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Alors que Jésus a été condamné à la mort la plus infamante et qu’il a expiré son dernier souffle sur la Croix, ses disciples sont dans l’effroi et dispersés comme un troupeau de brebis sans maître. Doutant de la résurrection pourtant annoncée par Jésus, le Seigneur leur apparaîtra plusieurs fois après le dimanche de Pâques. L’une de ces apparitions est décrite avec précision par l’évangéliste Jean en son chapitre 21 (1-14).
Ainsi, celui-ci précise que Pierre après les évènements de la Passion est retourné à son métier et part de nouveau avec six autres autres disciples à la pêche. Après une nuit de pêche infructueuse - ils n’avaient attrapé pas même un poisson - Jésus se trouva au lever du jour sur le rivage mais les disciples ne le reconnurent pas. Il leur dit alors : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le tirer, tellement il y avait de poissons. Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre entendit que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau ».
Un don divin symbolique
Ce texte est bouleversant à plus d’un titre. En premier lieu, la réitération de la pêche miraculeuse tout d’abord peut être entendue comme un rappel après la Passion en réponse au doute ressenti par les disciples. Mais ce miracle de la pêche se trouve doublé par l’apparition même du Christ après sa mort, une apparition qui ne peut que bouleverser plus encore les disciples dans leur foi éprouvée par les récents évènements. Le texte de Jean relatant cette seconde pêche miraculeuse se caractérise par sa grande précision, la mention symbolique des sept disciples, la nudité de Simon-Pierre, le nombre très précis de 153 poissons, le filet qui ne s’était pas déchiré… Ce sont à ces nombreux détails que nous pouvons distinguer cette seconde pêche de la première et que nous nous situons dès lors après la Passion…
Une préfiguration de la résurrection
Saint Augustin insistera sur ce symbolisme et soulignera la différence de sens entre les deux pêches et miracles de Jésus. Le nombre des sept disciples évoque pour le Père de L’Église la fin des temps et une référence implicite à la création du monde sur cette même durée. Alors que dans la première pêche, l’action se passe sur la mer, la mention du rivage pour la seconde symbolise également, pour lui, cette fin du monde. Cette seconde et ultime pêche viserait ainsi notre résurrection à la fin des temps alors que la première pêche mettrait pour sa part en évidence notre vocation sur cette terre. Le saint théologien insiste encore sur une différence déterminante entre les deux pêches miraculeuses. Pour la première, Jésus ne précisait pas l’endroit où jeter les filets, alors que pour la deuxième, il indique « à droite » ; une manière symbolique de relever que seuls les bons auront droit à la vie éternelle… Enfin, pour le chiffre énigmatique des 153 poissons, saint Jérôme rappelle qu’il s’agissait du nombre des différentes espèces connues de poisson à cette époque et estime qu’il symbolisait l’Église universelle…
Une lecture du peintre Gaspar de Crayer
Le peintre Gaspar de Crayer (1584-1669), grand maître de l’école flamande avec Jordaens, s’est saisi avec brio du thème de la pêche miraculeuse, plus précisément de cette seconde pêche relatée par saint Jean. Cette toile est aujourd’hui conservée au Palais des Beaux-Arts de Lille.
Jésus y est représenté debout sur la droite du tableau dans un grand manteau rouge symbolisant sa Passion, ce qui vient souligner qu’il s’agit bien de la seconde pêche miraculeuse. Analysant la composition de cette toile, nous pouvons relever que les lignes horizontales représentent les activités du quotidien – ici, le travail des pêcheurs triant le poisson – alors que les lignes verticales notamment le Christ et le mât de la barque - barque qui préfigure l’Église à venir - symbolisent quant à elles la dimension spirituelle et la transcendance de cette scène évocatrice.
Les regards à la fois inquiets et soumis des disciples contrastent également avec la posture du Christ offrant une sérénité bienveillante, la main droite dirigée vers les choses temporelles alors que sa main gauche s’élève vers les cieux…