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Ça commence à sentir le sapin ! Très, très fort, même ! Nous sommes le dernier dimanche en vert, le dernier dimanche du temps ordinaire puisque dimanche prochain, nous clôturerons notre année liturgique avec la fête du Christ-Roi de l’univers. Et pour l’occasion, le prêtre portera des ornements blancs ou dorés. Puis nous commencerons un nouveau cycle avec le temps de l’Avent qui nous portera jusqu’à Noël.
Un avant-goût du Ciel
Ce dimanche, nous voici quasiment au terme de cette année liturgique. Et les textes de la liturgie nous le font bien sentir. Un peu comme les dernières recommandations que l’on donne à une personne en fin de vie pour l’inviter à désirer le Ciel de façon plus ardente et à se préparer à la grande rencontre. Cette fin d’année liturgique marque la fin d’un cycle et apparaît comme une "petite mort". Il y a donc dans les lectures de ce dimanche un avant-goût du Ciel, sous différentes formes : des exhortations à viser le Ciel, des rappels qu’un jour nous aurons des comptes à rendre pour "entrer dans la joie de notre Seigneur". Dès lors, penchons-nous plus attentivement sur les textes que nous venons d’entendre.
Pour la première lecture (Pr, 31), ce n’est pas flagrant : il y est question de cette femme édifiante qui remplit avec cœur toutes ses missions, qui accomplit son devoir d’état consciencieusement et même plus. Est-ce que nous ne pourrions pas y voir une image de ce que devrait être notre vie : un travail accompli de façon diligente, minutieuse, avec une attention à chacun ? Un jour, nous comparaîtrons devant Dieu et nous aurons à Lui présenter notre vie, nos actions, notre travail, notre implication dans la vie e ce monde. Puisse notre livre de vie décrire la même attitude que cette "femme parfaite".
"Tu verras le bonheur de Jérusalem"
Le psaume 127 s’inscrit dans la même lignée : cette fois, il s’agit de "l’homme qui craint le Seigneur" — non pas de cette crainte servile qui fait que l’on agit par peur, dans l’appréhension d’être puni, mais cette crainte respectueuse, amoureuse même, qui fait que l’on agit dans le but de complaire à notre Maître et Seigneur. Par l’intermédiaire du psalmiste, Dieu promet à l’homme juste une vie familiale et professionnelle heureuse. Mais le dernier verset ouvre en plus une perspective eschatologique. Si l’on considère, comme le fait le Livre de l’Apocalypse, que Jérusalem est une annonce de la cité sainte, de la cité du Ciel et, donc par extension, du paradis, le verset "Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie" résonne de façon particulière : tout comme "la femme parfaite", "l’homme qui craint Dieu", celui qui accomplit Sa sainte volonté, se verra récompensé en ce monde et dans l’au-delà.
Le temps s’écoule
Alors, l’avantage avec l’extrait de lettre de saint Paul à la communauté de Thessalonique — la deuxième lecture —, c’est que les choses sont claires, écrites noir sur blanc : "Le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit" (1Th 5, 2). L’apôtre, avec ses mots à lui, reprend l’invitation de la première lecture et du psaume à une vie fidèle, juste, cohérente : "Vous n’êtes pas dans les ténèbres — vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n’appartenons pas à la nuit et aux ténèbres" (v. 5). Et sa finale — "soyons vigilants" (v. 6) — nous renvoie à la conclusion du passage d’Évangile du dimanche précédent : "Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure" (Mt 25, 13).
Soyons toujours prêts à rendre compte de notre vie, de nos choix devant Dieu.
En cette fin d’année liturgique, qui nous rappelle que le temps passe, que le temps s’écoule, c’est un rappel salutaire : soyons toujours prêts à rendre compte de notre vie, de nos choix devant Dieu. Je peux être rappelé ce soir-même ou demain… ou dans cinquante ans : ma vie est dans les mains de Dieu. Pardon de ce rappel qui glace peut-être tel ou tel, mais la mort est une réalité à laquelle nous n’échapperons pas, une réalité que nous occultons parfois, que nous ne voulons pas voir, ni même envisager. Mais si nous, catholiques, acceptions de voir dans la mort cette porte qui nous permettra enfin de comparaître devant Dieu et de Le voir, de Le contempler face à face !
Quels sont mes talents ?
Qu’aurons-nous à présenter à Dieu au moment de cette grande rencontre ? C’est le sujet de la parabole du Seigneur (Mt 25, 14-30). Nous viendrons devant Dieu avec le et ou les talents qui nous ont été confiés. Arrêtons-nous un instant sur ces talents, ces dons, ces capacités que nous avons reçus. Première chose : chacun d’entre nous en a été doté. Personne n’a été exclu de cette distribution. Aucun ne peut dire : "Moi, j’ai été oublié : je n’ai aucune qualité, je ne sais rien faire…" Même si vous avez tendance à vous dénigrer, à voir davantage vos limites que vos facilités, faites l’exercice de vous poser un instant et, objectivement, de faire le point sur ce que vous réussissez, sur ce que vous savez faire.
Lors de votre arrivée au Ciel, au moment solennel de votre jugement particulier, il vous sera demandé des comptes sur ce ou ces talents.
C’est peut-être inné, c’est peut-être acquis mais c’est là, et cela vous appartient et avec cette qualité, vous avez la possibilité de faire le bien… ou pas : c’est le défaut de ce troisième serviteur qui va enfouir son talent. Certes il n’en a qu’un, un seul — là où les autres en ont plus — mais ce talent-là, ce tout petit talent, ce talent unique, il est fait pour fructifier. Alors, ne manquez pas de remercier Dieu de ce don qu’Il vous a permis d’obtenir. D’autant plus que lors de votre arrivée au Ciel, au moment solennel de votre jugement particulier, il vous sera demandé des comptes sur ce ou ces talents. Et, grâce à cette parabole, nous savons très bien ce qui arrive à celui qui a été négligent.
Au service des biens et des personnes
Un dernier point, pour que ces talents puisse prendre une dimension concrète : ces talents représentent — nous l’avons dit — vos qualités, vos capacités, vos aptitudes. Et cela peut être très concret : le discernement, le sens des priorités, le commandement, la patience, l’écoute, l’obéissance, l’engagement, la loyauté. La liste est longue ! Et puisque ces talents de la parabole représentent une somme d’argent, il peut donc s’agir aussi d’un bien : une entreprise, un commerce, une maison. Concrètement, est-ce que j’en prends soin ? Est-ce que j’en fais un bon usage ? Suis-je prudent dans la gestion de ce bien ? Suis-je attentif à ceux qui y travaillent ?
Ce talent qui nous est confié peut aussi représenter, par extension, des personnes : au Ciel, j’aurais à rendre des comptes sur ma femme, mon mari, mes enfants, mes parents, mes filleuls, mes proches, mes collaborateurs et mes subordonnés. La liste est longue car nous ne vivons pas seuls dans notre tour d’ivoire. Encore une invitation à faire attention à notre frère, à prendre soin de lui dans la mesure de nos responsabilités. "Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens…"