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“L’appel de la rencontre” : récit du pèlerinage mendiant de trois amis sur les pas de Thérèse

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Ambroise Vauquelin - publié le 01/09/23
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Trois jeunes amis ont réalisé cet été un pèlerinage mendiant de quelques jours sur les pas de sainte Thérèse de Lisieux. "Vivre de la Providence", "évangéliser" et "rencontrer Sainte Thérèse, la patronne des missions", voilà ce qui anime Pierre, Alma et Antoine. Découvrez la deuxième partie de ce récit, l'appel de la rencontre. (2/5)

Avant de s’enfoncer dans des chemins ombragés et sinueux à la lisière des champs, le trio s’arrête à Notre-Dame de la Couture, basilique majestueuse qui contient les statues de saints oubliés, comme Paty. L’occasion pour les pèlerins d’entamer une neuvaine sous l’intercession de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus vers laquelle ils se rendent. 

Sous un ciel clément, ensoleillé et frais, Pierre, Alma et Antoine avancent à un bon rythme en égrenant leur chapelet. Puis les discussions vont bon train : histoire, vie de saints, politique, intentions de prières, vie quotidienne, musique, leurs échanges font feu de tous bois avec une spontanéité déconcertante. 

Vers 17h, les estomacs se réveillent. L’effort fourni par les six jambes pour tracter les sacs à dos nécessite de l’énergie. La carte indique, non loin, le village de Grand-Camp. Abritant à peine quatre cents habitants, la bourgade semble idéale pour mendier un dîner et un toit. Une inquiétude naît chez Pierre : "Peu d’habitations autour de l’Église, la commune doit être étendue". Alma renchérit : "Et si personne ne nous accueille ?".

Un sexagénaire tond la pelouse autour de la première maison du hameau. Pour saluer l’arrivée de nos trois compères, son chien fond sur la grille et montre les crocs. "Ce ne sera pas ici", rassure Antoine. Le trio prie pour être accueilli par une personne dans le besoin, qu’ils pourraient réjouir et à qui ils rendraient service. Alma ajoute à sa demande au Bon Dieu "de la facilité dans la rencontre".

Accepter les merveilles

Quelques mètres plus loin, une dame âgée nettoie le bac de fleur au pied de sa maison des années cinquante. Vêtue de son tablier, armée de ses seules mains, elle arrache, enfonce et ramasse les végétaux qui semble attendre son œuvre bienfaitrice. Antoine l’alpague d’un "Bonjour madame !" qui ne provoque aucune réaction, puis réitère, plus fort. L’interlocutrice se redresse, se retourne, s’approche. "Bonjour madame, nous sommes pèlerins en route vers Lisieux et mendions un toit et un repas pour la nuit". 

Simone est bien désolée de ne pas avoir assez d’espace pour accueillir la troupe. S’engage une discussion sur la foi, la maladie et la région, à laquelle vient se joindre Claude, sa fille, qui s’arrête à ce moment-même en voiture, à la sortie de son travail. Les marcheurs passeront plus de trente minutes à recevoir leurs vies, composées d’aspirations et de douleurs. Ils notent avec soin les prénoms et les intentions de prières, offrent des médailles miraculeuses et s’orientent vers un nouveau cap : la maison de "Marie-Christine" qui les "accueillera peut-être".

Sa maison à colombage est solidement installée depuis le dix-septième siècle. Après l’âne Pompon qui les suit le long de sa clôture, un grand sourire accueille les trois amis. Cinq secondes d’hésitation - qui leur paraissent une éternité - ont été nécessaires au miracle. "Entrez ! Que voulez-vous boire ? Que voulez-vous dîner ?". Sans transition, Alma cuisine avec l’hôte des escalopes à la normande et une tarte aux pommes tandis que Pierre et Antoine désherbent l’allée principale. Ils sont désormais chez eux. La générosité de Marie-Christine ouvre grandes les portes de sa demeure de caractère. 

Vers 19h30, des voisins conviés pour l'occasion entrent pour l’apéritif. Ils resteront jusque tard pour discuter avec Marie-Christine et les pèlerins. La soirée se ponctue de rires, de spécialités locales, d’anecdotes, de témoignages, et se termine en une prière qui fera briller d’émotion certains yeux. 

Il s’est penché sur ses humbles servants

Au petit matin, après une nuit confortable, une douche et un petit déjeuner entouré de massifs de belles-de-nuit et de soleil, Alma, Antoine et Pierre partent. Les adieux sont difficiles et l’hôte semble ne pas vouloir les laisser. Eux seraient bien restés. Mais l’appel de la rencontre prend le dessus.

Une fois le portail franchi et les embrassades terminées, ils confient à la Vierge Marie leur hôte du jour, et les deux voisins conviés, comme pour rendre ce qui ne leur appartient pas. Dès le signe de croix clos, une exclamation retentit au milieu des pèlerins : "Quelle chance !", "nous avons été exaucés en tout ! Quelle facilité !". L’acte de Foi posé quelques heures plus tôt à l’arrivée à Grand Camp s’est accompli. L’Esprit saint a enveloppé d’amour leurs rencontres. Leur exaltation à tous trois traduit le début d’une conversion. Comme sainte Thérèse, ils semblent dire : "Tous mes petits désirs ont été réalisés". Leur pèlerinage forge déjà le pèlerin.

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