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[HOMÉLIE] Pour évangéliser, Dieu passe par l’épaisseur de notre humanité

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Icône melkite des saints Pierre et Paul.

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Erwan de Kermenguy - publié le 28/06/23
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Curé de la paroisse Notre-Dame de Tout-Remède en pays de Landerneau, le père Erwan de Kermenguy commente les lectures de la solennité de saints Pierre et Paul (Ac 12, 1-11 ; 2Tm 4, 6-8.17-18 ; Mt 13, 16-19). C’est Dieu qui est à l’œuvre dans l’évangélisation, mais celle-ci passe par chacun d’entre nous.

Nous connaissons bien cet évangile, où Jésus demande "Pour vous qui suis-je ?". Mais avez-vous retenu où l’histoire se déroule ? On est à Césarée de Philippe, une ville nouvelle, dédiée par le tétrarque Philippe à l’empereur César, au nord de la Galilée, que l’évangile appelle "Galilée des nations", à la frontière du Liban… bref, en plein monde païen, au carrefour des civilisations, au cœur du monde moderne de l’époque, bien loin de Jérusalem. Et c’est là que se pose l’interrogation sur l’identité de Jésus. Pour les gens, qui est le Christ ? Saint Pierre, qui donne cette réponse lumineuse ("Tu es le Fils du Dieu vivant"), saint Pierre va être la pierre de fondation de l’Église, chargée de faire connaître au monde païen, au monde moderne, à toutes les civilisations à venir, celui qui est le Fils de Dieu, Dieu fait homme.

C’est Dieu qui est l’œuvre

"L’Église existe pour évangéliser" écrivait saint Paul VI (Evangelii nuntiandi, n. 14). L’Église, fondée sur saint Pierre que nous fêtons aujourd’hui, n’a pas sa raison d’être en elle-même : elle doit être "canal de la grâce", dit encore Paul VI. Elle doit prolonger l’action du Christ dans le monde. Saint Paul, que nous fêtons en même temps que Pierre, écrivait à Timothée : le Seigneur "m’a rempli de force pour que par moi la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout" (2 Tm, 17). Il nous remet devant cette vérité élémentaire : l’évangélisation est l’œuvre de Dieu à travers l’humanité de l’Église. L'évangélisation, ce n'est pas notre œuvre, et son succès n’est pas à mettre à notre crédit… pas plus que son échec apparent ne doit pas nous plonger dans le désespoir. Car c’est Dieu qui est à l’œuvre. On le voit très nettement dans la première lecture, lorsque l’ange de Dieu vient libérer Pierre de sa prison. J’ai été touché de voir la sollicitude de l’ange, qui doit expliquer à Pierre comment s’habiller pour ne pas prendre froid en sortant de la prison.

Dieu seul connaît les reins et les cœurs. L’enjeu est d’être en attitude d’évangélisation. Dieu fera le reste.

"Mets ta ceinture", "mets tes sandales", "n’oublie pas ton manteau" (Ac 12, 8)… On a presque l’impression que Dieu materne son apôtre. C’est une expérience que beaucoup de missionnaires et d’évangélisateurs ont pu faire : Dieu nous accompagne de manière très concrète dans la mission. Et il veille, parfois avec beaucoup d’humour, aux détails matériels de celui qui se fie en sa Providence. Car c’est Dieu qui est à l’œuvre dans l’évangélisation. C’est donc lui que nous devons suivre et écouter.

Être présent dans le monde païen

Et pourtant cela passe par toute l’épaisseur de notre humanité. Le Seigneur m’a rempli de force pour que "par moi", l’évangile soit annoncé au monde, dit saint Paul. "Par moi"… par Pierre, Paul et tous les disciples qui avec eux cherchent à être disciples-missionnaires. Ces deux colonnes de l’Église que nous honorons aujourd’hui ont vécu la mission jusque dans leur chair. Ils ont connu la prison, les coups, la marche, les mauvaises nuits… ils ont eu à parler, devant des foules, dans des langues étrangères, sur les marchés et dans les tribunaux… "J’ai mené le bon combat", dit Paul (2Tm 4, 7). Non pas "j’ai fait beaucoup de disciples", "j’ai atteint mes objectifs"… car l’enjeu n’est pas le résultat visible… Dieu seul connaît les reins et les cœurs. L’enjeu est d’être en attitude d’évangélisation. Dieu fera le reste.

Aujourd’hui encore, l’Église existe pour évangéliser. Aujourd’hui encore, dans notre monde moderne, qui ne s’appelle plus Césarée de Philippe, nous avons à évangéliser. Ce n’est pas à Jérusalem qu’il faut revenir. Nous n’avons pas à nous enfermer entre nous au Cénacle (ou dans quelque lieux où les chrétiens pourraient se tenir au chaud à réentendre l’enseignement du Maître). Nous avons à parcourir le monde contemporain, dans les associations, les écoles, les partis politiques, les réseaux sociaux, la recherche scientifique, partout où il y a des hommes, nous avons à dire Jésus-Christ. L’Église doit être présente dans le monde païen. Mais elle ne peut l’être qu’en étant enracinée en Jésus-Christ. "Pour vous qui suis-je ?" La question nous est posée à nous encore aujourd’hui ? Si comme Pierre nous répondons : tu es le Fils de Dieu, alors nous n’avons pas le droit de nous taire.

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