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Il y a cinquante-cinq ans, un quotidien qui fut du soir titrait sur "la France qui s’ennuyait". Ceux qui écrivaient ces lignes et les publiaient n’avaient sans doute pas le sentiment alors d’être prophétiques, tout juste ressentaient-ils quelque chose de diffus et parvenaient à le nommer. L’extraordinaire, aujourd’hui, n’est pas de récidiver en écrivant de nouveau ces paroles. Non, l’extraordinaire est qu’elles ne soient pas prises au sérieux. Tant la réalité est palpable, tant elle transpire de toute part. Sentiment que tout est déjà écrit à défaut d’être joué, amertume de ne connaître d’émotions que virtuelles, profond agacement d’une ultra-protection hygiéniste et surtout, surtout, prise de conscience que notre société, quoiqu’elle en prétende, est toujours régie par le moralisme hypocrite et pharisien d’un XIXe siècle qui n’en finira jamais... D’une époque qui éleva le profit en règle sociale majeure et la civilité en rempart contre la vraie charité. Depuis, le veau d’or, même recouvert du velours cramoisi de nos hontes bues, demeure le maître qui sait se faire discret tout en tenant fermement sur son socle, d’ailleurs de plus en plus intouchable.
Fidèles à la justice
Il y eut un temps, à l’époque où l’emballement commença, où certains, patrons, syndicalistes, politiques, clercs, chrétiens pour la plupart ou marxistes pas encore envahis de la haine de classes, oui, il y eut un temps où des hommes et des femmes luttèrent pour tenter de contrer la voracité du moloch. Aujourd’hui encore, leurs successeurs continuent ce combat pour refuser que la lèpre de la spéculation et du profit cynique ne l’emporte sur le grand rêve christique. Ils cherchent à développer une économie solidaire, à lutter contre le mépris de l’autre. Ils s’efforcent de trouver les mots pour contrer les discours de recherche de boucs émissaires et tentent, à travers les contradictions dont nous sommes tous porteurs, d’être fidèles à ce mot si galvaudé par l’individualisme matérialiste : la justice.
Ils sont porteurs d’Espérance dans notre société où une majorité d’entre nous vit d’addiction en addiction, pour se consoler de ne pas savoir où trouver la lumière pour avancer et croire en un à-venir. Contrairement à hier, ceux-là ne sont pas forcément baptisés ni adeptes d’une idéologie politique. Ils essayent simplement d’être justes. Ils ne font pas de bruit, ne menacent ni n’excommunient. Ils travaillent, simplement, ils vivent.
Sonner le réveil
Ils mesurent que notre pays s’enlise aujourd’hui dans un ennui mortifère, une sorte de torpeur qui engourdit toute volonté et épuise toute force. Car ce n’est pas la moindre manifestation de la puissance Argent, que d’émasculer du cerveau toute volonté d’autonomie et d’assécher toute soif d’horizon nouveau. Les violences qui jaillissent, pulsionnelles et passionnelles, dès lors, sont inséparables de leur source car le Mal se dévore lui-même. S’il ne s’agissait que du scénario d’un film, nous pourrions nous contenter de jouir du spectacle et de commenter doctement les effets et les causes. Mais cette violence, qu’elle s’exerce dans la marchandisation de l’humain ou dans le surgissement de combats physiques, touche bien des êtres de chair et de sang. Elle les entraîne dans le tourbillon de la mort et de la destruction.
Et c’est bien pour cela qu’il faut sonner le réveil. Réveil des baptisés puisqu’ils ont reçu mission d’être des veilleurs.
Et c’est bien pour cela qu’il faut sonner le réveil. Réveil des baptisés puisqu’ils ont reçu mission d’être des veilleurs. Réveil des hommes et femmes de bonne volonté qui veulent exister en adultes, car nul n’est adulte s’il se contente de vivre pour lui-même. Réveil d’une jeunesse à qui l’on n’a pas encore cloué les paupières et qui exige de continuer à regarder au plus large, au plus lointain. Pour que le petit nombre de braves qui œuvrent ne soient plus seuls, et que se fasse entendre le désir de construire autrement notre monde, sans crainte du mépris des puissants et des ricanements des forts. Et que, dans la lumière pascale, il soit donné à chacun, selon ce qu’il en voudra comprendre, d’apercevoir quelqu’aspect d’un Jésus souvent défiguré et caricaturé, qui ne se laisse enfermer par aucune structure et se confie en nos mains humaines pour nourrir les affamés et désaltérer ceux qui ont soif.