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Mathilde Margail : “Nous sommes les artisans de notre bonheur”

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Mathilde Margail

Morgane Afif - publié le 16/02/24

Mathilde Margail, créatrice de contenus mode et art de vivre sur Instagram, se livre pour Aleteia avec authenticité et humour sur les joies et les croix de sa vie de femme dans un entretien lumineux.

Du léopard sur fond de ciel bleu, des fleurs, et au loin la montagne. En hiver, le désert immaculé de la neige qui a bordé les sommets des Hautes-Alpes ; en été, les eaux cristallines de la Méditerranée et les rochers brûlants du Frioul et des calanques. Une serviette à rayures jaunes, comme le soleil et son alliance, une carafe en porcelaine, du champagne, des vacances au bout du monde, des hôtels cinq étoiles, une décapotable, les cheveux au vent sous un carré Hermès. Mathilde Margail, ça pourrait presque être un concept. Mariée en 2020, Mathilde est l’épouse d’un médecin militaire, habite à Gap et a fait de l’influence son métier. Ses photos qui semblent tirées tantôt d’un numéro de Maisons Côté Sud, tantôt d’un ancien Vogue, sont souvent prétexte à aborder, avec cet humour grave et spirituel qui lui est propre, des sujets lumineux. Mariage, fausse-couche, infertilité, troubles du comportement alimentaire, famille nombreuse, foi : Mathilde se livre, sans tabou mais avec pudeur et beaucoup de second degré, sur les joies et les croix qui font sa vie de femme.

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Aleteia : Derrière les clichés ravissants et leurs légendes incisives, qui est la vraie Mathilde Margail ?
Mathilde Margail : J’ai 32 ans, ressenti 25 à vie. Je suis la septième d’une famille de neuf enfants. Nous sommes huit filles, pour un garçon. Je vous rassure tout de suite, parce que je vous entends déjà vous dire : “Le pauvre !”, mais il n’est pas à plaindre. Puisque je dois me décrire, je dirais que je suis du genre optimiste, avec je crois, une sacrée capacité à tout relativiser. Je suis aussi un peu (beaucoup ?) fantasque : j’aime le rêve, le fou et ce qui sort de l’ordinaire. Plus jeune, je rêvais de devenir chroniqueuse pour un grand magazine de mode. Finalement c’est un peu le métier que j’ai choisi. J’essaie au maximum d’utiliser la voix que j’ai sur les réseaux pour porter ces sujets qui me tiennent à cœur : l’acceptation de soi, le don du sang et de moëlle osseuse ou l’infertilité. Je veux que mon métier soit au service du bien.

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Comment avez-vous trouvé votre place au sein d’une famille si nombreuse ?
En apprenant à parler très fort… (rire) Plus sérieusement je crois que le fait d’être une fille de plus dans une famille de filles aide à se forger une vraie personnalité. Si sur les photos tout le monde nous confond un peu, nous sommes toutes très différentes. Cette configuration familiale a forcément influencé ma façon de toujours vouloir me différencier et mon goût pour l’originalité. Mais j’ai de la chance, nos parents nous ont donné à chacune une place propre en prenant du temps avec chacun de leur neuf enfants, individuellement. Nous sommes une famille, pas un groupe indistinct de plein d’enfants qui se ressembleraient tous un peu. C’est à mes parents, d’ailleurs, que je dois ce que j’ai reçu de plus précieux : un exemple de couple solide et amoureux. J’ai grandi au sein d’un foyer dans lequel je n’ai jamais vu la moindre violence, ni verbale, ni physique. Au contraire, j’ai toujours vu mes parents se donner la main, se dire des mots doux et prendre du temps pour eux.

Comment avez-vous rencontré votre mari ? Vous avez décidé très vite de vous fiancer, avez-vous toujours été si sûre de vous dans les autres grandes décisions de votre vie ?
J’ai rencontré mon mari il y a maintenant cinq ans lors d’une soirée organisée par des amies pour mon anniversaire. J’ai très vite été sûre que c’était lui. Un mois plus tard, il traversait la France pour venir me dire que j’étais la femme de sa vie et cela m’a semblé tout naturel alors même donc que nous ne nous étions vus qu’une fois seuls à seuls. Ni lui, ni moi n’avons peur de l’engagement, il m’a paru tout aussi normal de recevoir sa demande en mariage, un mois après, et de dire oui. Je crois profondément qu’un engagement tient plus du choix que de la certitude. Le doute fait partie intégrante du quotidien, mais si on attend de ne plus douter pour avancer… on n’avance pas.

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Quel est votre rapport à la foi ? Vous souvenez-vous d’un tournant où la foi que vous avez reçue de vos parents est devenue une foi personnelle ?
La foi fait partie intégrante de mon quotidien. Je parle à Dieu comme à un ami. Je lui confie toutes mes gratitudes et elles sont nombreuses car j’ai la joie de vivre une vie que je n’aurais jamais imaginé rêver, plus jeune. Je lui confie aussi mes peines et ma colère, parfois. Je lui demande de me donner la force de supporter les épreuves et de toujours considérer le bien. Aussi loin que je m’en souvienne, même enfant, j’ai toujours fonctionné ainsi. Je ne crois pas avoir eu de vraie conversion personnelle ; j’ai lentement glissé de la foi donnée par mes parents à la mienne en propre sans avoir à la remettre en question, comme on vit une amitié saine et durable, en somme.

Vous faites régulièrement face aux absences de votre mari militaire. L’absence est-elle une force, ou au contraire, une menace pour le couple ?
Toutes les absences ne se vivent pas de la même manière : parfois, le manque se fait plus grand et les épreuves sont plus dures à traverser seule. Je ne vois jamais l’absence comme une menace mais plutôt comme un manque qui fait grandir notre amour. Nous profitons toujours de ces temps pour nous écrire des lettres, nous faire des cadeaux, des surprises, nous organisons des grandes retrouvailles, un beau voyage que je prépare chaque jour en rêvant au retour. Et puis, l’absence est aussi un temps privilégié pour faire grandir les amitiés, se retrouver avec soi-même et faire le point. La joie des retrouvailles surpasse toutes les autres, tout comme celle du d’être émerveillés du simple fait d’être ensemble.

Vous avez déjà évoqué le sujet des troubles du comportement alimentaire (TCA) dont vous avez souffert. Que voudriez-vous dire à celles qui y font face et qui pensent ne jamais parvenir à s’en sortir ?
J’ai été atteinte de TCA pendant une dizaine d’années, soit un tiers de ma vie, durant lequel le rapport à la nourriture et à mon corps n’était que conflictuel. J’ai beaucoup souffert et beaucoup fait souffrir : il ne faut jamais oublier que derrière une personne malade, il y a tout un entourage qui souffre avec elle. Pendant toutes ces années j’ai alterné les phases d’anorexie et de boulimie et les allers-retours à l’hôpital pour essayer de m’en sortir. C’est un combat terrible à mener, presque contre soi-même. Évidemment, j’ai rechuté, souvent, avant la guérison, mais j’ai toujours gardé en tête que ma famille et mes amies croyaient en moi. Saint-Exupéry écrivait, en racontant l’histoire d’Henri Guillaumet, un explorateur perdu dans les Andes : « Je marche car ma femme pense que je marche ». J’ai gardé en tête cette phrase et me répétais souvent : « Je me bats car Maman pense que je me bats ». Cela m’a permis de ne pas baisser les bras. Cela m’a demandé force et abandon, confiance dans les systèmes de soin, aussi, mais j’ai réussi. C’est ça que je veux dire à toutes les personnes qui souffrent de TCA. N’ayez pas peur de demander de l’aide : il n’est à mes yeux pas de plus grande force que de savoir reconnaitre ses faiblesses. Ayez confiance, gardez espoir, la vie a bien plus à vous apporter que vous ne le croyez.

Vous avez déjà évoqué pour Aleteia le sujet de l’infertilité. Certains couples qui y font face se retranchent dans leur douleur, vous, vous semblez avoir choisi la joie : comment affronter l’attente et la rendre féconde ?
L’infertilité est une épreuve terrible pour le couple, et le deuil de l’enfant désiré qui ne vient pas est ravivé chaque mois. On peut facilement être tenté de se retrancher dans la tristesse que cette attente infinie procure. On peut aussi décider d’habiter cette absence du mieux que l’on peut. Nous sommes les artisans de notre bonheur : si nous voulons une belle vie, nous devons rendre notre vie belle. On peut tout avoir et être triste de la seule chose qui nous manque. On peut n’avoir presque rien et être heureux du peu que l’on a. J’aime dire que si nous ne devons être que deux, je veux que ce soit le plus beau deux qui soit, pour offrir à notre enfant, si et quand il viendra, un couple solide et épanoui. Je fais confiance à Dieu, même si j’aimerais que ses projets soient un peu plus limpides. Je trouve très réconfortant de pouvoir m’abandonner dans Ses mains et de savoir que puisqu’Il m’aime, Il me donnera ce qui est bon pour moi et pour nous. Dans notre paroisse nous avons été appelés dans le cadre de la préparation au mariage à présenter le topo sur la fécondité, nous, le couple qui n’arrive pas à avoir d’enfant. Le temps et les grâces reçues nous ont montré que fécondité et fertilité sont deux choses différentes. Être fécond c’est donner de la vie, plutôt que la vie et si la vie est ce qu’on en fait, autant en faire quelque chose de beau.

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