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Un rescapé du crash dans les Andes témoigne : “Dans les montagnes, j’ai rencontré un Dieu bon”

ANDES

Le 13 octobre 1972, un avion de l’armée uruguayenne transportant une équipe de rugby s’écrasait dans la Cordillère des Andes.

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Pablo Cesio - Cécile Séveirac - publié le 17/10/22
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Le 13 octobre 1972, l’avion transportant l’équipe de rugby uruguayenne s’abîmait dans les Andes. Retour sur ce drame particulièrement douloureux, au cœur de vives polémiques, qui a en parallèle suscité de véritables conversions.

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L’Enfer sur terre, c’est ce qu’ont vécu les passagers du vol 571, le 13 octobre 1972. Alors que  les joueurs de l’équipe de rugby uruguayenne, les "Old Christians", accompagnés de leurs familles respectives, embarquent à bord du Fairchild FH-227 D pour le Chili, l’impensable se produit. L’avion disparaît soudainement des radars, après avoir heurté le pic d’une montagne, s’écrasant dans la neige des glaciers à près de 4.000 mètres d’altitude. Seuls 16 passagers survivront au total sur 45, après s’être battus deux mois contre la mort, au prix de décisions et de sacrifices inimaginables.  

Deux d’entre eux, dont Gustavo Zerbino, risquent leur vie en descendant de la montagne dans un froid extrême pour aller chercher du secours, les recherches ayant été interrompues car infructueuses après dix jours. Sentant la colère et le désespoir le gagner, Gustavo sent malgré tout le soutien inébranlable de Dieu. Sa conception de la foi en est transformée : "J’ai eu une vision différente de Dieu, que je voyais comme essentiellement punitif depuis petit", raconte-t-il à Aleteia. "Dans les montagnes, j’ai rencontré un Dieu bon, qui m’a accompagné, soutenu. Il était amour". Avant de descendre, Gustavo met toute son énergie à essayer de sauver les blessés graves, en pansant et soignant avec les moyens du bord. "Au rugby, les gros, les grands, les petits, les lents, les rapides doivent jouer un rôle. Là, c’est moi qui devais être médecin, qui devais aller chercher de l’aide, j'avais de nombreux rôles. Comme tout le monde."

La nécrophagie pour survivre

Au bout de plusieurs semaines, certains choisissent de recourir à l'anthropophagie, plus exactement à la nécrophagie pour se nourrir, après avoir essayé d’ingurgiter jusqu'à des ceintures en cuir. D’autres, incapables de se résoudre à pareille transgression, se laissent mourir de faim. "Nous prîmes alors cette terrible décision : pour pouvoir survivre, nous allions devoir franchir tous les obstacles, qu’ils soient d’ordre religieux ou biologique", a expliqué l’un des rescapés à l’époque. 

Tous sont catholiques et expliqueront que c’est la foi qui leur a permis non seulement de survivre, mais aussi de surmonter les conséquences psychologiques d’un tel drame.

Ce choix génère évidemment son lot de polémiques, de critiques et de jugements. D’autant que les survivants le justifient à l’époque en faisant référence au sacrifice du Christ sur la croix pour le salut de l’humanité, et à l’institution de l’Eucharistie la veille de sa Passion. Bref, ça ne passe pas. Dans le même temps, la résilience de ces jeunes gens — tous étaient âgés d’une vingtaine d'années à l’exception d’un père de famille de 36 ans —, interpelle et questionne. Tous sont catholiques et expliqueront que c’est la foi qui leur a permis non seulement de survivre, mais aussi de surmonter les conséquences psychologiques d’un tel drame. Finalement, l’Église catholique tranche : le pape Paul VI les absout.

URUGUAY

50 ans après, une messe au sommet

50 ans après ces événements plus que tragiques, le père Diego Maria est contacté par l’un des réchappés pour retourner sur les lieux du drame. Accompagnant Gustavo Zerbino et sa famille, il gravit la montagne dans une démarche pèlerine, et une fois le sommet atteint, y célèbre la messe à la mémoire des disparus. "J'ai prié pour chacune des personnes qui sont mortes là-bas, dans cette chaîne de montagnes" explique le prêtre. Une fois arrivés sur les lieux, une partie de l’avion est utilisée pour servir d’autel. Gustavo Zerbino a également transporté avec lui de l’herbe provenant du terrain de rugby d’Uruguay où il jouait avec ses camarades. Père de 6 enfants, Zerbino a conservé une foi ardente malgré la violence des événements subis. Il entretient une dévotion profonde, notamment pour la Vierge de Guadalupe dont sa fille cadette porte d’ailleurs le nom. 

URUGUAY

Le pape François a lui-même réagi à cette commémoration par une lettre en date du 10 octobre, dans laquelle il a notamment appelé à prier pour les proches des morts, et avec une attention toute particulière pour les mères de ceux qui sont décédés dans le crash. Le Pape a également exprimé sa reconnaissance pour le témoignage donné par les joueurs de rugby, "où la douleur et l'incompréhension de ce qui a été vécu se transforme, pour beaucoup, en signe de vie et d'espérance."

Comment trouver Dieu dans toute cette souffrance ? s’interroge-t-on. "Il faut se souvenir que le Christ ressuscité et pèlerin connaît tout de nos souffrances et s’y associe entièrement. Les larmes déposées entre ses mains nous donnent l’assurance de la résurrection qui nous réunira tous", explique le père Diego Maria. "Nous sommes revenus en très grand état de grâce de la Cordillère. Nous étions dans un état d’acceptation. Lorsque vous refusez d’accepter la réalité, vous souffrez. Là-bas, nous avons appris que peu importe combien nous pleurions, fulminions, nous allions continuer à avoir froid, faim. Mieux valait l’accepter et s’abandonner à Dieu."

L’un des rescapés du crash, Nando Parrado, avait publié en 2006 un livre intitulé Le miracle dans les Andes. Miracle qui ne porte en réalité pas tant sur la survie de ces 16 hommes, mais sur la persistance de leur foi après l’inconcevable. Une foi à déplacer les montagnes. 

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