Face à l’horreur de la guerre, Mgr Pierbattista Pizzaballa a choisi d’opposer les armes de la prière et la douceur. Le patriarche latin de Jérusalem a consacré la Terre sainte au Cœur immaculé de Marie le 29 octobre lors d’une messe célébrée au sanctuaire de Deir Rafat. «À ton Cœur Immaculé nous nous confions et nous nous consacrons solennellement, ainsi que notre Église, l'humanité entière, les peuples du Moyen-Orient et, surtout, les peuples de Terre sainte, qui t'appartiennent, puisque tu les as embellis par ta naissance, par tes vertus et par tes douleurs, et que c'est de là que tu as donné au monde le Rédempteur", a-t-il déclaré. "Fais que la guerre prenne fin et que la paix se répande dans nos villes et nos villages".
En cette période douloureuse, "nous nous tournons vers vous parce que vous nous aimez et que vous nous connaissez", a-t-il affirmé. "L’humanité s'est éloignée du chemin de la paix. Elle a oublié les leçons tirées des tragédies du passé récent, des sacrifices de millions de personnes tombées au combat". Et le patriarche de reprendre : "Vierge Marie, guide les dirigeants du monde et ceux qui décident du destin des nations, afin qu'ils prennent des décisions conformes à la justice et à la vérité, et qu'ils œuvrent pour le bien commun".
Que ton toucher maternel apaise ceux qui souffrent et fuient les roquettes et les bombes.
Mgr Pizzabella a par ailleurs supplié Marie afin qu’ "au milieu du tonnerre des armes", elle "transforme nos pensées en paix et nos épées en socs de charrue". "Que ton toucher maternel apaise ceux qui souffrent et fuient les roquettes et les bombes. Que ton étreinte maternelle réconforte ceux qui sont blessés ou contraints de quitter leur maison, ceux qui ont perdu des membres de leur famille, ceux qui sont portés disparus et emprisonnés", a-t-il conclu.
Pour mémoire, consacrer signifie "dédier à un but sacré". Le terme revient très souvent dans le vocabulaire de l’Église que ce soit pour les lieux (églises), les personnes (religieux ou laïcs consacrés) et les objets liturgiques, ou encore, cœur de la foi chrétienne, pour la consécration eucharistique. Cette démarche personnelle s’est étendue dès le Moyen Âge à des villes, puis à des pays. Ainsi, Louis XIII a consacré la France à Marie en 1638, une démarche imitée ensuite par des évêques ou des papes, pour des pays et lieux définis, voire pour le monde entier. La première consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie est faite par Pie XII, pendant la deuxième guerre mondiale, le 31 octobre 1942. Dans son exhortation apostolique Reconciliatio et poenitentia publiée en 1984, Jean Paul II expliquait la démarche :
C’est entre les mains de cette Mère, c’est à son Cœur immaculé – auquel nous avons confié plusieurs fois l’humanité entière perturbée par le péché et déchirée par tant de tensions et de conflits – que je remets spécialement cette intention : que par son intercession, l’humanité découvre et parcoure le chemin de la pénitence, l’unique chemin capable de la conduire à une totale réconciliation !
Un acte de consécration s’adresse en réalité à Dieu le Père, par l’intercession de la Vierge Marie. Cela implique, comme le souligne Jean Paul II, d’être soutenu par un chemin de conversion.