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Voilà une exception dont seule la liturgie catholique a le secret. La fête du Précieux Sang est célébrée le 1er juillet comme une solennité dans la seule église de Toutes-les-Nations de Gethsémani. Au pied du mont des Oliviers, face à la Vieille ville de Jérusalem, les franciscains qui gardent le lieu saint vénèrent ce jour-là le sang transpiré par le Seigneur lors de son agonie.
Après la Cène, alors qu’il attend son arrestation et demande à ses disciples de veiller, le Christ se tourne vers le Père : "Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre." (Lc 22, 44). Le troisième évangéliste est le seul à rapporter ce détail. Comme médecin, il est peut-être le mieux à même de comprendre que l’angoisse extrême peut conduire à un tel phénomène physiologique.
Le sang de l'agonie annonce celui de la Croix
La tradition a gardé de cet épisode de la Passion une trace : une pierre, dite de l’agonie. La basilique de Gethsémani a ainsi été construite de sorte que l’autel se trouve en surplomb devant le rocher sacré sur lequel Jésus versa son sang, c’est-à-dire sa vie entière. Librement, le Christ choisit de mourir pour la rémission des péchés, s’accordant à la volonté du Père. Ce sang de l’agonie est ainsi comme l’annonce de celui de la Croix.
Pour incarner ce sang versé, parce que la liturgie est un acte du cœur uni au corps, les Franciscains, au début de la messe solennelle, répandent sur la pierre des pétales de rose rouge. Un geste qui rend l’acte du Christ vivant aux yeux de tous. En tout cas des fidèles qui ont la joie d’assister à cette messe unique. Dans l’Église universelle, en effet, le Précieux sang est fêté depuis 1969 avec le Corps du Christ le jour de la solennité du Saint-Sacrement. Une manière de mieux unifier le sacrifice du Seigneur, en son corps et en son sang, livré et versé sur le gibet.
"Le sang, c’est la vie" (Dt 12, 23) est-il dit dans l’Ancien Testament. Honorer le Précieux sang, c’est donc avant tout mettre en avant la miséricorde d’un Dieu qui donne sa vie, non pour un goût morbide d’effusion de sang, mais parce que le sacrifice du Fils est la source de vie divine à laquelle tous les hommes peuvent s’abreuver. Une réalité exprimée dans l’oraison prononcée devant le rocher de l’agonie en ce 1er juillet : "Seigneur, toi qui par le sang précieux de ton Fils a racheté tous les hommes, garde en nous l’œuvre de ta miséricorde, afin qu’en célébrant ces saints mystères nous obtenions les fruits de notre rédemption."