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En Terre sainte, quand archéologie et foi se rejoignent

Le Saint-Sépulcre de Jérusalem.

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Valdemar de Vaux - publié le 26/08/23
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En Terre sainte, les lieux saints sont nombreux et l’archéologie s’attache à les étudier. Sans prouver pour autant qu’ils sont ceux que Jésus a connus, puisque là n’est pas son rôle. La foi, elle, prend appui sur ce savoir pour proclamer l’incarnation de Dieu.

Les relations entre la foi et la raison, sujet d’une des plus fameuses encycliques de Jean Paul II, Fides et Ratio, se déclinent dans tous les domaines du savoir scientifique. Faire un pèlerinage en Terre sainte invite par exemple à se poser la question du rapport entre l’archéologie, discipline scientifique, et la foi. Sur la terre foulée par Jésus lui-même, Dieu fait chair, nombreux sont les "lieux saints" et plus nombreux encore les pèlerins qui les visitent. Et qui sont, bien souvent, ragaillardis dans leur foi grâce à cette fréquentation. 

À vrai dire, "beaucoup de lieux saints sont vraisemblables, mais on ne pourra jamais prouver que ce sont les bons", explique le père Dominique-Marie. Ce dominicain, docteur en théologie et en archéologie, a vécu plus de dix ans à Jérusalem. S’il croit que le Saint-Sépulcre est le lieu de la mort et de la résurrection du Christ, si son travail archéologique rend cela raisonnable, il ne s’agit pas d’une certitude. "Selon les données aujourd’hui connues de la Jérusalem au temps du Christ, c’est le meilleur endroit possible", explique-t-il. Et, d’ailleurs, aucun autre lieu ne se prévaut d’avoir accueilli le Christ avec autant d’indices archéologiques.

Des lieux connus de sources directes

Depuis le IVe siècle, la plupart des grands lieux saints sont connus par des sources directes. Il y a donc trois siècles entre la mort de Jésus et leur reconstruction. Entre-temps, les révoltes juives fortement réprimées par Rome en 70 et 130 de notre ère ont donné lieu à de nombreux anéantissements. Mais jamais, durant ces périodes, les chrétiens ne sont partis de Jérusalem. Jusqu’en 130, les évêques de la ville sont même des hébreux, familiers de Jésus. 

Cette tradition orale, comme la difficulté d’imaginer que les chrétiens ne transmettaient pas, en même temps que leur foi, les lieux de la vie du Christ, rend vraisemblables la plupart des lieux saints hiérosolymitains. Est-ce d’ailleurs par hasard, ou par volonté de remplacer une foi par une autre, que l’empereur Hadrien, rebaptisant Jérusalem Aelia capitolina en 130, fit construire à l’emplacement actuel du Saint-Sépulcre un temple à Jupiter ?

Ce sont les circonstances qui ont créé le lieux saint.

En revanche, l’archéologie conteste la pertinence et la localisation de certains lieux saints. Il existe plusieurs lieux pour Emmaüs ou le martyre de saint Étienne. Le mont Thabor n’a sans doute pas été le cadre de la Transfiguration, un camp romain étant établi à cet endroit à l’époque de Jésus. Cela ne change pour autant pas la foi, ni son incarnation sur cette terre : "L’archéologie ne sera jamais une preuve, parce que la foi reste un don de Dieu, une grâce" rappelle le père Dominique-Marie, qui ajoute : "Ces sanctuaires n’obligent personne, dans aucun sens". 

Ce qui fait aussi la sainteté d’un lieu, c’est la prière des fidèles et l’insertion dans la culture chrétienne locale. En ce sens, même si l’archéologie est sceptique, prier au mon Thabor ou dans un lieu peu attesté est un appui pour la foi qui, puisque Dieu s’est fait chair, a besoin d’incarnation et de dévotion. Le chemin de croix est à ce titre exemplaire. Comme l’explique le prêtre archéologue, "ce sont les circonstances qui ont créé le lieux saint" dans ce cas. Nul chrétien ne conteste l’historicité de l’événement, mais il ne s’est probablement pas déroulé là où il est prié aujourd’hui. C’est l’obligation, faite par les autorités politiques de passer par là, qui est à l’origine du parcours. C’est surtout la prière de tant et tant de chrétiens depuis des siècles qui donne à cet itinéraire de produire de tels fruits spirituels.

[EN IMAGES] Ces possessions françaises en Terre sainte

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