Sur l’esplanade de la cathédrale de la Major, face à la Méditerranée où se couche un soleil orange, règne une ambiance de fête de village. 650 convives s'y sont réunis pour un banquet solidaire à l'occasion des Rencontres méditerranéennes et de la venue du Pape, vendredi 22 septembre.
Une majorité d’entre eux sont venus grâce au tissu associatif marseillais. En situation de précarité, ils bénéficient ainsi d’un repas entièrement gratuit, préparé par de fins gourmets. Le public est varié : enfants, adolescents et étudiants, personnes âgées, catholiques ou musulmans, bénévoles d’associations comme Lazare, le Secours Catholique ou le Rocher… « Nous avons eu à cœur d’accueillir tout le monde, sans distinction sur les confessions religieuses ou les situations de vie », explique à Aleteia Thibault Charpentier, organisateur du banquet pour le diocèse de Marseille. « Chacun a son lot d’épreuves. Nous voulions vraiment les recevoir pour qu’ils n’aient qu’à mettre les pieds sous la table. »
Les convives arrivent au compte-gouttes, et s’installent selon un code couleur qui les pousse à se mélanger. Sœur Marie-Jean, missionnaire de la Charité originaire d’Inde, est venue accompagnée d’un groupe de jeunes hommes immigrés, tous chrétiens. Plus loin, Constance, bénévole au Rocher pour la quatrième année, encadre un groupe de personnes prises en charge par l’association, essentiellement musulmanes. Pour elle, ce banquet "est un vrai moment de fraternité qui pousse à aller vers l’autre. Cette initiative a encore plus de sens lorsque l’on considère le message du pape François qui invite à la rencontre et au partage, et à ne pas se renfermer sur nous-mêmes."
Un menu solidaire
Au menu, un assortiment de mezzé (spécialité libanaise) cuisiné par la Marmite Joyeuse. Pour le plat, place à la traditionnelle bouillabaisse marseillaise du restaurant Le République. En dessert enfin, des gourmandises venues du Jardin du Cloître.
Du côté du République justement, on s’affaire dans la cuisine d’appoint placée sous une tente blanche. Céline, serveuse au restaurant, zigzague entre les tables pour s’assurer que tout est en ordre. « Nous sommes fiers de pouvoir faire bénéficier du même service que tout le monde aux personnes les plus démunies. C’est ce qui nous fait nous lever le matin et ce banquet est un bel accomplissement », sourit-elle. Les serveurs ne sont pas seuls : ils sont épaulés des scouts d’Europe et des scouts de France.
Valentin est chef de troupe de la 1ère Marseille. Il a emmené avec lui sa haute patrouille. Pour lui, c’est évidemment l’occasion de rendre service, mais aussi de faire découvrir le scoutisme aux participants. « Beaucoup de gens ne connaissent pas le scoutisme et ne sont pas catholiques. Notre présence, c’est à la fois un moyen de montrer l’existence et la beauté de ce mouvement, mais aussi d’évangéliser. C’est une façon concrète d’honorer notre promesse de servir notre prochain. » Avec son district, il se rend à la messe du Pape le samedi, au stade Vélodrome. « C’est un grand moment de savoir le Pape au milieu de ses brebis. On va pouvoir témoigner d’un scoutisme qui vit principalement grâce à l’Eglise. »
Un banquet fraternel
Sébastien Richard, chef cuisinier du République, ne cache pas sa joie. « Nous sommes ravis de voir enfin l’aboutissement de ce travail de plus de quatre mois », souffle-t-il entre deux services. « Bien sûr, je suis déçu que le Pape ne soit pas venu ce soir, reconnaît-il (il s’était murmuré que le pontife y ferait un passage éclair), mais le plus important, c’est cette joie que l’on ressent ce soir. Le principal est là ! », s’exclame-t-il en désignant les tablées.
Un constat que rejoint le frère Frédéric-Marie, franciscain parisien venu à Marseille pour la venue du Pape. « Ce qui fait que les pauvres se sentent vraiment aimés, ce n’est pas qu’on leur donne un sandwich. C’est vraiment la relation que l’on cherche à créer avec eux, par la rencontre, l’accueil. Je crois que c’est aussi ce que veut signifier le pape François : il y a quelque chose que l’on partage tous et que l’on se doit de célébrer joyeusement. Ce banquet est l’incarnation de ce message, qui est aussi celui du Christ. D’ailleurs, avant le sacrifice de la Croix, c’est autour d’un repas qu’Il a montré combien Il nous aimait. »