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"Les Ukrainiens ne sont pas un peuple écrasé, bien au contraire. C’est un peuple debout, qui fait face, qui aide ceux qui sont le plus en souffrance." En déplacement en Ukraine du 27 au 30 avril, le directeur général de l'Œuvre d'Orient, Mgr Pascal Gollnisch, s'est rendu auprès de la communauté gréco-catholique d’Ukraine mais aussi au plus près des populations, dans des centres de réfugiés et des hôpitaux.
Aleteia: Vous êtes en Ukraine pour trois jours, pourquoi un tel voyage ?
Mgr Gollnish: L’Œuvre d’Orient que je représente travaille avec l’Ukraine depuis 1920 ! Autant vous dire que nous avons des liens très forts avec les Ukrainiens et que nous les accompagnons depuis toujours, que ce soit en temps de paix ou en temps de guerre comme en ce moment. Notre présence sur place nous permet de leur apporter notre soutien, et de nous rendre compte de ce dont ils ont besoin.
Il s’agit en effet d’une guerre de destruction, avec une grande sauvagerie et une cruauté incroyable, j’en suis très marqué.
Qu’avez-vous pu voir sur place ?
Nous sommes allés à Lviv, dans l’ouest du pays, une ville relativement épargnée, même s'il y a eu des bombardements et que les sirènes retentissent encore régulièrement. Nous nous sommes rendus dans différents lieux : des centres de réfugiés, des hôpitaux et chez des habitants. Les Ukrainiens sont très mobilisés pour accueillir les déplacés, beaucoup de femmes et d'enfants qui viennent de l’Est notamment. J'ai également été frappé par le nombre de militaires blessés qui arrivent, et dont les blessures sont impressionnantes. Certains sont défigurés, estropiés, on se croirait à l’époque de la seconde guerre mondiale, c’est bouleversant.
Comment sentez-vous les Ukrainiens que vous avez croisés ?
Ce n’est pas du tout un peuple écrasé, bien au contraire. C’est un peuple debout, qui fait face, qui aide ceux qui sont le plus en souffrance. C’est aussi un peuple qui souffre de cette injustice tragique. Il s’agit en effet d’une guerre de destruction, avec une grande sauvagerie et une cruauté incroyable, j’en suis très marqué. Cette guerre barbare semble être d’un autre temps. Mais les Ukrainiens puisent dans leur foi le courage de faire face, et ils vivent spirituellement les souffrances infligées.
Dans vos bagages, vous avez emmené une statue de la Vierge de la rue du Bac. Pourquoi ?
Tout d’abord car nous sommes très proches des sœurs de la charité géographiquement à Paris : les bureaux de l'Œuvre d'Orient sont tout près de la rue du Bac. Et puis nous menons beaucoup d’actions avec les sœurs en Orient. J'ai donc emporté une statue prise chez les sœurs, et j’ai traversé la frontière avec. Vendredi 29 avril au matin, à l’issue de la messe à l’Université catholique de Lviv, je l’ai donné à la communauté chrétienne présente, en leur racontant l’histoire de la rue du bac.
La connaissaient -ils ?
Non, très peu, mais ils ont été très touchés d’autant que la Vierge a une grande place dans leur cœur. En Ukraine, le mois de mai est suivi comme un mois marial, avec de nombreux pèlerinages, particulièrement au sanctuaire de Zarvanytsya. Par ailleurs, à l’Œuvre d’Orient, nous avons découvert, un peu par hasard, que dans les sanctuaires de Lisieux et de Lourdes, en France il y a des autels dédiés à l’Ukraine, sans doute un hommage et une union de prière avec l’Eglise gréco-catholique souterraine pendant les années d’oppression. Marie est donc très présente dans le cœur des Ukrainiens.