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Le voyage géopolitique du pape François en Mongolie

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Camille Dalmas - publié le 30/08/23
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Le pape François se rend en Mongolie du 31 août au 4 septembre. Cette destination peut apparaître comme étonnante mais s'avère en fait particulièrement stratégique pour la diplomatie du Saint-Siège.

Il y a sept siècles, le pape Innocent IV envoyait des représentants à Karakorum, capitale fondée par Gengis Khan, pour entrer en contact avec les chefs des hordes mongoles, dont les territoires s'étendent alors de la Hongrie jusqu'à la mer de Chine, et des terres de Sibérie jusqu'aux portes de l'Inde. Cet empire, le plus grand de l'histoire, a été depuis réduit à peau de chagrin : la Mongolie est aujourd'hui une enclave entre la Russie et la Chine, principalement constituée de steppes et, au nord, de taïga.

Mais même si l'époque des Khans est depuis longtemps révolue, son héritage demeure, et le pontife ne l'ignore certainement pas en se rendant à Oulan-Bator. La Chine, ces dernières années, a repris le flambeau en lançant son gargantuesque projet de nouvelles routes de la Soie. La Mongolie se trouve au cœur de ce nouvel axe de développement – qui s'appuie essentiellement sur l'exploitation de son riche sous-sol.

En se rendant en Mongolie du 31 août au 4 septembre, l'ambition première de cette visite papale en Mongolie est bien entendu de permettre à François de rencontrer le peuple et les 1.400 catholiques mongols. Mais le Pape n'ignore pas dans quel contexte régional la Mongolie se trouve, en particulier son emplacement stratégique, entre la Russie et la Chine, deux pays avec lesquels le Saint-Siège tente avec grande difficulté d'établir un dialogue constructif.

Pax mongolica

"La Mongolie est un pays qui a su, dans son histoire, promouvoir la paix, l’harmonie entre des populations d’origines différentes", soulignait d'ailleurs le cardinal-préfet d'Oulan-Bator Giorgio Marengo en 2022. Des valeurs partagées avec le christianisme que le pape devrait donc promouvoir pendant son voyage dans ce pays majoritairement bouddhiste, comme il l'avait fait auprès des musulmans du Kazakhstan en 2022.

Depuis Oulan-Bator, le Pape regardera probablement vers le sud, là où jadis les dynasties Tang, Song ou Ming ont construit la Grande Muraille afin de se protéger des invasions des Mongols. Même si aujourd'hui, c'est bien la Mongolie, extrêmement dépendante économiquement de son voisin, qui se retrouve sous l'influence de la puissance chinoise – ce qui explique sa volonté de diversifier ses partenariats ces dernières années.

Une présence aux portes de la Russie et de la Chine

Le responsable de la diplomatie vaticane Mgr Paul Richard Gallagher expliquait récemment que la Chine représentait "une sorte de nouvelle frontière pour l'avenir d'un monde de plus en plus globalisé". En renforçant sa place en Mongolie, tout comme dans d'autres nations frontalières (Vietnam, Kazakhstan ou Birmanie), le Saint-Siège propose une nouvelle forme de présence patiente aux portes de la Chine, avec laquelle il peine à faire appliquer les accords pastoraux sur la nomination des évêques votés en 2018, en l'absence de rapports diplomatiques.

Tout message envoyé depuis la Mongolie atteindra aussi le voisin russe, même si ce dernier y est aujourd'hui moins présent et influent qu'il ne l'était pendant la période soviétique. Le voyage du pape dans cette grande nation asiatique sera une opportunité pour le pape de lancer un nouvel appel en faveur de la paix en Ukraine sans apparaître comme "l'aumônier de l'Occident." 

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