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Faire un passage étroit comme le jour de la naissance d’un bébé, définit bien ce qu’est l’angoisse : un resserrement de l’âme, une panique, une perte de contrôle, une ignorance devant un danger, la boule au ventre, le nœud dans la gorge, la transpiration et le souffle qui s’affole. Jésus a connu cette angoisse qui confina à la sueur de sang au Jardin des Oliviers.
La mort procure souvent un tel sentiment dans l’agonie, qui est une nouvelle naissance passant par le canal étroit de l’angoisse. Déchainement des forces de mort contre la vie qui se prépare à l’horizon. Et pourtant le nourrisson est conduit par la sage-femme, Jésus s’est abandonné à son Père, nos anxiétés régulières se dissolvent dans des dénouements heureux.
Le remède subtil à l’angoisse me semble être la docilité. Docere en latin veut dire conduire et notre place est au passif, se laisser conduire par les mains choisies pour cela. L’enfant dans les bras de ses parents, Jésus dans les ailes de l’ange venu le secourir, nous-mêmes avec des parents ou amis. Parce que l’on ne connaît pas tout, il est plus sage de s’en remettre à qui de droit. Voilà le moyen qui demande d’abdiquer le contrôle et la maîtrise.
Parce que la meilleure chose à faire, quand on ne peut plus rien, est se laisser faire par d’autres. La docilité est une disposition naturelle à se laisser conduire, diriger, commander et justifie donc l’obéissance, vertu mal acceptée à notre époque.
"Soyez soumis les uns aux autres" (Ep 5, 21). Cette soumission fonde la docilité à son conjoint, la docilité réciproque dans un groupe, une communauté, faisant fondre les angoisses personnelles. Les chefs eux-mêmes vivent l’obéissance en étant soumis aux besoins de ceux dont ils sont responsables et finalement au Bien Commun. L’angoisse atteint la personne quand elle est seule.
Ainsi pour Jésus à Gethsémani parce que les apôtres dormaient. Le secours des autres et le fait de leur être dociles absorbe l’angoisse.
Par-dessus tout, se laisser faire par Dieu et se mettre dans la main d’un Dieu qui n’est pas un tyran mais un Père, surtout quand on ne comprend plus rien, constitue l’essentiel de la Foi exprimée dans la docilité. "Pas ce que je veux, mais ce que tu veux" (Mc 14, 36). Me voici pour faire ta volonté ! Alors même le bonheur peut commencer dans la joie d’obéir.