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Prier, c'est être tenu dans le regard d’amour de Jésus-Christ. L'homme serait perdu sans ce regard, comme l'exprime si bien Thomas a Kempis dans L'Imitation de Jésus Christ :
"Si vous me laissez à moi-même, que suis-je ? Rien qu’infirmité, mais dès que vous jetez un regard sur moi, à l’instant je deviens fort et je suis rempli d’une joie nouvelle." [Livre IIIe, chapitre 8]
Tout au long de son ministère, Jésus pose son regard sur les personnes qu’il rencontre. Les apôtres, la femme adultère, Zachée… Ainsi lorsque André amène son frère à Jésus, "Jésus posa son regard sur lui", puis déclara : "Tu t'appelleras Kèphas" (Jn 1,42). De même, avant d’encourager le jeune homme riche à vendre tous ses biens et à les donner aux pauvres, "Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima" (Mc 10,21). Alors que ses disciples sont de plus en plus déconcertés, se demandant qui peut être sauvé, "Jésus les regarde" (Mc 10,27). La conversion de Zachée aussi s'est initiée lorsque "Jésus leva les yeux" et s'adressa à lui (Lc 19,5). Même au début de sa Passion, lorsque Pierre nie le connaître, Jésus offre son salut par son regard : "Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre" (Lc 22,61).
Les effets spirituels du regard de Jésus sont illimités. Il élève, il encourage, il fait grandir et avancer, parce qu’il fait sentir qu’il aime. En faisant sentir son amour, il donne aussi le courage nécessaire pour le suivre. Ainsi, dans une homélie en 2013, le pape François rappelait : "Celui qui se laisse regarder par Jésus crucifié est re-créé, il devient une "nouvelle créature"".
Même les péchés de l’homme ne peuvent faire obstacle au regard transformateur de Jésus-Christ, comme l'affirme saint Ambroise (340-397) dans son hymne Aeterne rerum conditor : "Sous ton regard, nos faux pas cessent". Ce qui nous encourage à supplier avec le serviteur de Dieu mexicain, l'archevêque Luis Maria Martinez (1881-1956) :
"Ô Jésus, je te donnerais tout, même la vie, pour un seul regard de tes yeux. Regarde-moi maintenant ! Regarde-moi dans cet exil douloureux. Ô Jésus, l'âme n'oublie jamais ton premier regard d'amour et le recherchera jusqu'à ce qu'elle soit enveloppée au Ciel par ce regard incomparable qui exprime la plénitude de la perfection".
Saint Jean-Paul II avait dit lors des JMJ de 2004 : "Pour voir Jésus, il faut d’abord se laisser regarder par Lui !” Il faut laisser Jésus faire cela en premier car, comme le disait la philosophe Simone Weil, "la compassion et la gratitude descendent de Dieu, et quand elles s’échangent en un regard, Dieu est présent au point où les regards se rencontrent".