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La force eucharistique

Ksiądz odprawiający Mszę unosi w dłoniach konsekrowaną hostię przed Komunią świętą
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Luc de Bellescize - publié le 04/05/23
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La parole du Christ qui donne son corps et son sang est dure à entendre. Cette dureté de l’amour eucharistique n’est pas agressive, explique le père Luc de Bellescize, mais elle contient une forme de combativité : le don de soi est un service qui demande de la force.

"Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’Homme, si vous ne buvez pas son Sang, vous n’aurez pas la vie en vous" (Jn 6, 53). Ces paroles ne peuvent être prononcées que par un dément, ou par un Dieu : le Corps livré, le Sang versé disent la violence d’un don total, qui va jusqu’à la mort. Quand je dis comme prêtre : "Ceci est mon Corps livré", je me demande toujours : "Dans quelle mesure ma vie est-elle vraiment donnée ?" N’ai-je pas trop gardé ma vie pour moi ? On peut courir le monde et remplir son agenda de réunions. La plupart sont stériles et ne font que brasser la vacuité des mots et la flatterie des égos. À force de faire trop de choses on finit "affairé sans rien faire" (2 Th 3, 11). Priez pour vos prêtres, qu’ils gardent jalousement leur vie intérieure et ne finissent pas comme des hamsters à courir derrière le temps, déchiquetés dans leur propre roue à force d’y tourner trop vite… 

"Cette Parole est dure à entendre"

"Manger la Chair, boire le Sang." Suite à ces propos, la foule se disperse : "Cette parole est trop dure." La communion commence par des divisions. Tant que le Christ change l’eau en vin, les hommes se rassemblent. Tant qu’il nous donne du pain et des jeux, nous serions prêts à élire n’importe quel bouffon pour le faire roi. Mettez une bonne bouteille sous une treille, et vous pourrez réconcilier un marxiste en grève avec le plus grand patron français, le temps de finir les verres. "Vous me suivez parce que vous avez mangé du pain et vous avez été rassasiés" (Jn 6, 26). Mais quand le Seigneur dévoile son Mystère, l’enthousiasme des débuts devient cendre. Le Christ ne veut pas l’unité à tout prix, il veut l’unité autour d’une parole "trop dure à entendre", qui ne peut nous maintenir dans la coalition mondaine de ceux qui s’assemblent parce qu’ils se ressemblent. Il faut soit partir, soit rester. Devant le réalisme eucharistique, Verum Corpus, chacun sent vaciller son cœur... Et le Christ se tourne vers ses apôtres : "Voulez-vous partir, vous aussi ?" L’Évangile se donne au risque de la liberté. De l’apôtre Pierre monta une Parole reçue du Père : "Seigneur, à qui irions-nous, tu as les Paroles de la Vie éternelle." 

Les hommes, où sont-ils ?

Il est de plus en plus difficile de dire une parole virile, rude. Trop d’hommes sont laminés et gominés, y compris dans l’Église. La théologienne Aline Lizotte observe : "Nous vivons dans une théologie très féminine." On exalte la miséricorde, le pardon, l’affectif. On a raison bien sûr, car notre Dieu est tendresse. Mais "le Christ est aussi le cavalier blanc de l’Apocalypse qui traverse l’histoire, une épée dans la bouche", il est "un dormeur qui s’éveille, un guerrier que le vin ragaillardit" dit le psaume (Ps 77). "Où sont les femmes ?" chantait la chanson. Que le Seigneur les bénisse, sentinelles de l’invisible, maîtresses de l’essentiel. Mais les hommes, où sont-ils ? 

La figure du père a cessé d’être un symbole positif pour devenir un signe d’oppression. "Où t’es papa où t’es" chante Stromae. Cela participe de la distance qui ne cesse de se creuser entre les traditions de l’islam et l’écrasement de toute tradition par la modernité. Trop d’hommes sont amputés d’eux-mêmes. "La virilité n’est plus une valeur en Occident", écrit Paul-François Paoli dans La Tyrannie de la faiblesse (Fr. Bourin Éditeur). Elle n’est pourtant pas l’agressivité, encore moins la vulgarité, mais le don de son corps pour devenir gardien de l’épouse dans la vulnérabilité de son enfantement, comme le Christ donna son Corps en source de Vie éternelle. Voilà ce qui conduit l’homme à son accomplissement, et la femme à porter la vie. On ne peut donner la vie que dans l’union au corps d’un autre. L’homme est une force qui doit s’incliner au rang de serviteur, afin de ne jamais tomber dans la brutalité de celui qui n’a jamais fait de sa puissance un service. La logique de l’amour d’un homme est eucharistique : "Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église et a donné sa vie pour elle" (Ep 5, 25).

Quand les grands saints parlent de l’Eucharistie :

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