La crainte est un mélange de peur et de surprise. La crainte a quelque chose de plus intellectuel que la peur, elle est plus sensible, plus passionnée, plus spontanée. Elle s’oppose à la confiance. Ainsi on craint un bon maître mais on a peur d’un mauvais maître. On craint un danger connu et donc prévu, on a peur de l’inconnu. La crainte implique une réflexion et pousse à combattre, la peur suppose une faiblesse et incline à la fuite.
Au sens spirituel, craindre c’est le contraire du sens commun ! C’est une composante de la foi chrétienne qui consiste à adopter une attitude de respect et de soumission envers Dieu, à avoir confiance en sa sagesse, en sa puissance et en son amour. La crainte de Dieu, quand on se sait pécheur, pousse à la sagesse et à combattre nos imperfections, par amour de celui que l’on sert.
Voilà pourquoi le courage est l’antithèse de la peur et la suite de la crainte révérencielle. Le courage est la force d’assumer ses limites, dans la conscience de sa faiblesse et dans la durée, alors que l’audace se situe dans l’instant seulement. Est courageux celui qui perdure, qui sait rester fidèle contre les tentations, qui supporte des contraintes dans l’espérance. Voltaire disait que seuls les scélérats et les héros sont courageux, mais ils sont plus dans l’audace ou la témérité et dans l’extraordinaire, et pas toujours pour faire le bien. Il oublie que les courageux tiennent dans le temps et l’ordinaire de leurs situations, en face de la maladie ou de la mort.
Courage vient de cor, cœur, car c’est une vertu du cœur se situant dans l’être, l’audace étant plutôt dans le faire. Cultivons le courage, en passant par la connaissance de soi, car apprendre à mieux se connaître permet de mieux s'assumer, de savoir où l'on veut aller et de connaître ses propres limites. Puis apprivoisons la peur après l’avoir identifiée, nommée, fuyons l’imagination, écoutons la voix de la raison, multiplions les petits actes de courage pour devenir courageux.