Cette semaine, c’était la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), qui se termine ce dimanche 20 novembre. Comme chaque année, le monde médiatique braque un peu plus les projecteurs sur la situation des personnes handicapées dans le monde du travail. C’est l’occasion pour chaque entreprise de promouvoir ses politiques inclusives, et pour l’Etat de mettre en avant les progrès de notre société : le taux de chômage des personnes handicapées, à son plus bas niveau depuis 7 ans, atteint les 14 % cet automne.
Pas seulement une bonne action
Au cœur de la semaine a eu lieu le "Duo Day", opération qui permet à des milliers de personnes handicapées loin de l’emploi de passer une journée dans une entreprise ou un service public, en compagnie d’un salarié valide, afin de découvrir le monde du travail. Sur Twitter, à cette occasion, tous les ministres et personnalités politiques s’affichent avec leur binôme d’un jour. Si la dimension de communication ne fait pas de doute, cette opération créée il y a cinq ans produit des résultats de plus en plus incontestables : ces rencontres débouchent pour une part non négligeable sur une embauche en stage, CDD ou CDI.
L’impact positif des travailleurs handicapés sur la performance des entreprises est maintenant avéré.
Une "bonne action", l’embauche d’une personne handicapée dans l’entreprise ? Certes, mais pas seulement. Selon une étude menée par le Cercle Vulnérabilités et Société, think tank dévolu à la place de la fragilité dans nos sociétés, rendue publique le 17 novembre dernier, l’impact positif des travailleurs handicapés sur la performance des entreprises est maintenant avéré : sur la qualité produit, le volume d’activité, le niveau de productivité et la capacité d’innovation, les chiffres semblent indiquer que l’entreprise a tout à gagner à embaucher des personnes handicapées.
Une ressource à mettre en valeur
C’est là une donnée centrale, quoi que contre-intuitive : pour la plupart des entreprises qui n’embauchent pas de personnes handicapées, la perception est qu’elles risquent de constituer un frein à la productivité. De fait, cela explique que nombre de sociétés préfèrent payer une contribution à l’Agefiph plutôt qu’embaucher les 6% réglementaires. D’où un taux de d’embauche de 3,5% en moyenne, qui tend à stagner. En démontrant le caractère vertueux de cette embauche, le Cercle V&S contribue à modifier nos perceptions sociétales erronées.
Derrière l’obligation des 6% demeure le sentiment diffus que les travailleurs handicapés sont un poids.
Il est peut-être temps en effet de sortir d’un système qui manie trop le bâton et la contrainte. Car derrière l’obligation des 6% demeure le sentiment diffus que les travailleurs handicapés sont un poids à se partager sous peine d’amende, et non une ressource à mettre en valeur, pour le bien de tous. Partager cette conviction constituerait une révolution dans le monde économique, et une juste reconnaissance pour tant de personnes de la valeur de leurs efforts et de leur compétence.