Sous un soleil quasi estival, les foules affluent ce vendredi 28 octobre vers l’église Sainte-Bernadette, face à la grotte de Lourdes. Venues de leurs hôtels respectifs, bannière au vent et foulard coloré au cou, les communautés françaises et belges de Foi et Lumière rejoignent le lancement du pèlerinage des 50 ans de leur mouvement. Repoussé il y a un an pour cause de Covid, l’évènement rassemble en ce week-end précédent la Toussaint plus de 3.000 personnes, issues de 180 communautés, pour trois jours de célébrations, fêtes, spectacles… Des retrouvailles exaltées qui détonnent dans le paysage un peu morne du catholicisme français.
Des laboratoires d’inclusion
Plus d’un demi-siècle après sa fondation suite au pèlerinage de Pâques 1971, qui marque un tournant dans l’accueil des pèlerins handicapés à Lourdes, le mouvement démontre ainsi sa vitalité, malgré la double épreuve de ces dernières années : les révélations sur Jean Vanier, cofondateur avec Marie-Hélène Mathieu ; et les confinements successifs de 2020 et 2021, qui ont particulièrement affecté un mouvement qui repose sur la rencontre et la convivialité, et vise à briser la solitude… Pour beaucoup de communautés, rester en lien a été un défi compliqué à relever. Mais à voir la joie de ce pèlerinage, l’enthousiasme est toujours au rendez-vous, comme une petite résurrection après des temps douloureux.
Communautés de rencontre entre des personnes porteuses d’un handicap mental, leurs familles, et des "amis" non concernés qui souhaitent se faire proche, les groupes Foi et Lumière sont bien implantés dans de nombreux diocèses et paroisses. Malgré le vieillissement de certaines communautés, le mouvement montre à Lourdes un visage jeune, avec un certain nombre de familles avec enfants.
Elles proposent notamment un accompagnement spirituel adapté, et sont comme des laboratoires d’inclusion pour les paroisses, avec un vrai savoir-faire en matière d’animation liturgique, de convivialité et de partage.
Si elles ont été fondées dans un contexte où il existait peu de propositions pour les personnes handicapées mentales, dans la société en général et dans l’Église en particulier, les communautés conservent leur pertinence aujourd’hui où le sujet est beaucoup plus investi : elles proposent notamment un accompagnement spirituel adapté, et sont comme des laboratoires d’inclusion pour les paroisses, avec un vrai savoir-faire en matière d’animation liturgique, de convivialité et de partage.
Se recentrer sur l’essentiel
C’est pourquoi on notera comme un clin d’œil de la Providence que cet anniversaire de Foi et Lumière précède de trois jours l’assemblée plénière des évêques dans le sanctuaire marial, alors que le scandale des abus continue d’ébranler l’institution ecclésiale… La proximité avec les plus fragiles ne pourrait-elle pas permettre à l’Église de se recentrer sur l’essentiel, et pourquoi pas, de renaître de ses cendres ? C’est en tout cas ce qu’a suggéré pendant le pèlerinage le diacre André Haurine, aumônier national du mouvement qui a interpellé les évêques présents : "L’Église a besoin de Foi et Lumière ! Notre souhait c’est que chacun, tel qu’il est, constitue l’Église d’aujourd’hui et de demain." À bon entendeur…