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L’inquiétude est de mise au Niger après le coup d’État du 26 juillet. La situation politique de la capitale est trouble, les foules se rassemblant régulièrement à Niamey. Si ce pays de 22 millions d’habitants est presque exclusivement musulman, 2% de chrétiens y sont néanmoins recensés, essentiellement situés dans la région frontalière du Burkina Faso. Cette zone, dite 3zone des trois frontières » car commune au Niger, au Burkina et au Mali, est l’une de celles qui connaît le plus d’insécurité et d’attentats en Afrique. Si Boko Haram a disparu, ce sont d’autres organisations qui ont pris le relais, souvent avec les mêmes hommes et assurant le même contrôle du territoire. Il s’agit essentiellement d’actes de razzias : attaques de villages, destructions des biens, vols des richesses, rapts des jeunes femmes. Parce qu’elles sont des minorités à la fois religieuses et ethniques, les populations chrétiennes sont des cibles de premier choix pour ces attaques.
Accroissement des attaques
Depuis 2015, les violences à l’encontre des chrétiens se sont multipliées. Tout débute en janvier 2015. À la suite de la publication des caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo, des groupes musulmans attaquent les églises de Niamey. Le bilan est très lourd : plus de 80% des églises sont détruites, soit 45 bâtiments, et cinq chrétiens assassinés. Ces manifestations sont autant anti-chrétiennes qu’anti-françaises, le christianisme étant vu chez beaucoup de musulmans comme une religion étrangère et, surtout, comme la religion des Blancs et des Européens, ce qui renforce leur haine à son égard. Même si elles concernent essentiellement le Burkina, les razzias touchent aussi le Niger dans sa partie frontalière avec son voisin.
En juin 2021, ce sont les villages de Fantio et Dolbel qui sont attaqués. Le scénario est tristement banal : profanation et incendie de l’église, hommes abattus, objets cultuels détruits. Les femmes et les enfants n’ont alors d’autre choix que de fuir, ce qui provoque l’effet recherché, à savoir la déchristianisation de la région. Il s’agit aussi d’homogénéiser la population de la région de Niamey, les Touaregs étant majoritaires, mais en opposition avec d’autres peuples, tels les Peuls et les Haoussas. La compétition politique et ethnique passe aussi par la compétition religieuse : il s’agit d’imposer un islam pur qui est un islam identitaire. D’où la grande crainte des chrétiens.
La crainte des chrétiens
Dans ces émeutes qui visent la France et l’Occident, les chrétiens sont perçus comme des traîtres puisqu’adeptes de la religion de l’ennemi étranger. Au sein de la junte qui vient de prendre le contrôle de la capitale, de nombreux militaires appartiennent au mouvement sunnite Izala, très fortement opposé aux chrétiens. D’inspiration salafiste, le nom du mouvement est issu de l’arabe et signifie "éliminer". Son nom complet se traduit en français par "Société pour l’élimination de l’innovation et le rétablissement de la tradition". S’en prendre aux chrétiens, une minorité qui n’intéresse pas grand monde au Niger, pourrait être une habile façon politique d’éliminer des opposants idéologiques sans crainte d’émeutes et de conséquences négatives. Une façon à bas coût de créer de la solidité et de l’unité nationale. Une manière, aussi, de montrer son opposition à l’Occident en s’en prenant à des groupes que l’on classe comme alliés de celui-ci. D’où les craintes justifiées des chrétiens du Niger et leur attentisme à l’égard de la situation politique actuelle.