rapport à l’autorité publique et conséquemment la capacité à la remettre en cause à tout bout de champ. On se souvient de l’épisode ô combien plus important de la limitation des 80 km/h sur les routes de France. On est exactement dans la même veine. Et on imagine la colère sourde de ceux qui seront coincés dans de monstres embouteillages fin juillet pour aller impérativement livrer un colis, ou transporter un client, mais qui n’auront pas eu la même caisse de résonance que nos chers bouquinistes.
Restaurer l’image de la Cité
Finalement quel est notre bien commun ? Que sommes-nous prêts à accepter de renoncements pour un bien collectif supérieur ? Est-ce que l’intérêt de mon pays et son rayonnement font que je m’adapte dans mon quotidien pour un temps donné ? Les quinze jours ou quatre semaines de Jeux olympiques ne sont-ils pas une grande cause universelle de fraternité et de paix ? Ou devons-nous placer les limites de nos intérêts, voire de nos égoïsmes ? Cette petite affaire en dit long sur le travail que doivent mener les hommes politiques pour restaurer l’image de la Cité dans le cœur et l’intelligence de chacun, afin d’y vivre paisiblement en respectant les règles.