1Voir son enfant
Même si cela peut sembler douloureux, voir son enfant après l’accouchement peut être une manière de lui dire au revoir, de mettre un visage sur ce bébé que l’on attendait. "Il arrive que le personnel soignant, lors de ces deuils périnataux, soit un peu dérouté. Le bébé qui nait sans vie est parfois impressionnant à voir et les soignants ne poussent pas forcément les parents à le rencontrer car ils trouvent ça trop douloureux. Ils projettent sur les parents leur propre peur", explique Pascaline Chazerans, sage-femme depuis plus de 10 ans. "Je me souviens pourtant d’une maman qui avait souhaité voir son enfant après l’accouchement. Quand elle s’est approchée, elle l’a touché et a tout de suite trouvé qu’il ressemblait à son grand-père. Elle avait vu son bébé avec son cœur de maman, avec ces yeux de maman que moi, je n’avais pas. C’était très touchant", se souvient-elle.
2Garder un souvenir
Aujourd’hui, dans la plupart des maternités, le corps médical propose de garder une trace d'un bébé né sans vie. Ainsi, après l’accouchement, des photos du bébé sont prises et mises dans son dossier. Celui-ci est gardé à l’hôpital et consultable par les parents quand ils le souhaitent. Marie, maman de deux petits bébés nés trop tôt, confie à Aleteia : "Nous avons perdu notre premier petit garçon il y a dix ans et à l’époque, nous n’avions pas eu le courage de voir notre fils. Savoir qu’il y avait ces photos nous a toujours permis de nous dire que nous pourrions changer d’avis et voir notre fils si nous le souhaitions." La sage-femme fait également des petites empreintes du pied et de la main et les remet aux parents : cela permet de laisser un joli et doux souvenir du bébé.
3Lui donner un prénom
Donner un prénom à son enfant né sans vie est une belle démarche car cela permet une réelle reconnaissance de l’enfant. En le nommant, on le fait exister : ce bébé était bien présent dans le ventre de sa mère et malgré sa courte vie, il a existé. C’est une belle idée pour ne pas oublier et parfois faire réaliser à la famille proche que ce bébé était bien une réalité pour les parents. Pour les frères et sœurs, s’il y en a, c’est aussi un beau moyen de leur parler de ce bébé qu’ils n’ont pas connu. Cela leur permet de nommer ce frère ou cette sœur et de le considérer comme un membre de la famille à part entière.
4L’inscrire sur le livret de famille
En plus de lui donner un prénom, certaines familles décident d’inscrire leur bébé sur le livret de famille. En effet depuis 2008, l’enfant né sans vie peut y être inscrit. Il n’y a aucune obligation mais cela permet, pour certains parents, symboliquement, d’accueillir ce petit être dans leur famille. C’est une grande avancée dans la prise en compte de ces enfants par la société. Cela permet de reconnaître la douleur de la famille en lui permettant de faire son deuil. Depuis fin 2021, les parents peuvent également donner leur nom de famille à leur bébé. Cela n’était pas possible jusque-là.
5Organiser des funérailles
"Lors de la perte de notre premier bébé, notre médecin, tout en nous laissant parfaitement le choix, nous a conseillé de ne pas faire de funérailles car ce serait trop douloureux. Pourtant, il n’était pas question que nous laissions notre bébé à l’hôpital. Nous avions besoin de savoir où il était et de pouvoir aller le « voir » quand nous le souhaitions", confie Marie. En effet, même si toute la logistique qu’implique l’organisation d’un enterrement peut paraître très douloureuse, organiser des funérailles permet pourtant de dire un réel « à Dieu » à son enfant et permet aux parents de commencer leur deuil. Confier son enfant, toute la famille et sa douleur à Dieu, permet de voir cette perte comme moins terrible, moins abyssale. "Enterrer son enfant permet aussi aux frères et sœurs de faire leur deuil. Cela peut paraitre difficile pour des enfants mais il est important pour eux aussi de pouvoir dire A dieu à leur frère ou leur sœur. Et finalement, les enfants voient cela comme un au revoir et vivent cela de manière beaucoup plus simple que les adultes."
Pascaline Chazerans explique encore que "certains parents profitent des funérailles pour glisser dans le cercueil du bébé une petite couverture, un petit doudou. C’est un geste symbolique mais cela est important pour les parents qui, avec ce geste, prennent soin de leur enfant."
6Parcourir un chemin de consolation
Lorsque l’on perd un être cher, qui plus est un enfant, le maître mot pour que la douleur se dissipe, c’est le temps. Pour faire son deuil, il faut du temps, c’est une évidence et il faut en avoir conscience. Il faut accepter de prendre le temps. Pour chaque personne, le chemin sera plus ou moins long. Pour certains, ce sera « rapide », pour d'autres beaucoup plus long. Les choses ne se vivent d’ailleurs pas de la même façon entre le père et la mère. La mère a vécu cela dans sa chair, c’est physique. Pour le père c’est différent. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il souffre moins.
Ce qui compte, c’est d’arriver à dire au revoir à cet enfant que l’on attendait. Parfois, il est compliqué d’y arriver seul et se faire aider par une tierce personne peut être une bonne solution.
Il existe aujourd’hui des associations pour aider ces parents à faire leur deuil. L’association Mère de Miséricorde par exemple propose des weekends, des sessions pour accompagner les personnes ayant perdu un enfant. Par des groupes de paroles, des gestes concrets, des temps de prières, les accompagnateurs de ces sessions soutiennent les parents qui ont des difficultés à surmonter leur douleur. Les parents peuvent profiter d’une écoute attentive, sans jugement.
Cette association propose également un "chemin de consolation" à la Sainte Baume qui permet aux parents qui le désirent de faire apposer une plaque portant une date et le prénom de leur enfant non né. Des gestes forts qui aident à faire le deuil de son enfant.