Aleteia logoAleteia logoAleteia
Vendredi 01 décembre |
Saint Eloi
Aleteia logo
Décryptage
separateurCreated with Sketch.

Décryptage des Dubia : la Révélation divine peut-elle être réinterprétée ?

amoct2719-pope-francis-holy-mass-closing-amazonia-synod-antoine-mekary-aleteia-am_3642.jpg

Antoine Mekary | ALETEIA

Messe de clôture du synode pour l'Amazonie, 27 octobre 2019.

La rédaction d'Aleteia - publié le 19/10/23

Le pape François a répondu par la voix du dicastère pour la Doctrine de la foi à cinq dubia (doutes/questions) adressées en juillet dernier par cinq cardinaux. Décryptage de la réponse du pape François à la première question portant sur la réinterprétation de la Révélation divine en fonction des changements culturels et anthropologiques.

Le dicastère pour la Doctrine de la foi a rendu publique ce 2 octobre 2023 la lettre du pape François, datée du 11 juillet dernier, répondant aux cinq cardinaux, Walter Brandmüller, Raymond Burke, Juan Sandoval Íñiguez, Robert Sarah et Joseph Zen, qui avaient adressé un premier message exprimant leurs doutes – dubia, dubium au singulier, en latin – à l’approche de l’ouverture du Synode sur l’avenir de l’Église.

Voici la question (dubuim) n°1 des cardinaux portant sur la réinterprétation de la Révélation divine en fonction des changements culturels et anthropologiques suivie de la réponse du Pape.

) Dubium sur l’affirmation selon laquelle la Révélation divine devrait être réinterprétée en fonction des changements culturels et anthropologiques en cours.

Suite aux affirmations de certains évêques, qui n’ont été ni corrigées ni rétractées, la question se pose de savoir si la Révélation divine dans l’Église doit être réinterprétée en fonction des changements culturels de notre temps et de la nouvelle vision anthropologique que ces changements promeuvent ; ou si la Révélation divine est contraignante pour toujours, immuable et donc à ne pas contredire, selon ce qui a été dicté au Concile Vatican II et qui stipule qu’à Dieu qui révèle est due «l’obéissance de la foi» (Dei Verbum 5) ; que ce qui est révélé pour le salut de tous doit rester «à jamais intact» et vivant, et être «transmis à toutes les générations» (7) et que le progrès de l’intelligence n’implique aucun changement dans la vérité des choses et des mots, parce que la foi a été «transmise une fois pour toutes» (8), et que le Magistère n’est pas supérieur à la Parole de Dieu, mais n’enseigne que ce qui a été transmis (10).

Réponse du Pape François

Chers frères,

Bien qu’il ne me semble pas toujours prudent de répondre aux questions qui me sont directement adressées, et qu’il me serait impossible de répondre à toutes, dans le cas présent, j’ai jugé opportun de le faire en raison de la proximité du Synode.

Réponse à la première question

a) La réponse dépend du sens que l’on attribue au mot «réinterpréter». S’il est compris comme «mieux interpréter», l’expression est valable. En ce sens, le Concile Vatican II a affirmé qu’il est nécessaire que, par le travail des exégètes – et j’ajouterais, des théologiens – «le jugement de l’Église mûrisse»  (Concile œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique Dei Verbum, 12).

b) Par conséquent, s’il est vrai que la Révélation divine est immuable et toujours contraignante, l’Église doit être humble et reconnaître qu’elle n’épuise jamais son insondable richesse et qu’elle a besoin de grandir dans sa compréhension.

c) Par conséquent, elle grandit aussi dans sa compréhension de ce qu’elle a elle-même affirmé dans son Magistère.

d) Les changements culturels et les nouveaux défis de l’histoire n’altèrent pas la Révélation, mais peuvent nous stimuler à mieux exprimer certains aspects de sa richesse débordante et qui offre toujours plus.

e) Il est inévitable que cela puisse conduire à une meilleure expression de certaines affirmations passées du Magistère, et cela s’est effectivement produit au cours de l’histoire.

f) D’autre part, il est vrai que le Magistère n’est pas supérieur à la Parole de Dieu, mais il est également vrai que tant les textes de l’Écriture que les témoignages de la Tradition ont besoin d’une interprétation qui permette de distinguer leur substance pérenne du conditionnement culturel. Cela est évident, par exemple, dans les textes bibliques (comme Exode 21:20-21) et dans certaines interventions magistérielles qui ont toléré l’esclavage (cf. Nicolas V, Bulle Dum Diversas, 1452). Il ne s’agit pas d’un argument secondaire, vu son lien intime lié à la vérité éternelle de la dignité inaliénable de la personne humaine. Ces textes doivent être interprétés. Il en va de même pour certaines considérations du Nouveau Testament sur les femmes (1 Corinthiens 11 : 3-10 ; 1 Timothée 2 : 11-14) et d’autres textes de l’Écriture et témoignages de la Tradition qui ne peuvent être répétés tels quels aujourd’hui.

g) Il est important de souligner que ce qui ne peut pas changer, c’est ce qui a été révélé «pour le salut de tous» (Concile œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique Dei Verbum, 7). Par conséquent, l’Église doit constamment discerner ce qui est essentiel pour le salut et ce qui est secondaire ou moins directement lié à ce but. Je souhaite rappeler ce qu’affirmait saint Thomas d’Aquin: «plus on descend dans les détails, plus l’indétermination augmente» (Summa Theologiae 1-1 1, q. 94, art. 4).

h) Enfin, la seule formulation d’une vérité ne pourra jamais être adéquatement comprise si elle est présentée isolément, isolée du contexte riche et harmonieux de l’entière Révélation. La «hiérarchie des vérités» implique également de placer chaque vérité en juste connexion avec des vérités plus centrales et avec l’enseignement de l’Église dans son ensemble. Cela peut enfin éventuellement conduire à différentes manières d’exposer la même doctrine, même si «pour ceux qui rêvent d’une doctrine monolithique défendue par tous sans nuance, cela peut sembler une dispersion imparfaite. Mais en réalité, cette variété aide à mieux manifester et à développer les différents aspects de l’inépuisable richesse de l’Évangile» (Evangelii gaudium, 40). Tout courant théologique comporte des risques, mais aussi des opportunités.

Tags:
révélationSynode
Soutenez l’aventure missionnaire qu’est Aleteia !

Vous n’avez jamais fait un don à Aleteia ?  De grâce, faites-le, maintenant.

Aleteia se doit d’être gratuit : les missionnaires ne font pas payer l’évangélisation qu’ils apportent. Grâce à cette gratuité, chaque mois 10 à 20 millions d’hommes et de femmes - majoritairement des jeunes -, visitent la cathédrale virtuelle qu’est Aleteia. Mais vous le savez, si l’entrée de nos églises n’est pas payante, c’est parce que les fidèles y donnent à la quête.

Vous aimez Aleteia ? Vous voulez être de l’aventure missionnaire qu’est Aleteia ?

Alors, sans attendre, aujourd’hui même, donnez !

*avec déduction fiscale
FR_Donation_banner.gif
Le coin prière
La fête du jour





Confiez vos intentions de prière à notre communauté de plus de 550 monastères


Top 10
Afficher La Suite
Newsletter
Recevez Aleteia chaque jour. Abonnez-vous gratuitement